La pièce de l’irlandais Sebastian Barry mêle l’histoire de deux femmes pionnières du 19ème siècle interprétées par Catherine Hiegel et Juliette Plumecocq-Mech. La mise en scène de Julie Brochen ne parvient pas à décoder toutes les subtilités de l’écriture malgré la présence de ces deux grandes comédiennes.
Le texte de Sebastian Barry permet de s’intéresser à deux très forts caractères méconnus en France. D’un côté Florence Nightingale (1820-1910) interprété par Juliette Plumecocq-Mech et de l’autre James Miranda Barry (1789 ou 99 – 1865) sous les traits de Catherine Hiegel. Florence Nightingale a été une des pionnières du féminisme en Angleterre. Cette infirmière a révélé les atrocités de la guerre de Crimée en 1854 en se rendant sur le front en Turquie. Elle y décrira la négligence dans le traitement des malades laissés à l’abandon (l’un des passages les plus émouvants du spectacle). C’est une icône en Angleterre. Un musée lui est consacré à Londres et on peut admirer sa statue à Waterloo place sur le Mémorial de la guerre de Crimée. Face à elle un personnage plus ambiguë James Miranda Barry. Née femme – on présume que son vrai nom est Bulkeley – elle se fait passer pour un homme afin d’être admise à l’Université d’Édimbourg pour pouvoir y étudier la médecine. On ne découvrira sa véritable identité qu’à sa mort en 1865. C’est donc cette rencontre improbable qui sert de matière théâtrale.
Durant les quarante premières minutes du spectacle, chaque comédienne évoque des instants de la vie de leur personnage, sans se regarder. Ce sont deux monologues qui se superposent. Sur une scénographie réussie – des voilages rappelant les salles d’hôpitaux – des projections vidéos d’Alexandre Gavras soulignent les propos à l’aide de documents d’archives. Mais le dispositif a tendance à noyer le propos de la pièce. Il fait diversion. On se perd dans le récit de ces deux femmes, sans vraiment s’accrocher à leur histoire. Et par moments sans comprendre certains passages de leur vie.
Et puis arrive le point de rupture, la tragique description de la guerre de Crimée par Juliette Plumecocq-Mech. Cette comédienne issue du Théâtre du Soleil et proche de Christophe Rauck (vue récemment dans Cassé) nous saisit. Elle échange ensuite un premier regard avec Catherine Hiegel. Les deux femmes brisent la vitre, et cette rencontre improbable devient enfin dialogue. La vie de ses deux femmes pionnières et combattantes à leur manière devient alors plus explicite. Le vrai mérite du spectacle aura été de nous donner envie de nous plonger dans la biographie de ses deux femmes d’exception.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Whistling Psyche
De Sebastian Barry
Mise en scène Julie Brochen assistée de David Martins
Traduction de l’anglais (Irlande) Isabelle Famchon
Vidéo Alexandre Gavras
Scénographie Julie Brochen en collaboration avec César Godefroy*
Lumières César Godefroy*
Dramaturgie Thomas Pondevie*
Costumes Elisabeth Kinderstuth
Coiffures, maquillage Catherine Nicolas
* élèves du Groupe 41 de l’Ecole du TNS
Avec
Catherine Hiegel Docteur Barry
Juliette Plumecocq-Mech Miss Nightingale
et David Martins, comédien de la troupe du TNS
Production Théâtre National de Strasbourg
Les décors et les costumes ont été réalisés par les ateliers du TNS.
Salle Gignoux
Du jeudi 10 janvier au samedi 2 février 2013
Du mardi au samedi à 20h, les dimanches à 16h
Relâche les lundis et dimanche 13 janvier
Théâtre Gérard Philipe – CDN de Saint-Denis
Du lundi 11 février au dimanche 3 mars 2013
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !