La chorégraphe flamande Lisa Vereertbrugghen pulse avec quatre autres danseuses sur la techno hardcore pour revendiquer l’en commun rendu possible par l’espace du dancefloor.
Qui a dit que la techno hardcore était une pratique individuelle ? Pas Lisa Vereertbrugghen. En 2019, on découvrait la chorégraphe flamande fan de gabber dans le solo Softcore — A Hardcore Encounter, lancée à 200 battement par minute dans un nuage de fumée. Une plongée dans une atmosphère intense et irréelle où la relation émotionnelle entre son corps et la musique jaillissait. Avec While we are here, la danseuse invite quatre interprètes à la rejoindre sur scène pour partager un moment de danse collective joyeuse, où l’univers du club s’entrelace à celui du bal trad.
Sur la scène transformée en piste de danse, une femme habillée en short et top moulant noir fait son entrée à coups de petits pas glissés. D’autres la rejoignent, se répartissent dans l’espace, bien calées sur le beat. Ce casting 100% féminin exécute en apparence le même mouvement – tenant leur buste bien droit, s’accompagnant de temps à autres par des mouvements de bras – mais le résultat diffère entre chaque danseuse. Chaque corps teinte le geste de son approche singulière, rigide pour certains, chaloupé pour d’autres. Si chacune est concentrée et emportée par sa propre danse, elles se regardent toutefois d’un bout à l’autre de l’espace, complices.
Alors que le rythme s’accélère, elles se rapprochent, forment des duos, des rondes, passent les uns à côté des autres en quinconce, tapent de la main l’intérieur de leur pied en pliant la jambe ou esquissent des petits sauts, des déplacement et gestes qui font écho à des danses traditionnelles. Créant des liens entre différents lieux de socialisation dansée, While we are here fait l’effet d’une traversée dans le temps, oscillant entre le bal, la rave et la boîte de nuit. Alors qu’elles nous adressent des regards appuyés ou dansent face à la salle – une proximité rendue possible grâce à l’espace quadrifrontal – elles incluent aussi le public dans leur élan. Une manière de revendiquer la dimension politique du dancefloor : un espace d’expression de soi, d’émancipation, qui permet aussi de se soutenir et de faire communauté.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
While we are here
Concept et chorégraphie : Lisa VereertbrugghenInterprétation et co-création : Claire Godsmark, Dolores Hulan, Taka Shamoto, Eimi Leggett, Castélie Yalombo Lilonge, Lisa Vereertbrugghen
Dramaturgie : Simon Baetens, Sophie Guisset
Conseil artistique : Madison Bycroft
Son : Michael Langeder
Lumière : Vera Martins
Costumes : Cee Fülleman
Chanson : Lisa Vereertbrugghen, Michaela Riener
folk expert : Aurélie Giet
Production : CAMPO
Technique : Babette Poncelet, Korneel Coessens
Coproduction : Concertgebouw, KAAP, Kunstenwerkplaats KWP, STUK Arts Centre, ICI – CCN Montpellier, Kunstencentrum BUDA, BIT teatergarasjen, Perpodium
Avec le soutien du tax shelter du Gouvernement fédéral belge via uFund, du Gouvernement flamand & de la Commission de la Communauté flamande
Durée : 50 minutes
Festival de Marseille
Mucem – Place d’Armes du Fort Saint-Jean
23 et 24 juin 2024
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