Au festival d’Avignon la belge Lisbeth Gruwez ose avec We’re Pretty Fuckin’Far From Okay un duo comme une montée de stress. Glaçant.
« Il y a de l’espoir dans cette pièce, mais on ne sait pas encore dans quelle mesure c’est noir ou porteur… d’espoir » dit, non sans distance, Lisbeth Gruwez à propos We’re Pretty Fuckin’Far From Okay. Pour sa première invitation à Avignon, l’ancienne danseuse de Jan Fabre, chorégraphe depuis une dizaine d’années déjà, ne fait pas dans la demie mesure. En fait We’re Pretty Fuckin’Far From Okay est du genre anxiogène avec son tandem de solistes en plein doute : sur une paire de chaises, leurs mouvements contraints par on ne sait quelle menace, Lisbeth Gruwez et Nicolas Vladyslav jouent une partition réglée au cordeau ; peur de l’autre ou de soi-même, gestuelle protectrice, accélération progressive pour finir dans un bouquet de mouvements comme en cut-up.
L’artiste a travaillé tout autant sur le vocabulaire des gestes à l’œuvre dans le cinéma de Hitchcok que sur les peurs contemporaines. Autant dire une matière inépuisable en ces temps troublés. Le début de We’re Pretty Fuckin’Far From Okay saisit d’ailleurs le public à froid -à moins que ce ne soit la climatisation du Gymnase Paul Giéra! On ne sait sur quel pied danser pour tout dire : avec une pièce comme AH/HA on entrait dans le vif du sujet dès les premières minutes ici la tension va peu à peu monter d’un cran. Car cette peur qui paralyse souvent les mouvements va, selon Lisbeth Gruwez, libérer les corps : on assiste à un ballet mécanique d’une incroyable virtuosité sans effet autre que le souffle -coupé ?- et la sueur. « J’aime bien commencer une pièce de façon assez froide et conceptuelle » dit encore Gruwez dans le programme « pour enfin descendre de la tête jusqu’au ventre (en passant par les poumons) ». Pour cette plongée en apnée, prenez votre souffle : We’re Pretty Fuckin’Far From Okay risque de vous emporter très loin.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
We’re pretty fuckin’ far from okay
Conception et chorégraphie Lisbeth Gruwez
Composition et son Maarten Van Cauwenberghe
Lumière Harry Cole, Caroline Mathieu
Dramaturgie Bart Van den Eynde
Scénographie Marie Szernovisz
Costumes Véronique Branquinho
Avec Lisbeth Gruwez, Nicolas Vladyslav
Production Voetvolk
Coproduction Festival d’Avignon, La Bâtie Festival de Genève, KVS Bruxelles, Le Phare Centre chorégraphique national du Havre Normandie, Theater Im Pumpenhaus, Les Brigittines Bruxelles, Tandem Arras-Douai, Weimar Kunstfest, Troubleyn|Jan Fabre, MA scène nationale – Pays de Montbéliard
Résidences Troubleyn|Jan Fabre, Buda Kunstencentrum, Stuk, Les Brigittines
Avec le soutien de Nona, de la Comission communautaire flamande, de la Fondation BNP Paribas, du gouvernement de la Flandre et Ville d’Anvers
Durée : 1h10Avignon 2016
Gymnase Paul Giéra
Du 18 au 24 juillet sauf le 22 à 18h30
– les 30 et 31 août 2016 au Weimar
Kunstfest (Allemagne)
– les 3 et 4 septembre à La Bâtie Festival
de Genève (Suisse)
– du 28 au 30 septembre à l’Usine C
de Montréal (Canada)
– les 9 et 10 février 2017 au KVS Bruxelles
(Belgique)
– du 14 au 16 février au Kunstencentrum
NONA de Malines (Belgique)
– le 7 mars au Centre culturel de Bruges
(Belgique)
– du 9 au 11 mars aux Brigittines Bruxelles
(Belgique)
– du 15 au 17 mars au Campo Kunsten
centrum de Gand (Belgique)
– le 22 mars au Centre culturel de Werft
à Geel (Belgique)
– le 23 mars au Centre culturel de Spil
à Roulers (Belgique)
– le 24 mars au Centre culturel de Velinx
à Tongres (Belgique)
– le 27 mars à Espaces Pluriels de Pau
– le 29 mars au Stuk Kunstencentrum
de Louvain (Belgique)
– le 31 mars au Centre culturel De Grote
Post d’Ostende (Belgique)
– les 21 et 22 avril au Teatro Central
de Séville (Espagne)
– le 20 mai au Toneelhuis d’Anvers
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