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Un Œdipe copieux et cérémonieux

À la une, A voir, Les critiques, Opéra, Paris
Elisa Haberer

photo Elisa Haberer

Quasiment pas représenté depuis sa création à Paris, l’Œdipe d’Enesco renaît sur la scène de l’Opéra Bastille dans une mise en scène essentiellement décorative de Wajdi Mouawad. Un joli spectacle à regarder mais surtout à écouter pour sa somptuosité musicale finement restituée par le chef Ingo Metzmacher.

Depuis sa création en 1936, la tragédie lyrique du compositeur roumain Georges Enesco, inspirée d’ Œdipe roi et d’Œdipe à Colone de Sophocle n’avait quasiment pas revu la scène de l’Opéra de Paris. Sous la battue à mains nues de Ingo Metzmacher, sans fioriture, tout en souplesse presque dansante et extatique, l’œuvre déploie son lyrisme puissant et envoûtant, fait s’épanouir toute sa luxuriance sonore parfois abrupte mais qui n’exclut pas pour autant quelques beaux moments chambristes. Certes long et un tantinet grandiloquent, l’ouvrage peut se montrer faillible en terme d’intensité dramatique mais recèle d’une beauté bigarrée enivrante et stimulante pour l’auditeur qui le découvre ou redécouvre. Il faut noter qu’Enesco a composé son unique opéra en y mettant une passion foudroyante et une franche humanité. De part ses dimensions fleuves et le concours d’une distribution pléthorique, son Œdipe se veut comme une œuvre hors normes.

Cette apparente monumentalité ne saurait effrayer Wajdi Mouawad qui au théâtre a monté tout Sophocle et se fait le signataire d’odyssées contemporaines de haute volée largement nourries de tragédies antiques. Lui-même dramaturge, le metteur en scène axe son travail autant sur quelques trouvailles visuelles que sur la force du récit qu’il cherche à rendre le plus intelligible possible. Sa réalisation s’attache donc avant tout à la lisibilité du mythe qu’elle narre. De manière pratique, en intégrant les surtitres au décors, et de façon dramaturgique. Car, si l’œuvre relate la vie d’Œdipe de sa naissance jusqu’à sa mort, Wajdi Mouawad remonte encore plus loin le fil des origines à l’occasion d’un prologue ajouté dans lequel se laissent voir et entendre l’horrifique action de Laïos (le viol d’un enfant) et la malédiction d’Apollon.

Lorsque sonne le prélude, se succèdent l’accouchement de Jocaste, la présentation au peuple du royal enfant puis son baptême dans les eaux de Dircé. Force processions, offrandes à foison, sacrifice d’esclave émaillent la cérémonie menée par le grand prêtre qu’interprète Laurent Naouri avec hiératisme et solennité. En grande pompe, se succèdent des cortèges de choristes chapeautés de coiffes florales aux couleurs printanières. Plus tard, alors que la peste s’abat sur une Thèbes infestée et qu’Œdipe lutte inexorablement avec son destin prophétisé, ces couvre-chefs ne seront plus que débris de bois mort.

En multipliant des tableaux imagés mais un brin trop figés, le travail scénique oscille entre symbolisme et matérialité, entre crépuscule et solarité, entre liesse et déploration, entre tonalité épique et dépouillement funèbre. La mise en scène se veut sobre mais largement cérémoniée. Inégalement captivante, parfois redondante, la représentation pâtit d’un manque de force spectaculaire comme c’est le cas lors de l’involontaire parricide. Plus inspirée est l’apparition de la Sphinge formidablement incarnée par Clémentine Margaine sortant de son ténébreux abyme circulaire.

Le chœur, omniprésent, et les nombreux solistes se montrent tout à fait satisfaisant et confondant de noblesse tragique. Christopher Maltman se distingue évidemment. Comme à Salzbourg en 2018, il prouve qu’il est un titulaire très charismatique du rôle-titre. Véritable colosse sombre et tourmenté, il impose dans son chant et son jeu autant de puissance que de fragilité. Exilé et errant, à l’issue d’un long et éprouvant périple, son Œdipe finit drapé à l’antique, les yeux non pas maculé de sang mais d’une poussière dorée, dans les eaux d’un immense bassin cathartique.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Œdipe
Tragédie lyrique en quatre actes et six tableaux

Livret :
Edmond Fleg

Musique :
Georges Enesco – (1881-1955)

Direction musicale :
Ingo Metzmacher

Cheffe des Chœurs :
Ching-Lien Wu

Mise en scène :
Wajdi Mouawad

Décors :
Emmanuel Clolus

Costumes :
Emmanuelle Thomas

Maquillage, coiffures :
Cécile Kretschmar

Eclairages :
Éric Champoux

Dramaturgie :
Charlotte Farcet

Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris
Maîtrise des Hauts-de-Seine / Choeur d’enfants de l’Opéra national de Paris

Distribution

Œdipe :
Christopher Maltman

Tirésias :
Clive Bayley

Créon :
Brian Mulligan

Le berger :
Vincent Ordonneau

Le grand prêtre :
Laurent Naouri

Phorbas / Le Veilleur :
Nicolas Cavallier

Thésée :
Adrian Timpau

Laïos :
Yann Beuron

Jocaste :
Ekaterina Gubanova

La Sphinge :
Clémentine Margaine

Antigone :
Anna-Sophie Neher

Mérope :
Anne Sofie von Otter

Une Thébaine :
Daniela Entcheva

Durée : 3h05 avec entracte

Opéra Bastille
du 20 septembre au 14 octobre 2021

27 septembre 2021/par Christophe Candoni
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