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Ma Forêt fantôme, entre douceur et douleur

A voir, Les critiques, Paris, Théâtre

© Corinne Marianne Pontoir

Au théâtre de Belleville, Vincent Dussart adapte le texte de Denis Lachaud Ma forêt fantôme avec une flamboyante douceur dans une proposition subtile et équilibrée.

Vincent Dussart entame le deuxième opus de son cycle “Les fantômes de l’intime” en se penchant sur les années sida. Le texte de Denis Lachaud, publié en 2003 aux éditions Actes sud théâtre, a été retravaillé à la marge pour encrer la tragédie d’une génération dans l’ère actuelle. Après sa création en 2021, “Ma forêt fantôme” est accueilli au théâtre de Belleville et rend un tendre hommage aux victimes du Sida. La prise en compte de l’épidémie de VIH en France a marqué la vie du metteur en scène : « je me souviens de ces années comme celles qui faisaient se côtoyer la peur de la mort, et la célébration de la vie » écrit Vincent Dussart.

Jean aime Nicolas. Dans les années 80, leurs premiers proches meurent d’une étrange maladie alors inconnue : le Sida. Très vite Jean est déclaré séropositif. Nicolas, lui, en mourra. Comme nombre de leurs amis. Suzanne est la soeur de Jean. Elle se marie à Paul, qui sera emporté par Alzheimer. Autre terrible maladie, autre lente tragédie. Le frère et la soeur traversent ainsi leurs deuils respectifs côte à côte en s’étreignant maladroitement. La mort les accompagne et les rapproche dans la douleur, pendant que pleuvent autour d’eux les victimes du Sida. Au milieu de tous ces décès, Jean se retrouve seul, honteux d’être encore en vie, survivant miraculé d’une hécatombe. L’arbre qui cache la forêt de fantômes.

Sur scène, les silhouettes des vivants et des morts évoluent, hagards, se meuvent sans se toucher, dansent dans le passé, avance en marche arrière, sous le travail chorégraphique ciselé de France Hervé. La pièce est construite en miroir: au centre, l’annonce de la séropositivité de Nicolas. Autour de ce point névralgique s’étirent sans fin les dernières années de vie des deux malades. Alzheimer progresse tandis que la recherche sur le VIH patauge. “C’est comment de perdre ses yeux ? Et toi, c’est comment de griller ses neurones ? C’est désopilant”. Au dessus d’eux, un lustre composé de fleurs en tissu les surplombe, comme pour une funeste cérémonie.

Un cinquième personnage accompagne ce quatuor torturé, incarné par Patrice Gallet, flamboyant en oiseau de mauvais augure. Sa grande carcasse dégingandée perchée sur de hauts talons accompagne la tragédie familiale à la guitare et au chant. Mi-ange, mi-faune, il console, rassure, mène vers la mort, docile et sinistre. Sa voix de crooner porte haut celle d’une génération sacrifiée sous les feux du Sida.

Devant ces trajectoires macabres, on s’interroge d’abord, dubitatif face à ces corps qui ne se touchent pas, à ces malades qui ne souffrent pas, aux chairs évoquées qui n’apparaissent jamais. Deux mondes se regardent sans se rencontrer : les quatre personnages d’un côté, l’ange déchu de l’autre. Mais au milieu de la pièce un point de bascule apparaît, la mort surgit et l’alchimie opère. Les barrières tombent dans cette famille où l’on ne sait pas bien se prendre dans les bras. Et l’amour triomphe finalement. On sort de “Ma forêt fantôme” accompagné de la marque laissée par une longue étreinte, rassurante, tendre et chaude.

Fanny Imbert – www.sceneweb.fr

Ma forêt fantôme

Texte : Denis Lachaud
Mise en scène : Vincent Dussart
Avec : Gautier Boxebeld, Xavier Czapla, Sylvie Debrun, Patrice Gallet, et Patrick Larzille
Scénographie, costumes & lumières : Anthony Pastor & Rose-Marie Servenay
Chorégraphie : France Hervé
Musique : Patrice Gallet
Régie générale : Quentin Régnier

Production : Compagnie de l’Arcade
Coproduction : Le Mail Scène Culturelle, Soissons (02) Le Théâtre de Roanne (42) Le Palace, Montataire (60) avec le soutien du Siroco (76), de l’Adami et de La Spedidam.

Durée • 1h25

Au théâtre de Belleville
Du 9 au 30 avril 2023
lundi 19h
mardi 21h15
dimanche 17h

13 avril 2023/par Fanny Imbert
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