Jusqu’au 20 août, le Lucernaire accueille le nouveau « seul en scène » de Logan de Carvalho écrit par Vincent Dedienne et Anaïs Harté. Un spectacle où le comédien revient sur ses origines et la rupture opérée avec la communauté gitane dont sa mère est issue. Présenté comme « le seul spectacle jamais fait sur le monde gitan » (formule caricaturale), il ne mérite pas qu’on s’y attarde.
Le 19 juillet 2008, la sœur de Logan de Carvalho est enlevée par son futur mari, comme c’est l’usage chez les « gens du voyage ». Quand le grand frère apprend cela, il est catastrophé, souhaitant mieux pour sa sœur qu’une vie nomade avec un homme qui ne la respectera pas. Afin d’accepter la décision irrévocable de l’amoureuse, il va à la rencontre de la famille du futur mari. Cette rencontre, Logan de Carvalho la décrit pendant la majeure partie du spectacle.
Malheureusement, rien ne se tient. Juxtaposant anecdotes sur sa vie à Paris et rencontre avec des gitans « pur jus », le comédien souffre d’un texte qui ne se tient pas, va dans une direction puis rebrousse chemin pour aller dans une autre et finalement faire se cohabiter des situations presque similaires. Ce brouillon tente de faire rire et de toucher le public par une histoire singulière qui n’apporte rien de neuf à ce que tout un chacun peut s’imaginer des communautés gitanes : ici, ce sont des voleurs (mais c’est pas grave), ils sont violents (mais c’est pas grave), ils ont des comportements dangereux (mais c’est pas grave, on doit en rire).
Les moments où Logan de Carvalho singe les déboires d’un jeune comédien perdu dans cet univers dont il n’est qu’à moitié issu ont un potentiel comique. Mais son imitation de l’accent des gitans qu’il rencontre (et qu’il passe la majeure partie du spectacle à dépeindre) tient plus du québécois un peu brutal que de l’authentique manouche, ce qui provoque une certaine gêne dans le public. Difficile d’entendre le propos de celui qui se sent concerné alors qu’il ne parvient même pas à parler « comme eux ». De ce fait, l’aspect politiquement correct qui autorise implicitement chaque membre de communauté à tourner son propre groupe ethnique en dérision ne s’applique pas ici. Et encore, si ça avait été drôle…
Hadrien Volle – www.sceneweb.fr
Logan de CARVALHO
Un seul-en-scène écrit et interprété par Logan De Carvalho
CO-ÉCRITURE VINCENT DEDIENNE ET ANAÏS HARTÉ
MISE EN SCÈNE : GABRIEL LECHEVALIER
Avec : LOGAN DE CARVALHO
LUMIÈRE ET SCÉNOGRAPHIE : LUCIE JOLIOT
PRODUCTION : ROBIN&CO ET ID PRODUCTION
CORÉALISATION : THÉÂTRE LUCERNAIRE, LIEU PARTENAIRE DE LA SAISON ÉGALITÉ 3 INITIÉE PAR HF ÎLE-DE-FRANCE
Durée : 1h20Comédie de Saint-Etienne
du 20/11/18
au 27/11/18
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