Il y a des théâtres qui ont la mémoire à vif, des acteurs qui ne sont jamais très loin, sous la carapace des textes à dire, de puiser dans leurs propres réminiscences, dans les propres traumatismes de leur famille. Le théâtre chilien, toujours hanté par les fantômes de la dictature, est de ceux-là.
Au centre du plateau, rien que de très rassurant : une maquette sous globe. La maquette d’une jolie maison, jolie sans ostentation avec son portique, son jardin. Une maison qui n’existe plus : les militaires, pour effacer les traces, l’ont détruite quand Pinochet s’en est allé. Car c’est là, dans cette Villa Grimaldi, que furent torturés et exécutés, des centaines d’opposants à la dictature. Alors, autour de la maquette, trois femmes discutent : faut-il la reconstruire pour en faire un lieu de mémoire ? Un musée ? Vaut-il mieux laisser le jardin retourner aux ronces et le lieu à l’oubli ? Ce débat a réellement agité la société chilienne. L’agite encore : les défenseurs des droits de l’Homme s’opposent sur le sujet. Le débat n’est pas que chilien tant la guerre, sous toutes les latitudes, apporte son lot d’horreurs et la question : comment faire pour ne pas oublier ? Toute la puissance de ce théâtre documentaire est dans ce point d’interrogation.
Villa
de Guillermo Calderón
Avec : Francisca Lewin, Macarena Zamudio, Carla RomeroAssistanat à la direction, production : María Paz González
Scénographie : María Fernanda VidelaVilla est une coproduction de la Fondation Festival Internacional Teatro a Mi
Théâtre La Vignette
dans le cadre du Printemps des Comédiens
31 mai et 1er juin 2024
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