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Via Injabulo : le pantsula tend les deux mains

A voir, Danse, Festival d'Avignon, Les critiques
Amala Dianor monte Via Injabulo au Festival d'Avignon 2022
Amala Dianor monte Via Injabulo au Festival d'Avignon 2022

Photo Christophe Raynaud de Lage

En invitant les chorégraphes Marco da Silva Ferreira et Amala Dianor à créer un spectacle avec eux, les danseurs de la compagnie Via Katlehong poursuivent avec bonheur leur mouvement de métissage de leurs cultures sud-africaines, notamment celle du township, le pantsula. Dans la bicéphale Via Injabulo présentée au Festival d’Avignon, elles se frottent aux cultures urbaines.

Lorsqu’ils entrent sur la scène de la Cour minérale à Avignon, les huit interprètes de Via Injabulo de la compagnie sud-africaine Via Katlehong font comme si c’était la première fois. Ils jaugent la façade de pierre qui doit leur servir de fond de scène, avancent prudemment sur le sol blanc, nu. Il ne leur faut pas longtemps, toutefois, une minute peut-être, pour s’approprier l’espace : quelques-uns s’assoient, d’autres s’appuient sur une épaule amie… Les voilà chez eux. En ouvrant le spectacle par la mise en scène de ce très court temps de latence, le chorégraphe portugais Marco Da Silva Ferreira exprime probablement autant ses propres questions que celles des artistes qu’il dirige dans la première partie du spectacle Via Injabulo, intitulée førm Inførms. Peut-être est-ce sa manière de formuler ses peurs, ses doutes face à l’invitation de la compagnie, également adressée au chorégraphe français Amala Dianor, à créer un spectacle avec elle.

De même qu’Amala Dianor, Marco Da Silva Ferreira n’avait, avant d’accepter la proposition de Via Katlehong, aucune connaissance de l’Afrique du Sud, ni de ses danses. Il n’était pas non plus proche de communautés sud-africaines au Portugal. « Je me suis a priori senti sans ressource pour construire un récit suffisamment évocateur de ce qui nous réunissait », exprime le chorégraphe dans sa note d’intention. Loin de ne faire que se mettre au service d’artistes venus d’ailleurs en lançant leurs invitations – ce qu’ils ont déjà fait à plusieurs reprises depuis la création de la compagnie en 1992 à Johannesburg, notamment avec Grégory Maqoma pour le fameux spectacle Via Kanana, et Christian Rizzo –, les Via Katlehong provoquent chez leurs chorégraphes un déplacement passionnant. Composer avec des danses intimement liées à l’histoire de l’Afrique du Sud, notamment au mouvement de lutte contre l’Apartheid, ne se fait pas innocemment.

Marco da Silva Ferreira et Amala Dianor font tous les deux de cette responsabilité, des questions éthiques et esthétiques qu’elle pose, une partie intégrante de leur chorégraphie. Chez le premier, cela est ténu. Cela repose essentiellement sur les regards qu’échangent, parfois, entre eux les interprètes, faisant comprendre par là qu’ils sortent de leurs pratiques habituelles, qu’ils interrogent leur geste au moment même où ils l’exécutent. Les ruptures permanentes de la partition, où duos et solos ne cessent d’être chassés par des danses collectives, participent de la même impression. Chez Amala Dianor, qui titre sa partie Emaphakathini, le métissage et ses enjeux sont formulés plus explicitement. Dans une adresse directe et une ambiance boîte de nuit, l’un des danseurs nous montre les bases du pantsula – danse sociale et contestataire née dans les années 1960-70 dans les townships d’Afrique du Sud pour dénoncer, entre autres, la corruption – autour duquel Via Katlehong a construit son identité. Il est stoppé dans son élan par un confrère : « Amala nous a dit de commencer comme ça », dit-il en entamant un roulement d’épaules aux accents hip hop bientôt adopté par ses camarades.

Dans les deux cas, le métissage opère. Avec Marco da Silva Ferreira, il se traduit par une énergie proche de celle du rituel, par une intensité sensible, mais contenue. Ce qui n’est pas le cas chez Amala Dianor : d’emblée, dans Emaphakathini, les danseurs font tout ce qu’il est d’usage pour mettre la salle en feu. Les deux courtes pièces font ainsi davantage que se succéder : elles forment un ensemble, une sorte de dialogue qui s’essaie à des formes différentes avec une joie communicative – le titre de la pièce, Via Injabulo, signifie d’ailleurs « avec de la joie » –, sans chercher à s’arrêter sur une seule. La danse du squelette imaginée par Marco da Silva Ferreira dans sa pièce Brother (2015), dans laquelle « on pouvait imaginer des corps, dotés de leur squelette, qui dansaient et formaient des figures osseuses et aigues », se mêlent dans sa proposition aux pas effrénés du pantsula, jusqu’à presque se confondre avec eux.

Ces jeux de jambes très caractéristiques sont toujours au cœur de la partie d’Amala Dianor. Ils se mêlent cette fois au vocabulaire urbain tirant vers le contemporain que développe le chorégraphe au sein de sa compagnie, toujours en quête d’altérité. L’évidence des deux rencontres qui fondent Via Injabulo tient en partie au fait que les chorégraphes invités nourrissent leur travail de langages divers. Elle s’inscrit aussi très logiquement dans l’histoire de la compagnie sud-africaine, qui, après des débuts centrés sur le pantsula, s’est ouverte à d’autres danses traditionnelles issues des cultures xhosa, zulu, sotho, ou encore à la gumboot dance, danse des mineurs. Avec Via Injabulo, le pantsula poursuit son beau dialogue avec le monde.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

Via Injabulo

førm Inførms
Direction de la compagnie Via Katlehong Buru Mohlabane et Steven Faleni
Chorégraphie Marco da Silva Ferreira
Avec Thulisile Binda, Julia Burnham, Katleho Lekhula, Lungile Mahlangu, Tshepo Mohlabane, Kgadi Motsoane, Thato Qofela, Abel Vilakazi
Musique Jonathan Uliel Saldanha
Lumière Cárin Geada 

Emaphakathini
Direction de la compagnie Via Katlehong Buru Mohlabane et Steven Faleni
Chorégraphie Amala Dianor
Avec Thulisile Binda, Julia Burnham, Katleho Lekhula, Lungile Mahlangu, Tshepo Mohlabane, Kgadi Motsoane, Thato Qofela, Abel Vilakazi
Lumière Cárin Geada

Production Via Katlehong Dance, Damien Valette Prod
Coproduction Chaillot Théâtre National de la Danse (Paris), Théâtre de la Ville (Paris), Maison de la Danse (Lyon), Festival DDD – Teatro Municipal do Porto, Festival d’Avignon, Le Grand T – Théâtre de Loire Atlantique (Nantes), Maison des Arts de Créteil , Espace 1789 – Scène conventionnée danse de Saint-Ouen
Avec le soutien de la Saison France-Portugal 2022, Institut français d’Afrique du Sud, Centre culturel Camões à Paris
Avec l’aide de RFI et de la ville d’Ekurhuleni (Afrique du Sud)
En partenariat avec France Médias Monde

Durée : 1h15 (entracte compris)

Festival d’Avignon 2022
Cour Minérale
du 10 au 17 juillet

10 au 11 septembre 2022
Festival La Bâtie (Genève, Suisse)

16 et 17 septembre
Teatro Municipal Do Porto (Portugal)

21 septembre
I Teatri di Reggio Emilia (Italie)

24 septembre
Théâtre Louis-Aragon, Tremblay-en-France

27 septembre
Opéra de Dijon

1er octobre
Espace Michel Simon, Noisy-le-Grand

6 au 9 octobre
Chaillot-Théâtre national de la danse

12 octobre
Scène nationale d’Albi

15 octobre
ThéâtredelaCité (Toulouse)

18 au 21 octobre
Maison de la Danse (Lyon)

28 et 29 octobre
fabrik Potsdam (Berlin, Allemagne)

10 novembre
L’Espal, Scène nationale du Mans

17 au 19 novembre
Le Quartz, Scène nationale de Brest

22 novembre
L’Avant Seine Théâtre de Colombes

24 au 26 novembre
Maison des Arts de Créteil

29 novembre
Château Rouge (Annemasse)

1 et 2 décembre
MC2: (Grenoble)

6 et 7 décembre
Bonlieu Scène nationale Annecy

9 décembre
La Comète, Scène nationale de Châlons-en-Champagne

14 et 15 décembre,
Grand Théâtre de Luxembourg
à 22h

12 juillet 2022/par Anaïs Heluin
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