C’est une actrice atypique sur la scène européenne. Vanessa Van Durme est actuellement en tournée avec Avant que j’oublie, spectacle de la Comédie de Valence, mis en scène par Richard Brunel. A 66 ans, cette comédienne belge, née à Gand a choisi de vivre en France, en Ardèche. Elle revient sur des spectacles qui ont marqué sa carrière et sur sa transsexualité.
Est-ce qu’il s’agit d’un texte autobiographique ?
Non c’est de la fiction. Ma mère ne souffrait pas de la maladie d’Alzheimer. Mais je voulais parler de cette maladie atroce car quand on perd sa mémoire on perd sa vie. Et je voulais aussi parler de la relation tendue entre deux femmes. La fille vient visiter sa mère à la maison de retraite. Elle vient pour avoir des réponses sur certaines questions, mais c’est trop tard parce que la mère ne se souvient de rien. La fille est une femme transsexuelle, elle a été rejetée par sa mère. Elle vient tous les dimanches lui apporter des fleurs, elle pense que c’est son autre fils. Il y a de la tendresse car à la fin la fille pardonne et c’est merveilleux de pouvoir le faire, car sinon c’est invivable. Moi je veux aussi pardonner à tout le monde même à ceux qui m’ont fait du mal.
Comment étaient vous relations avec votre mère ?
Excellentes ! Ma mère était une sainte. Une femme formidable, mon père et ma sœur aussi. Je parle au passé car ils sont décédés. C’étaient des gens merveilleux. J’ai connu une enfance pleine d’amour. Je viens d’une famille très modeste et ils ont tout fait pour leurs enfants.
En revanche votre spectacle « Regarde maman, je danse », c’était votre histoire
Oui et je l’ai joué 231 fois pendant 7 saisons dans le monde entier dans trois langues. Et ce n’est pas encore fini ! Là je raconte ma vie depuis ma naissance. J’ai voulu l’écrire car il y a encore des préjugés sur la transsexualité. Quand les gens voient le spectacle, ils sortent guéris ! Je joue cela en nuisette, je suis presque nue. C’était pour montrer qu’il ne faut pas avoir peur de moi. C’est la peur qui fait réagir les gens d’une façon désagréable.
Le regard sur la transsexualité a énormément changé ?
Oui il a changé, heureusement. Je ne suis pas une militante. Je n’ai pas d’amies transsexuelles. Ma ville natale à Gand est devenue un centre mondial pour les transsexuelles qui viennent du monde entier pour se faire opérer. Dans le temps on galérait beaucoup. Moi je ne demande jamais d’être acceptée, je demande à être respectée pour ce que je suis.
Vous avez arrêté votre carrière sur scène pendant un long moment et puis soudain il y a eu la rencontre en 2000 avec Alain Platel.
J’ai écrit beaucoup de pièces de boulevard et des sitcoms pour la télévision belge. Et il m’a vu dans ces pièces et il m’a contacté. Quand Dieu téléphone on est toujours libre ! On a créé Tous des Indiens. C’était un rôle de mère magnifique. On a fait une tournée mondiale. Et après on fait Gardenia.
Et Gardenia a été un succès au Festival d’Avignon !
Lorsque je lui ai proposé cette idée, cela a pris quelques années. Lorsque je lui ai présenté ces messieurs de mon âge qui étaient d’anciens travestis à la retraite, il est presque tombé dans les paumes, car lui a l’habitude de travailler avec de beaux jeunes danseurs talentueux ! Il en a fait un spectacle merveilleux.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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