Dans Unisson, le chorégraphe Yaïr Barelli interroge le terme éponyme avec sept interprètes. Chorégraphie millimétrée et références populaires y révèlent les ambivalences du « faire ensemble ».
Comment être, faire et vivre ensemble ? La question revient régulièrement sur les scènes contemporaines, là où les artistes questionnent, esquissent des tentatives d’en-commun, reflétant un état des lieux politique ou proposant des solutions. Cette préoccupation pourrait être le thème, ou l’un des thèmes, d’Unisson, la dernière pièce de Yaïr Barelli, chorégraphe né à Jérusalem et basé à Paris, mais pas seulement. Dans cet ensemble jouant avec des compositions symétriques, sept interprètes digressent autour de la notion d’unisson, naviguant entre grâce et malaise.
Les danseuses et danseurs font irruption sur la scène, alignés les uns derrière les autres, en esquissant un enchaînement « relevé » sur demi-pointes et « plié » sur une ligne diagonale. Dans le fond de scène, à cour, des drapeaux en dégradé de bleu et gris sont en berne. Ils enchaînent plusieurs tableaux, comme un catalogue brossant différentes significations de l’unisson. En chantonnant Le Lac des cygnes et en dansant ses célèbres pas, en ligne, main dans la main, les bras croisés, ils se réfèrent à la notion de corps de ballet. Le pouce ou le majeur levé, esquissant un cœur avec les doigts ou entonnant « Joyeux anniversaire », ils évoquent la richesse de savoirs collectifs partagés.
Chansons, rites, gestes du quotidien se succèdent, de la ronde au mime de scroll sur smartphone allongé sur une serviette de plage – qui servaient de drapeau ou de couvre-chef juste avant –, en passant par la diffusion du joyeux All You Need Is Love des Beatles. Doit-on y voir une ode à être ensemble ou une mise en garde ? Le très littéral « démocratie » scandé par le groupe renforce la confusion. Unisson regroupe une succession de situations, drôles, absurdes, étranges, effrayantes, neutres, relevant davantage d’une exploration de ce qui rassemble, plutôt que d’un projet politique.
Ce qui frappe aussi, c’est le soin de la chorégraphie, ses gestes précis, froids, ses ensembles millimétrés gracieux, sans prétention virtuose. Simplicité calculée qui se reflète dans le choix des costumes : t-shirt blanc et jean. Si les lumières blanches crues teintent l’ensemble de rigidité pendant une grande partie du spectacle, les variations de lumière relâchent cette tension, apportant plus de souplesse. Sur les riffs de 7 Nation Army des White Stripes, les interprètes semblent défier la salle du regard. Ce ballet étrange de mimes, chants, danses et paroles révèle la complexité du faire ensemble, déployant une réflexion plus complexe qu’au premier abord.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Unisson
Chorégraphie, son et costumes Yaïr Barelli
Avec Charles Essombe, Claire Haenni, Felipe Javier Heredia, Stéphane Imbert, Martina Musilova, Yuma Pochet, To’a Serin-Tuikalepa
Lumières Yannick Fouassier
Drapeaux Alix Boillot, assistée de Chloé Lefèvre
Accompagnement vocal Christine Bertocchi, Jean-Baptiste Veyret-LogeriasProduction by association
Coproduction Le Dancing-CDCN Dijon Bourgogne, Franche-Comté ; ICI-CCN Montpellier, Occitanie ; Théâtre de la Ville-Paris
Accueil en résidence Le Carreau du Temple Paris ; Micadanses Paris ; Studiolab à la Ménagerie de verre Paris ; Le Pacifique – CDCN de Grenoble ; BUDA Art Center, Kortrijk
Avec le soutien du ministère de la Culture – direction régionale des Affaires culturelles d’Île-de-France, de la Région Île-de-France et de la Mairie de Paris
Avec le soutien de Dance Reflections by Van Cleef & ArpelsDurée : 1h
Vu en septembre 2025 au Théâtre de la Ville, Paris



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