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Un Serse en skateboard et survolté

Coup de coeur, Les critiques, Opéra, Rouen

Serse (c) Marion Kerno

L’Opéra de Rouen Normandie présente Serse de Haendel revisité dans un style sportswear et porté par le flamboyant duo de contre-ténors que forment Jake Arditti dans le rôle-titre et Jakub Józef Orliński dans celui d’Arsamène.

Débarrassé de toutes ses fioritures et afféteries baroques, l’opéra de Haendel fait peau neuve. Plongée dans un univers sportif et urbain, sa représentation prend place sur un planchodrome, c’est-à-dire une aire de glisse où les chanteurs et figurants pratiquent le skate, la trottinette freestyle comme le BMX. L’espace unique s’ouvre sur l’extérieur grâce à la projection de vidéos tournées au cœur de Rouen, ce qui permet de voir se prolonger les errances sentimentales des personnages en vastes déambulations dans les espaces de la ville entre patrimoine et modernité. On doit ce décor de skatepark, tout autant que les extravagants costumes aux couleurs criardes parfaitement assumées, ainsi que la mise en scène, à l’inventivité débridée de Clarac & Deloeuil > Le Lab, élaborateurs de nouvelles formes au théâtre comme à l’opéra.

Aussi insolite que soit l’univers proposé, pas rares sont les moments d’osmose entre l’esthétique et le propos, entre l’image, le jeu, le chant et la musique. D’une éloquente contemporanéité, les inénarrables imbroglios amoureux et leurs protagonistes sont mis en scène avec autant de dérision que d’empathie. Se dessinent des figures aux allures bien actuelles qui s’adonnent à la pratique-phénomène du selfie sans renoncer à un certain romantisme. Doté d’une fraîcheur vocale et plein de verve théâtrale, chaque interprète apporte du caractère et de la séduction au rôles parfois un peu geignards qu’il défend.

Celui de Serse et celui d’Arsamène, son frère rival, écrits à l’origine, l’un pour un castrat dans le registre du soprano, l’autre pour un contralto féminin en travesti, sont respectivement confiés aux excellents Jake Arditti et Jakub Józef Orliński. Les deux jeunes contre-ténors livrent des performances vocalement pêchues et physiquement musclées. Même en jogging et baskets, le premier entame son célèbre Ombra mai fu avec une suprême élégance puis déploie lors des airs plus virtuoses un métal vif et incisif qui met en valeur l’aspect fiévreux et rugissant du héros éponyme. Le second, fin chanteur mais aussi amateur de breakdance, offre la beauté d’un timbre plus chaud et ambré ainsi qu’une belle musicalité. Les deux s’amusent à se défier à la manière d’un combat de coqs. Ils se toisent et se provoquent, torses nus et offerts, en jouant aisément sur l’ambivalence de leurs personnages montrés comme des caïds aux cœurs tendres. Les filles ne sont pas en reste pour autant : aussi pimpantes que pimbêches, Mari Eriksmoen en Romilda, Cecilia Molinari en Amastre et Sophie Junker en Atalanta sont pleines d’une délicieuse agilité et d’abatage. Jusqu’aux plus petits rôles, tous sont galvanisés par la direction musicale énergique et raffinée de David Bates.

La réussite du spectacle coproduit par le Staatstheater Nürnberg témoigne du dynamisme et de la bonne santé artistiques d’une maison d’opéra pourtant confrontée, comme bien d’autres institutions lyriques, à de grosses difficultés. Souhaitons que l’état garantisse par son soutien financier la création d’autres productions d’envergure dans la continuité de ce Serse.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Serse de Haendel

Direction musicale, clavecin David Bates
Mise en scène, scénographie, costumes
Clarac & Deloeuil > Le Lab
Collaboration à la scénographie Christophe Pitoiset
Collaboration artistique Lodie Kardouss
Lumières Rick Martin
Vidéo Julien Roques et Benjamin Juhel
Création graphique Julien Roques
Dramaturgie Luc Bourrousse

Serse Jake Arditti
Arsamene Jakub Józef Orliński
Amastre Cecilia Molinari
Romilda Mari Eriksmoen
Atalanta Sophie Junker
Ariodate Luigi de Donato
Elviro Riccardo Novaro

Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie

Coproduction Staatstheater Nürnberg, Opéra de Rouen Normandie
Dans le cadre du festival SPRING

Durée : 3h15, entracte inclus
En italien surtitré en français

Théâtre des Arts – Rouen
Vendredi 10 mars à 20h00
Dimanche 12 mars à 16h00
Mardi 14 mars à 20h00

14 mars 2023/par Christophe Candoni
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