Devant le Sénat, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur a indiqué cette semaine que les événements culturels ou sportifs seraient « annulés ou reportés » durant les jeux de Paris, comme le Tour de France ou encore la braderie de Lille, prétextant que les JO monopolisent toutes les forces de l’ordre. Une réunion d’urgence a été programmée la semaine prochaine avec les festivals recevant le plus de publics. Certains membre de la fédération France Festivals qui rassemble près de 80 festivals y seront, ils s’inquiètent des propos de Gérald Darmanin, et le font savoir dans le communiqué ci-dessous.
Nous, fédération de festivals de toutes tailles, toutes disciplines et esthétiques, sommes extrêmement inquiets des déclarations du ministre de l’Intérieur sur la nécessité de « décaler » ou « d’annuler » les festivals de l’été 2024.
Organisateurs d’évènements, nous mesurons parfaitement la difficulté de la mobilisation des forces de sécurité pendant des évènements concomitants, nous y sommes confrontés chaque année. Nous nous organisons de manière à rendre compatibles des manifestations extraordinaires qui font la réputation de nos territoires. Nous avons conscience du caractère exceptionnel des Jeux Olympiques de Paris 2024 et nous nous préparons à un certain nombre d’adaptations entre le 23 juillet et le 12 août. Toutefois, annuler entre le 15 juin et le 15 septembre ou décaler les festivals hors de cette période revient à gommer l’une des identités culturelles majeures de la France, qui par la particularité de son offre festivalière est unique au monde.
Nous sommes dans un contexte de reconstruction qui, malgré les crises à répétition, permet d’espérer. Les programmations 2024 sont déjà engagées, notamment pour les manifestations les plus importantes, celles qui sont principalement visées par les propos du ministre de l’Intérieur. Mais c’est en réalité tous les festivals qui font
vivre les villages, villes, départements, régions de notre pays, auxquels Monsieur Darmanin impose un coup d’arrêt, privant ainsi les citoyens de plus de 2 600 festivals d’été qui, entre le 15 juin et le 15 septembre, proposent en proximité une culture exigeante et populaire, privant aussi les collectivités publiques et l’écosystème économique local de 2,6 milliards de retombées économiques.
Pourquoi ? Parce que l’entièreté des forces de sécurité du pays devraient être concentrées en Ile-de-France ? Parce que nous avons peur ?
Ce n’est pas l’esprit des Jeux Olympiques qui prônent l’ouverture, la diversité, l’excellence, la performance, la confiance, le rassemblement populaire. Ce ne sont pas les principes défendus par le président du comité d’organisation des Jeux olympiques, Tony Estanguet, qui a toujours souhaité faire de Paris 2024 un espace temps de rencontre pour les sports et les cultures.
Nous ne voulons pas opposer les fêtes du sport et de la culture, nous ne voulons pas d’une société gouvernée par la peur, nous voulons montrer au monde entier une France de l’hospitalité et de l’intelligence collective.
Maria Carmela Mini et Paul Rondin, coprésidents et tous les membres de France Festivals
Et quand pense la Ministre de la culture ?