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Un Professeur Bernhardi sous anxiolytiques

Les critiques, Lyon, Moyen, Sceaux, Théâtre

photo Arno Declair

Au Théâtre des Gémeaux, Thomas Ostermeier met la pièce d’Arthur Schnitzler à nu. Non sans un certain talent, il expose les errements tentaculaires d’un monde politique pas si révolu. Mais sa mise en scène ronronnante laisse à penser qu’il commence à s’endormir sur ses lauriers.

Bien qu’il date de 1912, le texte d’Arthur Schnitzler entre en terrible résonance avec la marche de notre société. Sur fond d’antisémitisme latent, « Professeur Bernhardi » met en évidence cette montée des populismes et du religieux qui font chanceler les partis politiques traditionnels sur leurs bases, l’utilisation de faits divers à des fins électoralistes, un milieu politique gangrené par les intérêts personnels au détriment de la bataille pour le bien commun qu’il est censé mener. Comme si, en un siècle, rien n’avait vraiment évolué. Ou plutôt comme si l’Histoire se répétait une énième fois.

A la tête de l’Institut Elisabeth, une clinique privée renommée dans le monde médical, le Professeur Bernhardi a tout du médecin droit dans ses bottes. Jusqu’ici irréprochable, il commet un impair qui va entraîner sa chute. Rongée par une septicémie due à un avortement qui a mal tourné, une de ses patientes délire sur son lit de mort. Elle se croit guérie alors que ses heures sont comptées. Pour lui offrir une « mort heureuse », Bernhardi refuse l’entrée de sa chambre à un prêtre venu lui donner l’extrême onction. Une partie du personnel médical ne l’entend pas de cette oreille et avertit la jeune femme de l’arrivée de l’ecclésiastique. Erreur fatale : devant le signe annonciateur de sa mort imminente, la patiente décède en état de panique. Ce simple fait divers aurait pu en rester là. Mais il précipite le Professeur Bernhardi dans un engrenage dont il va rapidement perdre le contrôle. Alimenté par une série d’intérêts politiques et personnels qui dépassent sa seule personne.

Dans un écrin scénique aussi dépouillé, le leitmotiv de Thomas Ostermeier est limpide. Pour en révéler toute l’acuité et la pertinence, le metteur en scène allemand entend entretenir un rapport direct avec le texte de Schnitzler. Entre les mots et les spectateurs, ne se trouvent que les comédiens de la Schaubühne. Au sommet de l’ambivalence dramatique, ils sont tous, comme à leur habitude, impeccables dans leurs rôles respectifs. Dans cet immense cube blanc, dont les lignes épurées ne sont discrètement brisées que par quelques éléments de mobilier design, la démonstration aurait pu être cinglante, la critique acerbe et glaçante. Las, on a connu Thomas Ostermeier bien plus renversant. Sa mise en scène apparaît lisse, presque aseptisée. Il déroule 2h45 durant avec un certain talent, mais sans la moindre prise de risques à laquelle il nous avait pourtant longtemps habitués.

Ankylosé dans une grammaire scénographique répétitive, le texte de Schnitzler se perd en bavardages. Là où, légèrement amendé ou précisément mis en relief, il aurait pu se révéler tranchant, servir de coup de poing, il est anesthésié, savamment délayé jusqu’à perdre toute une partie de sa force. Spectaculaire, l’utilisation de la vidéo ne vient bouleverser aucune ligne. Purement illustrative, elle se transforme en outil de remplissage au moment des changements de décor, alors qu’elle aurait pu s’avérer utile pour souligner le caractère dual de bon nombre des personnages. En définitive, tout se passe comme si, enfermé dans une série de facilités efficaces mais déjà vues, Thomas Ostermeier avait enfilé des pantoufles théâtrales si confortables qu’elles lui collent désormais aux pieds.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Professeur Bernhardi d’Arthur Schnitzler
Adaptation : Thomas Ostermeier et Florian Borchmeyer
Mise en scène : Thomas Ostermeier / Schaubühne am Lehniner Platz / Berlin
Scénographie : Jan Pappelbaum
Avec :
Jörg Hartmann, Sebastian Schwarz, Thomas Bading, Robert Beyer, Konrad Singer, Johannes Flaschberger, Lukas Turtur, David Ruland, Eva Meckbach, Damir Avdic, Veronika Bachfischer, Moritz Gottwald, Hans-Jochen Wagner, Christoph Gawenda, Laurenz Laufenberg
Spectacle en allemand surtitré
Durée: 2h45

Les Gémeaux
Du 23 novembre au 3 décembre 2017
Du mardi au samedi à 20h45, dimanche à 17h

Théâtre des Célestins
Du 2 au 5 mai 2018

2 mai 2018/par Vincent Bouquet
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