Sur la route qui la conduit de Gaziantep à Manchester, la marionnette de 3,5 mètres de haut fait étape, durant quatre jours, en Île-de-France, et a commencé son périple francilien par une rencontre avec de jeunes habitants d’Aubervilliers. Reportage.
« On est au moins un milliard ! ». Du haut de ses 7 ans, Evan voit sans doute les choses un peu en grand, mais ils sont nombreux, enfants et parents, à accueillir Amal pour ses premiers pas en région parisienne, ce mardi 12 octobre. Dès la sortie de l’école élémentaire Langevin, située dans un quartier très populaire d’Aubervilliers, la marionnette de 3,5 mètres de haut émerveille petits et grands, et ne tarde pas à les embarquer pour une déambulation musicale jusqu’au Fort, sorte de jeu de piste où surgit, sans coup férir, une invitée surprise. Au coeur de cette parade urbaine, à laquelle se joignent progressivement de multiples badauds, tous les enfants ne semblent pas bien comprendre ce qu’il se passe, mais d’autres savent très bien, flyer de l’évènement en main et briefing de leurs enseignants en tête, qu’Amal « cherche la grosse grenouille » au milieu de cette zone en sursis, rongée par les opérations immobilières.
Surtout, ils connaissent parfaitement l’histoire de cette petite fille syrienne lancée sur les routes à la recherche de sa mère dans le cadre du projet The Walk, produit par Good Chance Theatre. Partie cet été de Gaziantep, en Turquie, la petite Amal, créée à partir de canne moulée et de fibre de carbone, et manipulée par une équipe de dix marionnettistes qui se relaient par groupe de trois, a déjà parcouru une bonne partie des 8000 kilomètres qui la séparaient de Manchester. D’Athènes à Cologne, de Naples à Londres, en passant par Bruxelles, Genève et Marseille, son parcours est émaillé de plus de 80 événements artistiques, entièrement gratuits, comme ceux qui se déroulent du 12 au 15 octobre dans plusieurs villes d’Île-de-France.
Après Aubervilliers, Amal s’est rendue, dans la soirée, à Bobigny pour y rencontrer les Allebrilles de la compagnie Les Grandes Personnes à l’occasion d’un spectacle déambulatoire lumineux. Elle poursuit son chemin, ce mercredi, de l’autre côté du périphérique, en traversant le parc de la Villette, mais aussi en regagnant, à 19 heures, le parvis de l’Institut du monde arabe, pour y découvrir une immense installation de tentes d’où proviennent des sons de moments vécus et des souvenirs de personnes venues de différentes parties du monde.
Jeudi, elle commencera sa journée par une rencontre avec Gaël Kamilindi, pensionnaire de la troupe de la Comédie-Française, qui lui lira une histoire, avant une déambulation dans les Jardins du Palais Royal. Le soir, après une escale à l’Hôtel Coulanges, où elle assistera à un concert d’Abd al Malik, elle marchera, en silence, jusqu’à la place de la République. Et, pour son dernier jour en Île-de-France, Amal s’offrira, vendredi midi, un détour par Ground Control, où elle assistera à un spectacle conçu par des enfants du collège Rodin et des mineurs isolés, avant de rejoindre, à 16 heures, l’Esplanade des Droits de l’Hommes où elle sera accueillie par Rachid Ouramdane, directeur du Théâtre de Chaillot, et la Compagnie XY pour un événement artistique collectif. Ne lui restera alors plus qu’à embarquer sur un bateau pour une balade fluviale entre le pont d’Iéna et la péniche Petit Bain, façon, pour elle, de dire au revoir à Paris et aux Parisiens.
Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr