Les spectacles de Praga me rappellent souvent les théâtres de revue comme ceux du Parque Mayer à Lisbonne qui fut inauguré en 1901. C’était une « cité des théâtres » et des plaisirs prolétaire et distinguée. Le Maria Vitória ouvrit en 1922, puis, les Variétés, le Capitole et en 1956, l’ABC.
Trois représentations par jour, le ticket valait trois escudos ; les salles avalaient et recrachaient dans la ville des milliers de spectateurs taciturnes. C’était là qu’échouaient les artistes de
music-hall d’Europe et d’Angleterre pour un dernier cachet. On y jouait « la revue » avec plumes, strass et descente des marches.
Dans ce théâtre pauvre simulant la richesse s’étalait sans pudeur la cruauté du monde. De la noblesse aussi. Les spectacles du Parque Mayer, ou ceux du « teatro di rivista » en Italie, font partie du métier. Tout le monde en Europe s’en est inspiré. Dans sa version bachique et foraine de A Midsummer Night’s Dream et de The Fairy Queen, Praga ressuscitait ces images d’Eurovision en noir et blanc en fabriquant d’inquiétantes contrefaçons, images, musiques, textes, modernités de pacotille.
Dans The Tempest, ces jeunes Portugais convoquent à nouveau Shakespeare et Purcell, cette fois avec leurs œuvres ultimes, explorant là encore ce qui se tisse entre Théâtre et Pouvoir (thème complexe et poil à gratter). L’artiste et le roi, et le ministre, le député, le fonctionnaire, le maire, le directeur du théâtre, la mode, les médias, l’argent. Ce mano a mano du dramaturge thaumaturge et du musicien de la Cour fonde un passionnant chantier où théâtre et musique se heurtent, se neutralisent, se complètent, donnant naissance à un spectacle étrange, profond, déconcertant. Teatro Praga manie avec virtuosité l’art de la dérision en remettant au passage le théâtre à sa place : loin, le plus loin possible du pouvoir. Edito de Patrick Sommier dans dossier de presse.
The tempest
CRÉATION MUSICALE DU TEATRO PRAGA
D’après The Tempest or The Enchanted Island de Henry Purcel
D’après The Tempest de Wiliam Shakespeare
Texte et direction Pedro Penim, André e. Teodósio, José Maria Vieira Mendes
Musique composée et jouée par Xinobi & Moulinex
Avec Joana Barios, Diogo Bento , André Godinho, Cláudia Jardim, Diogo Lopes,
Patr ícia da Silva , André e. Teodósio, Vicente Trindade, Daniel Worm d’Assumpção
Direction vocale Rui Baeta
Solistes Rui Baeta (bariton ), Sandra Medeiros (soprano)
Choeur Ana Margarida Encarnação (Soprano), Cristina Repas (Mezzo-soprano),
João Francisco (Ténor)
Vidéo André Godinho
Scénographie Bárbara Falcão Fernandes
Lumières Daniel Worm d’Assumpção
Chorégraphie Vicente Trindade
Costumes António de Oliveira Pinto
Artistes invités Vasco Araújo, Catarina Campino, Javier Nuñez Gasco, João Pedro Vale
Équipe vidéo Joana Frazão, Salomé Lamas
Perchiste Nuno Morão
Son Jorge Imperial
Assistant lumières Marta Fonseca
Production Teatro Praga Elisabete Fragoso, Filipa Rolaça
Coproduction Centro Cultural de Belém (Lisbonne) et MC93 Maison de la Culture de Seine-Saint-
Denis. Le Teatro Praga reçoit le soutien du Secretaria da Cultura/DGArtes
Création au Centro Cultural de Belém (Portugal), 15 et 16 mars 2013
5 – 7 AVRIL 2013 / SALLE OLEG EFREMOV
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