The Dreamer est une œuvre structurée comme une sorte de voyage initiatique pour Marlon. Ce dernier se retrouve confronté à une dure réalité qu’il cherche à enfouir dans son cerveau, une réalité qu’il refuse d’admettre, si bien qu’il préfère se construire son propre monde. The Dreamer est donc d’abord et avant tout le récit d’une prise de conscience, un voyage introspectif, pour Marlon comme pour le spectateur, dont la finalité n’est jamais celle à laquelle ils s’attendent. Ce voyage est‐il une élévation vers un idéal ou au contraire une véritable descente aux enfers ?
Nous pouvons comparer le personnage de Marlon, et son lien avec l’environnement « merveilleux » qui l’entoure, à celui d’Alice dans Alice Au Pays des Merveilles, ou encore à celui de Dorothy dans Le Magicien d’Oz, mais si Marlon rejoint ses personnages par sa jeunesse et par son désir d’être dans un endroit plus exaltant et palpitant que celui dans lequel il vit, il se différencie d’eux par sa problématique et par son état mental.
Sa problématique et, plus précisément, ses objectifs, sont « multiples », comme il le dit lui-même explicitement aux spectateurs au début de la pièce.
Ainsi, tout d’abord, il ne cache pas son amour pour la chanson et l’univers de la comédie-musicale américaine et affirme que la chanson lui permettra d’atteindre son objectif ultime : retrouver sa mère.
Et nous en venons donc à l’un des thèmes majeurs de la pièce : celui de la famille, une famille qui s’est déconstruite par l’absence, au sens littéral du terme, de la mère en question. Marlon annonce lui-même à sa sœur et à son père qu’il va chercher sa mère, qu’il va la retrouver et que tout redeviendra
« normal », et il passe une grande partie de la pièce à penser pouvoir la trouver jusqu’à ce que son objectif devienne, tant pour lui que pour les spectateurs, de plus en plus flou. Il est instable et il évoluera dans cette instabilité tout au long de la pièce. Il est d’abord malicieux et naïf, plein de joie et de détermination mais petit à petit il se sent troublé et de plus en plus confus face à ce qui lui arrive dans ce monde insolite. L’espace-‐temps se brouille, Marlon voyageant d’un endroit à l’autre sans problème et ce brouillage des pistes fait voyager le spectateur au sein d’un récit imprévisible où se mélangent genres, endroits et tonalités. Le monde inconnu crée pour Marlon, véritable prétexte à l’onirisme, peuplé de personnages caricaturaux, singuliers, ni amis ni ennemis, est comme Marlon lui-même : instable.
Il y a quelque temps, on m’a posé cette question : « mais quelle est la fable ? » Nous serions tentés de dire qu’il y en a plusieurs, que le spectateur pourra se faire sa propre idée, sa propre interprétation, de ce qu’il a vu. Nous avons la nôtre, à vous de voir quelle est la vôtre.
The Dreamer
Auteur
William BoutetMise en scène
Amélie Sureau et William BoutetDistribution
Quentin Afonso De Brito,
Margaux Guiraud,
Vannina Meritan Maïnetti,
Lucile Roux-Baucher,
Valentin Ulrichs,
Thomas Busson
Musiques
Glenn Miller, Pennsylvania 6-500
Scott Buckley, The Miracle of flight
Bedřich Smetana, Moldau
Ambïose, Snowflakes ball, Visions of madnessChorégraphies
Sarah Murcia
Aude ManzanoThéâtre du Gouvernail
5 passage de Thionville , 75019 Paris
jusqu’au 27 mars 2023
Tous les lundis soirs à 19h au TThéâtre de la Croisée des Chemins (120 bis rue Haxo)
du 06 mai au 25 juin 2023
les samedis à 19h et les dimanches à 17h
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