A Paris avant une longue tournée internationale, William Christie et Robert Carsen font redécouvrir The Beggar’s Opera, l’ouvrage écrit par John Gay et Johann Christoph Pepusch en 1728 qui inspira L’Opéra de quat’ sous de Bertolt Brecht et Kurt Weill. Avec autant de gaieté que d’insolence, la fable irrévérencieuse, remise au goût du jour, est portée par une formidable troupe d’artistes.
Malfrats, voleurs, proxénètes et prostituées, les gueux d’hier prennent l’allure de délinquants d’aujourd’hui lorsqu’ils débarquent sur le plateau des Bouffes du Nord en jogging et sweat à capuche alertés par une alarme de sécurité ou une sirène de police, vissés sur leur téléphone portable, portant des flingues et sniffant des rails de coke. La bande de Macheath s’adonnent allègrement à des petits casses dont profite le vieux Peachum à la tête de sa juteuse et malhonnête entreprise. C’est dans l’entrepôt de ce professionnel véreux de l’import-export de marchandises volées que se joue la pièce. La scène regorge de cartons empilés.
Comme il l’avait déjà fait pour Candide de Bernstein, Robert Carsen, avec la complicité de son fidèle dramaturge Ian Burton, a tout réécrit, adapté, modernisé du texte d’origine qui trouve ici de nombreux échos à la politique actuelle, à l’affairisme de notre société mercantile et corrompue. Avec beaucoup de malice et d’ironie, le duo trouve le ton juste, n’édulcore ni n’alourdit la charge polémique et transgressive du propos.
Chaque rôle est parfaitement distribué. Peachum est campé par un Robert Burt de grande prestance tandis que sa femme, tenue par la géniale Beverly Klein est truculente à souhait. La pièce fait surtout la part belle à la jeunesse et bénéficie des belles présences et des jolis brins de voix du très charmeur Benjamin Purkiss, tendre canaille à la James Dean, de Kate Batter en délicieuse Polly ou bien encore d’Olivia Brereton qui joue une Lucy déterminée. Tous déploient une inaltérable énergie pour donner à voir et à entendre l’humour terrible de l’œuvre, sa tendresse sirupeuse comme sa violente âpreté. Aussi bons chanteurs que comédiens, ils tiennent le rythme infernal de la représentation sans renoncer à l’exigence du chant. Ils sont magnifiquement accompagnés par dix musiciens issus des Arts Florissants qui font merveille à restituer toute la suavité comme les accents plus dynamiques voire criards de cette musique chatoyante et très composite, une sorte de melting-pot d’airs célèbres empruntés à divers œuvres lyriques de Haendel et Purcell associées à des mélodies plus populaires.
La mise en scène drôle et débridée de Robert Carsen flirte efficacement avec la comédie musicale et rend scandaleusement séduisants les bons comme les vauriens. Cette exhumation de The Beggar’s opera est une totale réussite.
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr
The Beggar’s Opera
Ballad opera de John Gay et Johann Christoph Pepusch
Dans une nouvelle version de Ian Burton et Robert Carsen
Mise en scène Robert Carsen
Conception musicale William ChristieAvec
Kate Batter, Olivia Brereton, Robert Burt, Louise Dalton, Taite-Elliot Drew, Emily Dunn, Wayne Fitzsimmons, Beverley Klein, Natasha Leaver, Sean Lopeman, Emma Kate Nelson, Dominic Owen, Jocelyn Prah, Benjamin Purkiss, Kraig Thornber, Gavin WilkinsonEt neuf musiciens des Arts Florissants (violons, alto, violoncelle, contrebasse, flûte, hautbois, luth, percussion)
Direction et clavecin William Christie ou Florian Carré (le samedi 21 avril à 15h30 et 20h30 et le mardi 24 avril à 20h30)
Conseil musical et édition de la partition Pascal Duc (Les Arts Florissants) et Anna Besson
Violon solo Emmanuel Resche-Caserta
Contrebasse Doug Balliett
Violoncelle Cyril PouletSpectacle en anglais surtitré en français
Production C.I.C.T. – Théâtre des Bouffes du Nord
Coproduction Les Arts Florissants avec le soutien de CA-CIB ; Angers-Nantes Opéra ; Opéra de Rennes ; Les Théâtres de la Ville de Luxembourg ; Opéra Royal / Château de Versailles Spectacles ; Grand Théâtre de Genève ; Théâtre de Caen ; Edinburgh International Festival ; Festival di Spoleto ; Centre Lyrique Clermont-Auvergne ; Opéra Royal de Wallonie-Liège ; Opéra de Reims / La Comédie de Reims CDN ; Teatro Coccia, Novara ; Teatro Verdi, Pisa ; Cercle des Partenaires des Bouffes du Nord.
Construction des décors Ateliers d’Angers-Nantes Opéra
Durée : environ 1h50 sans entracte.Du 20 avril au 3 mai 2018 : Théâtre des Bouffes du Nord
Du 6 juillet au 8 juillet 2018 : Spoleto Festival – Teatro Nuovo Gian Carlo Menotti (Italie)
Du 16 au 19 août 2018 : Edinburgh International Festival – King’s Theatre (Royaume-Uni)
Du 27 au 29 septembre 2018 : Théâtres de la Ville de Luxembourg – Grand théâtre
Du 3 au 7 octobre 2018 : Grand Théâtre de Genève à l’Opéra des nations (Suisse)
Du 11 et 12 septembre 2018 : Centre lyrique – Clermont Ferrand
Du 19 et 20 octobre 2018 : Teatro de Pisa – Pise (Italie)
Du 27 et 28 octobre 2018 : Teatro Coccia – Novara (Italie)
Du 1 et 2 novembre 2018 : Megaron – Alexandra Trianti Hall – Athènes (Grèce)
Du 7 au 9 novembre 2018 : Angers Nantes Opéra au Grand Théâtre d’Angers
Du 13 novembre 2018 : La passerelle – Saint Brieuc
Du 16 et 17 novembre 2018 : Le Dôme – Saumur
Du 20 novembre 2018 : Théâtre des Jacobins – Dinan
Du 23 et 24 novembre 2018 : Théâtre Anne de Bretagne – Vannes
Du 27 novembre 2018 : Le Théâtre – Scène Nationale de St Nazaire
Du 30 novembre et 1er décembre 2018 : Les Quinconces – L’Espal – Le Mans
Du 4 et 5 décembre 2018 : Le grand R – La Roche sur Yon
Du 8 décembre 2018 : Théâtre de Laval
Du 11 au 15 décembre 2018 : Angers Nantes Opéra au Théâtre Graslin
Du 19 au 21 décembre 2018 : Théâtre de Caen
Du 11 au 13 janvier 2019 : Opéra Royal de Versailles
Du 16 au 19 janvier 2019 : Opéra de Rennes
Du 22 et 23 janvier 2019 : Théâtre de Cornouaille – Quimper
Du 26 et 27 janvier 2019 : Opéra de Reims
Du 2 et 3 février 2019 : Opéra de Massy
Du 5 et 6 février 2019 : La Coursive – La Rochelle
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