Sylvie Guillem Sylvie Guillem dans Life in progress aux Nuits de Fourvière 2015
J’ai tout aimé de ces 39 ans, chaque moment, et j’aime encore aujourd’hui de la même façon.
Alors pourquoi ? Tout simplement parce que je souhaite arrêter heureuse en faisant ce que je fais, comme je l’ai toujours fait, avec passion et fierté.
C’est à la suite d’un dérapage, tout à fait incontrôlé, que je parvins à exécuter, il y a 39 ans, la première révérence de ma carrière… Toujours en retard pour les cours, c’était souvent en pleine course que nous, les petits rats de l’Opéra de Paris, devions impérativement saluer tous les danseurs de la Compagnie que nous croisions. Ce qui rendait la chose compliquée était que ces danseurs, personnages hiératiques et assez nonchalants dans leur certitude d’être importants, avaient cette façon de surgir crânement devant nous sans le moindre avertissement. Dans ce dédale compliqué de couloirs cirés par le temps et par les nombreuses glissades des générations précédentes, l’exercice devenait de plus en plus périlleux. Lancés à fond les manettes, nous devions opérer un freinage immédiat, en « position », devant les intéressés. À savoir : « bras tendus en formation en V vers le bas, les mains relevées sur les côtés, la jambe d’appui ébauchant une génuflexion, le pied de derrière pointé et appuyé sur la cheville de terre ». Nous tentions de fixer cette marque de respect, au moins une demi-seconde, avant de repartir en trottinant vers le prochain cours. Ces tentatives de politesses chorégraphiques qui défiaient les lois de l’équilibre n’étaient pas gracieuses, mais peu importait, c’était : « mission accomplie ! ».
Après 39 années « d’entraînement », j’ai décidé de faire ma dernière révérence… Sans glisser, cette fois. Toute l’année 2015 sera un dernier tour des scènes que j’ai fréquentées, avec un nouveau spectacle, pour dire, avec gratitude et beaucoup d’émotion, « au revoir », en dansant deux créations et deux reprises : Akram Khan, Russell Maliphant, William Forsythe et Mats Ek. J’ai tout aimé de ces 39 ans, chaque moment, et j’aime encore aujourd’hui de la même façon. Alors pourquoi ? Tout simplement parce que je souhaite arrêter heureuse en faisant ce que je fais, comme je l’ai toujours fait, avec passion et fierté. Et puis, il y a quelque part, cet ami, un « agent » dormant à qui j’ai donné une licence to kill, au cas où un manque de lucidité me ferait traîner trop longtemps sur les planches… Et franchement, je préférerais lui éviter cette tâche ! Un début en dérapage incontrôlé, un voyage passionnant, un changement de cap réfléchi : une « Life in Progress »… Ma vie. Note d’intention de Sylvie Guillem
Sylvie Guillem dans Life in progress
Solo dansé par Sylvie Guillem
Chorégraphie : Akram Khan
Pas de deux dansé par Sylvie Guillem et Emanuela Montanari (La Scala)
Chorégraphie : Russell Maliphant
Bye, créé pour Sylvie Guillem (6000 miles away)
Chorégraphie Mats Ek
Nuits de Fourvière – Grand Théâtre
Du 29 juin au 2 juillet 2015
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