Sylvain Maurice achève son troisième mandat à la tête du Nouveau Théâtre de Besançon, l’un des plus petits CDN de France. Il affiche un bon bilan, et se pose aujourd’hui la question de son renouvellement ou pas. Sa décision n’est pas prise. Il discute avec les tutelles, l’Etat et la Ville de Besançon. Son spectacle « La Chute de la Maion Usher » adaptée de la nouvelle d’Edgar Allan Poe, librement inspirée de la traduction de Baudelaire est en tournée et s’arrête à la Maison de la Poésie à Paris du 27 avril au 22 mai. Rencontre avec le metteur en scène.
Qu’est ce qui vous a plu dans cet univers ?
C’est un univers très étrange. C’est l’histoire d’une maison qui a sa propre vie, dans laquelle vivent un frère et une sœur, des jumeaux. La sœur souffre d’un mal étrange, mélancolique. Et le frère essaye de passer le temps en pratiquant les arts. Il fait beaucoup de musique notamment, c’est pour cela qu’en adaptant le texte j’ai souhaité en faire un spectacle de théâtre musical. C’est un spectacle important car je suis aussi l’adaptateur donc cela me permettait d’être un peu plus auteur que metteur en scène.
Est-ce que cela a été difficile d’adapter cette nouvelle ?
Oui, cela a été un vrai défi. Je me suis rappelé que lorsque j’étais petit j’aimais faire des tours de magie, et donc il y a un peu de magie, une magie un peu noire. Je me suis aussi rappelé que j’étais quelqu’un de très trouillard quand j’allais au cinéma, mais en fait j’aime faire peur dans le spectacle. Ca ma permis de régler mes comptes avec certaines choses.
Y a-t-il aussi un peu de l’univers enfantin, car vous aimez travailler pour tous les public ?
Là c’est plutôt le côté ado qui m’a intéressé, peut-être parce que ma fille a traversé une période gothique. Les collégiens qui ont vu le spectacle ont adoré. Je travaille autour du désir, la sexualité – même si le spectacle ne parle pas de cela – la peur. La musique, sans être rock, a une fonction très énergétique dans le spectacle, donc ça les captive. Et puis il y a une grosse utilisation de la vidéo. Mais il y a aussi beaucoup de références autour de Maeterlinck, autour du théâtre immobile.
Vous arrivez en fin de mandat au Nouveau Théâtre de Besançon, un CDN, serez vous candidat à votre succession ?
Ma décision n’est pas prise. Je suis en cours de réflexion. Il y a à Besançon une situation particulière avec trois structures, un petit CDN que je dirige, une petite scène nationale et un théâtre municipal qui s’appelle le Théâtre Musical dirigé par Loïc Boissier et qui est assez bien doté. Une réflexion est en cours sur une éventuelle fusion de l’une ou l’autre des structures. Ma réflexion s’ordonne en fonction d’un projet personnel, mais aussi en fonction de cette réflexion globale de la place du spectacle vivant dans la ville.
Pour ma part, toutes les options sont ouvertes. L’idée de repartir en compagnie est une idée riche et intéressante. Quand on est directeur d’une structure et avant tout un artiste, la problématique de service public que doit porter le directeur doit toujours se conjuguer avec la problématique de l’artiste. S’il y a disjonction, à ce moment là il y a un problème. De ce point de vue là, une bonne thérapie de revenir en compagnie est une chose que je ne peux que m’appliquer à moi-même. Maintenant il n’y a pas de règles, sur certains territoires, un projet peut nécessiter plus que 9 ans de travail. Et je le répète ma décision n’est pas prise.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON
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