Jean Lambert-wild et Lorenzo Malaguerra mettent en scène une nouvelle version du Dom Juan de Molière. Le spectacle a été créé à Limoges au CDN Théâtre de l’Union. Il révèle dans le rôle de Sganarelle, un comédien inconnu au théâtre, Steve Tientcheu, dont on devrait reparler. Son destin n’est pas banal. Il a grandi à la cité des 30000 à Aulnay-sous-Bois et débute le théâtre sur le tard, à 25 ans en découvrant l’existence du Cours Simon un peu par hasard alors qu’il était agent de sécurité dans un cabinet médical. Jean Lambert-wild et Lorenzo Malaguerra le repèrent lors d’une projection d’une film documentaire sur sa vie, La mort de Danton, réalisé par Alice Diop. Un coup de foudre, et le voilà dans l’aventure de ce nouveau Dom Juan.
Quelle a été votre réaction quand Jean Lambert-wild et Lorenzo Malaguerra vous ont proposé le rôle de Sganarelle ?
J’ai été surpris mais je me suis dit que c’était un gros challenge. Cela faisait au moins 8 ans depuis l’école que je n’étais pas remonté sur les planches. Au début j’étais un peu perdu, comme un novice.
Et il a fallu que vous vous confrontiez à la langue de Molière…
En fait la langue de Molière n’est pas difficile quand on saisit le sens du texte. C’est quand on comprend pas le texte que cela devient difficile. On tombe vite amoureux de cette langue et c’est un plaisir de jouer. Vraiment.
Aviez-vous joué beaucoup de pièces de Molière au cours Simon ?
Aucune ! Le seul classique que j’avais joué c’était le mariage de Figaro Beaumarchais. On a surtout travaillé sur des textes contemporains.
Jean Lambert-wild dit que Sganarelle est le premier rôle de la pièce, qu’en pensez-vous ?
Ce n’est pas vrai, il dit ça pour me jeter des fleurs, c’est faux. Tout le monde est le premier rôle. Don Juan, le pauvre, Elvire, Charlotte même si elle n’entre qu’une fois. Tout le monde dans la pièce joue un premier rôle.
Vous êtes venu au théâtre tardivement, à l’âge de 25 ans, pour quelles raisons ?
A 25 ans je pensais que c’était le moment de sauter le pas et croire enfin en mes rêves car je voulais faire du théâtre depuis l’âge de 17 ans. Mais je n’en avais pas les moyens parce que les écoles de théâtre coûtent très très chère. Et je me disais que c’était pas un monde fait pour moi. Et puis il a fallu attendre le quart de siècle pour que je me lance. C’était le bon moment.
Le Cours Simon vous a-t-il transformé ?
J’ai appris à me connaître. Avant le cours Simon, je ne savais pas si je pouvais réussir quelque chose de ma vie. J’ai appris qu’il fallait beaucoup travailler dans ce métier. Travailler, travailler, toujours travailler. Sur la diction, la technique, il faut beaucoup lire. Etre comédien, ce n’est pas boire des coups à la fin d’une répétition ou d’un tournage dans un bar sur la terrasse où on refait le monde. Il faut avoir une bonne hygiène de vie, s’entretenir et cravacher. Quand je n’ai pas de tournage, je continue de travailler, je bouquine beaucoup, je fais des stages de clown, des stages de mime, pour rester dans le travail.
Vous avez mis un pied dans le théâtre, vous ne le lâchez plus ?
C’est certain, c’est tellement difficile de rentrer dans cette famille, c’est plus difficile que le cinéma. J’ai vraiment de la chance d’être dans un projet comme celui-là, avec une telle équipe, un tel décor. Si Jean Lambert-wild et Lorenzo Malaguerra n’étaient pas venus me chercher, je serai resté dans le cinéma. Le théâtre c’est vraiment une famille. C’est de l’art, pas du business comme le cinéma. J’ai maintenant la chance d’appartenir à deux familles.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Bonjour . Je viens de voir un tres beau reportage a la tele sur Monsieur Steve Tientcheu que je ne connaissais pas . J aurai aime echanger avec ce Monsieur son reportage etait tres interessant.
Cordialement.