Fernando Pessoa, immense poète portugais, convaincu de son génie, consacre toute son énergie à son œuvre, sacrifie toute sa vie à la mission littéraire dont il se sent investi. Les personnages « hétéronymes » qu’il a créés lui semblent davantage dignes de dialoguer avec sa pensée littéraire que le reste de l’humanité et viennent combler l’immense solitude que lui impose la création.
La confrontation entre l’auteur lui-même et les poètes issus de son imagination est le matériau même de cette création scénique, conçue comme un rêve éveillé, à partir d’un montage de textes autobiographiques et de poèmes. « Mystère Pessoa, mort d’un hétéronyme » est construit comme une partition où seraient retranscrites dramatiquement et musicalement des variations autour de quatre personnages –
Fernando Pessoa lui-même, son « Maître » Alberto Caeiro, auquel il a donné deux autres disciples : Alvaro de Campos et Ricardo Reis. Avec le désir d’offrir une lecture sensible et visuelle de son œuvre, cette pièce est un travail sur l’onirisme, la fantasmagorie et le mélange des genres. Acte manqué, amour impossible, Ophélia seul être réel entrant dans les compositions de Pessoa, est le témoin douloureux des délires de son génial amoureux.
La chorégraphie, parfois mieux que la parole, exprime les allers-retours entre Pessoa « créateur » et Pessoa « pantin » manipulé par ses propres créations mentales. La musique originale, grave et ludique, conduit plus qu’elle n’illustre, impose une tenue des corps, devient une des langues de chaque personnage dans une dimension charnelle et onirique.
J’ai demandé aux acteurs de traduire ces contradictions par un jeu organique, par un travail sur les différences de poids et de rythme des personnages. Notre « marque de fabrique » est ce mélange entre une pantomime corporelle et ce théâtre de verbe que Jean-Louis Barrault appelait une « pantomime buccale », entre danse et chant, au service de l’univers onirique de Pessoa. Les poèmes de Fernando Pessoa ont tous le rythme, la rapidité d’action et l’intérêt puissant que l’on trouve dans les textes des plus grands dramaturges. Note d’intention de Stanislas Grassian
Mystère Pessoa
mort d’un hétéronyme
D’après Fernando Pessoa
Adaptation et mise en scène de Stanislas Grassian
avec
Raphaël Almosni
Jacques Courtès
Florent Dorin
Nitya Fierens
Stanislas Grassian
Musique Benjamin Segal et Vincent Lepoivre
Musiciens Elsa Kupferberg, Franck Masquelier et Jean-Marc Morisot
Scénographie Géraldine Mandet
Lumières Frédéric Coustillas et Nicolas Gros
Création Collectif Hic et Nunc
Soutiens Le Campagnol, Théâtre des Quartiers d’ivry, Mairie de Paris, Centre Culturel Gulbenkian, CCPF (Collectivité Portugaise de France), Ville de Neuville-aux-Bois, Centre international de danse Jazz Rick
Odums, Radio Alfa, RFI
Durée : 1h10
Festival Avignon 0FF 2011
Du vendredi 8 juillet au dimanche 31 juillet à 15h40
56, rue du Rempart Saint Lazare
84000 Avignon
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