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Fucking Psychose 4 : 48

À la une, Les critiques, Moyen, Paris, Théâtre

© Nicolas Descôteaux

Mise en scène par Florent Siaud, la comédienne québécoise Sophie Cadieux met à jour à travers une performance très physique la sensualité et l’humour noir de 4 : 48 Psychose de Sarah Kane. Au détriment de ses paradoxes et de sa gravité.

Écrit à la façon d’un poème, très fragmentaire, sans indication de personnages ni de didascalies, la dernière des cinq pièces de Sarah Kane (1971-1999), 4 : 48 Psychose, présente un tel lien entre forme et fond que la question de la traduction est centrale. Comment réussir à faire sentir en français la vivacité de la langue de l’auteure britannique, chef de fil du théâtre In-Yer-Face ? Comment donner à entendre le poids, la densité des mots que son héroïne psychotique déploie avec autant de jouissance que de douleur ? Comme avant lui Christian Benedetti, parmi les premiers en France à oser porter sur scène un théâtre qui faisait scandale outre-manche, ou encore Claude Régy qui montait en 2002 4 : 48 Psychose, le metteur en scène Florent Siaud opte pour une nouvelle traduction. Réalisée sur commande par le dramaturge québécois Guillaume Corbeil, elle offre à Sophie Cadieux un riche terrain d’exploration.

Au plus proche du texte anglais, rythmé, avec quelques québécismes et autant d’intrusions de l’anglais – « fucking », par moments, est presque un signe de ponctuation » – , le texte permet à la comédienne très populaire au Québec de s’emparer à son aise de l’univers de Sarah Kane. De jouer avec les nombreux contrastes que présente l’écriture de la pièce, où des monologues intérieurs de la malade jamais nommée côtoient les paroles d’un psychiatre tout aussi anonyme. Où des bribes de discours amoureux, médical ou encore métaphysique se mêlent à des litanies d’injures. Tantôt faisant l’enfant, minaudant, tantôt criant le désir de mort de son personnage ou se la jouant rock star, Sophie Cadieux ne se contente pas de dire l’hybride, elle en fait des images et des situations. Alors que pour Sarah Kane, « rien qu’un mot sur une page et le théâtre est là ».

Florent Siaud opte en effet pour une lecture de 4 : 48 Psychose très éloignée du regard que l’auteure portait sur sa propre œuvre. Si, en écrivant Manque, Sarah Kane disait vouloir « découvrir comment un poème pouvait quand même être théâtral », tel n’est pas l’objectif du metteur en scène, qui met au contraire en avant la sensualité et l’humour noir de la pièce. Souvent munie d’un micro à pied, esquissant même dans la lumière rouge qui baigne le plateau un strip tease pour laisser apparaître sous le long pull blanc qui l’habille d’abord une mini côte de maille, Sophie Cadieux ne s’éclipse pas derrière sa prétendante au suicide. Plus celle-ci s’achemine vers l’heure fatidique, plus la comédienne se montre au travail. Le personnage est ainsi exhibé dans tous ses artifices. Dans sa béance. Mais d’une manière trop explicite, qui a tendance à affaiblir la portée des mots. Leur sens tragique.

S’il n’est pas inintéressant de faire résonner la part comique de 4 : 48 Psychose, faire ressortir un registre de la pièce au détriment des autres empêche l’accès à sa complexité. Sa portée subversive en est aussi affaiblie. Très marquée lors des dialogues avec les médecins, l’ironie a tendance à défaire le personnage qui se définit comme « la dernière d’une longue lignée de kleptomanes des lettres » de sa différence. De son rejet du monde et des mots communs. À trop vouloir interpréter le mystère de la dernière pièce de Sarah Kane, ce 4 : 48 passe à côté.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

4 : 48 Psychose

Texte : Sarah Kane

Nouvelle traduction : Guillaume Corbeil

Mise en scène : Florent Siaud

Interprétation : Sophie Cadieux

Scénographie et costumes : Romain Fabre

Éclairages : Nicolas Descôteaux

Vidéo : David B. Ricard

Conception sonore : Julien Éclancher

Assistance à la mise en scène : Valéry Drapeau

Sarah Kane est représentée par l’Arche, agence théâtrale. La pièce 4.48 Psychose est publiée dans la traduction de Évelyne Pieiller par l’Arche Éditeur. www.arche-editeur.com

Production : compagnie Les songes turbulents / spectacle créé en résidence à l’Espace Marie Chouinard & au Théâtre La Chapelle, donné en diffusion au Théâtre La Chapelle (Montréal) / remerciements : le Conseil des arts et des lettres du Québec pour son appui financier

Durée : 1h

Théâtre Paris-Villette
 du 27 novembre au 7 décembre 2024

22 novembre 2018/par Anaïs Heluin
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