Simon McBurney fait chavirer de bonheur la Cour d’Honneur

@ Christophe Raynaud de Lage

Il y a bien longtemps qu’un spectacle d’ouverture dans la Cour d’Honneur du Palais des Palais n’a pas suscité de huées et de sorties intempestives de spectateurs. La première du Master and Margarita de l’anglais Simon McBurney a littéralement laissé bouchée bée le public pendant trois heures vingt (et sans entracte). Le metteur en scène s’est emparé  de l’œuvre de Mikhaïl Boulgakov avec une belle voracité et restitue dans un environnement magique l’esprit de ce roman fleuve, en procédant avec justesse aux coupes qui s’imposent.    

Sa mise en scène multiplie les surprises grâce à des projections ingénieuses et saisissantes sur le mur de fond de la Cour, sans pour autant casser l’immensité du lieu, bien au contraire. Quand le plan de Moscou apparaît en grand sur la totalité du mur et que l’image zoome sur certains quartiers, on est littéralement happé par l’image. C’est mieux que la 3D, et sans les lunettes !    

@ Christophe Raynaud de Lage

Simon McBurney se décrit comme un « faiseur de théâtre », pour une fois l’expression n’est pas usurpée. Son théâtre est généreux, populaire, moderne, sans pour autant tomber dans la facilité. Il maitrise tous les arts de la scène. Les comédiens sont excellents. Et le décryptage de l’œuvre de Boulgakov est d’une belle limpidité. On pourrait se noyer dans cette histoire à tiroirs, avec sa multitude de personnages mais avec l’imaginaire développé par l’anglais, tout s’éclaire, et on ne perd pas une miette de l’action, et de l’enchevêtrement des histoires.    

Pour conserver un peu de suspens on ne dévoilera pas toutes les surprises de la scénographie (assez simple) et des projections totalement magiques qui encadrent parfois les trois murs. On n’a jamais vu la Cour aussi bien habillée et utilisée, jusqu’a nous donner des frissons lorsque la neige s’abat sur Moscou. « Le théâtre ce n’est pas un supermarché, ça donne de l’espoir » aime à dire Simon McBurney.  C’est aussi avec lui une formidable machine qui donne tout simplement du bonheur.    

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr    

THE MASTER AND MARGARITA    

(LE MAÎTRE ET MARGUERITE) DE MIKHAÏL BOULGAKOV    

mise en scène Simon McBurney scénographie Es Devlin lumière Paul Anderson son Gareth Fry costumes Christina Cunningham    

vidéo Finn Ross animation 3DLuke Halls marionnettes Blind Summit Theatre    

avec David Annen, Thomas Arnold, Josie Daxter, Johannes Flaschberger, Tamzin Griffin, Amanda Hadingue, Richard Katz,    

Sinéad Matthews, Tim McMullan, Clive Mendus, Yasuyo Mochizuki, Ajay Naidu, Henry Pettigrew, Paul Rhys, Cesar Sarachu,    

Angus Wright    

production Complicite    

coproduction Festival d’Avignon, Barbican London, Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, Wiener Festwochen (Vienne), Ruhrfestspiele (Recklinghausen)    

en association avec le Theatre Royal (Plymouth)    

avec le soutien du British Council et de PRG    

Le Maître est Marguerite est disponible en Pavillon Poche chez Robert Laffont.    

Durée 3h20 sans entracte    

MC93 – Bobigny 

DU 2 AU 9 FÉVRIER 2013 

SALLE OLEG EFREMOV 

À 20H00 / DIMANCHE À 15H30 (relâche lundi)