Lorsque l’on rencontre cette jeune femme, elle est en course pour le « parcours du combattant » avec son conjoint, Benjamin Lemaître. Ce couple de trentenaire se bat effectivement pour avoir un enfant: tout est difficile, rigoureux, exigent, suppose une discipline de fer et de faire et il faut avancer sous les injonctions de tous.
A la fin de la pièce, il s’est écoulé plus de 3 ans depuis le démarrage du process d’AMP (Aide Médicale à la Procréation). Ils se posent des questions sur leur vie de couple, ne savent plus s’ils veulent encore avoir un enfant mais surtout ne se parlent pas, ou trop peu ou mal.
Progressivement, sous le poids du système au sens large (famille, médical, social et professionnel) le couple se délite. Le corps de Marguerite est soumis à des exigences d’une rudesse et d’une précision sans faille ; à un jour près, à un document manqué, il faut parfois attendre plusieurs mois pour retenter sa chance. L’enfant, objet de tous les désirs depuis toujours, envahit les esprits, devient une lutte, parfois un objet de détestation, de culpabilité, comme s’il fallait laisser faire la nature et que nous voulions aller contre elle.
Mais la pièce ne s’arrête pas là, elle convoque l’enfance et met en lien, par l’intermédiaire d’un médecin laboureur (au sens où Boris Cyrulnik le conçoit) le lien entre cette dernière et la difficulté à procréer. En l’occurrence, elle met plus en lumière l’enfance de Marguerite – sœur du milieu de sa fratrie, emprise d’un système familial toxique (inceste paternel, égocentrisme maternel, violences) et professionnelle en institution de la protection de l’enfance – dans la capacité ou l’incapacité à concevoir un enfant avec Benjamin, lui même brouillé dans ses traumas.
La pièce se veut éveiller le spectateur sur les résurgences traumatiques de l’enfance sur l’adulte, le poids du système familial, l’asservissement à une pensée dominante sans plus se questionner (en l’état, d’avoir un enfant versus vouloir un enfant) et l’émancipation progressive non pour plus (+) d’épanouissement mais uniquement pour ne pas mourir (au sens psychique notamment). La pièce veut enfin partager la difficulté que peut avoir un process de PMA sur l’homme, trop souvent oublié de ces parcours.
« Si c’est une fille on l’appellera Violette »
de Charlotte BraquetGuichet Montparnasse, Paris
Du 4 septembre au 26 octobre 2025
Les jeudis à 20H45 et les dimanches à 18
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