Je voudrais que nous fassions du théâtre comme Bresson faisait du cinéma, lui qui détestait le théâtre. Mais je crois bien que je déteste également le théâtre que détestait Bresson. Bresson détestait aussi le cinéma qui était du « théâtre filmé ». Nous faisons ici le chemin dans l’autre sens (qui n’est pas sens contraire), notre théâtre n’est pas du cinématographe sans écran. Bresson m’apprend plus sur le théâtre que Bergman (pourtant homme de Théâtre).
Aujourd’hui, ma conviction est que toute création a pour postulat le chaos. Ce chaos est précieux et il ne s’agit surtout pas de l’ordonner, le rationaliser : ce serait le faire disparaître et de fait, annihiler toute chance d’émergence de la vie. Il s’agit de donner du temps au chaos, de l’alimenter. Il s’organise de lui-même.
Il est en perpétuel mouvement.
« Scènes de la vie conjugale », c’était d’abord une référence récurrente lorsque nous travaillions sur« Il faut toujours terminer qu’est ce qu’on a commencé », il y avait les scènes d’ensemble et les scènes de couple, les « scènes conjugales » comme nous les appelions. Nous avions alors revu Bergman, nous l’avions commenté. Je voulais, et je veux toujours, créer les conditions d’émergence d’une intimité qui ne supporterait pas le mensonge, le simulacre. La vulnérabilité des acteurs qui ne leur laisse pas d’autre choix que la vérité, puisée dans leur expérience propre. Au travers de tout cela c’est une méthode de jeu (ou de non-jeu) que nous recherchons, des lois. Peu importe Bergman ou Moravia, dans le fond c’est la méthode qui nous occupe.
Dans la recherche de cette vérité, il faut bien sûr que la langue soit celle de l’ici et maintenant, la langue propre de « cette personne qui parle à ce moment ». La langue rend compte de l’état, de la situation, non la situation de la langue. La langue est seconde. Il faut donc renoncer à toute littérature, bien comprendre que la littérature imprime alors que nous exprimons (ça c’est pris à Godard).
Note d’intention de Nicolas Liautard
Scènes de la vie conjugale
Ingmar Bergman
mise en scène Nicolas Liautard
son Thomas Watteau
administration Magalie Nadaud
avec
Anne Cantineau
Fabrice Pierre
Sandy Boizard
Nicolas Liautard
et en alternance
Magali Léris
ou Nanou Garcia
Christophe Battarel
ou Jean-Yves Broustail
ou Nicolas Roncerel
production La Nouvelle Compagnie
coproduction La Scène Watteau – Scène conventionnée de Nogent-sur-Marne, L’apostrophe – Scène nationale de Cergy Pontoise et Val d’Oise
avec l’aide à la création du Conseil général du Val-de-Marne
La Nouvelle Compagnie est conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Île-de-France et le Conseil général du Val-de-Marne
Les oeuvres théâtrales d’Ingmar Bergman sont représentées en France par l’agence DRAMA – Suzanne Sarquier www.dramaparis.com en accord avec la Fondation Bergman www.ingmarbergman.se et
l’Agence Josef Weinberger Limited à Londresdurée estimée 3h30 avec entracte
du 15 au 26 novembre 2014 à La Scène Watteau
représentations à 19h30, relâche les dimanche 16 et 23 novembreL’apostrophe (Cergy-Pontoise) du 6 au 8 janvier 2015, Salle Jacques Brel
(Gonesse) le 28 janvier 2015
La Colline du 22 janvier au 7 février 2016
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