Satoshi Miyagi dirige le Shizuoka Performing Arts Center au Japon. En 2014, il recréé le Mahabharata dans la carrière Boulbon. Cette année Olivier Py lui a confié la Cour d’honneur pour présenter Antigone de Sophocle. C’est la première fois qu’un spectacle étranger ouvre le festival dans son lieu le plus symbolique. Satoshi Miyagi en éprouve une très grande fierté.
Comment vous sentez-vous à quelques heures de l’ouverture du 71ème Festival d’Avignon ?
C’est une grande responsabilité à assumer. C’est la première fois qu’une compagnie étrangère est invitée à ouvrir le festival. Et c’est la première fois que les spectateurs pourront voir un spectacle en japonais dans ce lieu prestigieux.
Avez-vous éprouvé des difficultés pour appréhender la cour d’Honneur ?
C’est un lieu très difficile à maitriser pour un metteur en scène. L’ouverture est gigantesque, elle fait 40 mètres. La profondeur n’est pas si exceptionnelle. Le problème c’est la hauteur du mur qui attire le regard des spectateurs dans la deuxième partie de la salle. Alors comme ils vont voir les comédiens en petit, leur ombre sera projetée sur ce mur.
Antigone est-t-elle une pièce populaire au Japon ?
Elle a été très populaire jusque dans les années 70. Cat Antigone se bat contre le pouvoir, et à l’époque au Japon, les jeunes se battaient contre l’Etat Nation. Depuis notre manière de penser a changé et Antigone a été moins joué. Mais la raison pour laquelle j’ai choisi de monter cette pièce à Avignon, c’est qu’elle nous parle de l’impossibilité de diviser les gens en deux. Nous vivons dans un monde où règne la ségrégation. On veut diviser les gens. C’est ce que refuse de faire Antigone.
C’est un peu bouddhiste comme façon de penser ?
Dans le bouddhisme japonais on retrouve cette pensée de ne pas diviser les gens, mais au contraire de la rassembler de manière très égalitaire. Il n’y a pas de jugement final après la mort.
Quelle sera l’importance de la musique sur scène ?
Elle est très importante. Dans notre compagnie tous les comédiens doivent apprendre le texte, travailler sur le corps et jouer des percussions. Ils doivent savoir jouer en rythme.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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