Enfermé dans une prison pour jeunes délinquants pour un crime qui nous est inconnu, Siggi est puni pour avoir rendu page blanche à une rédaction sur « Les joies du devoir ». En cellule d’isolement le temps de sa punition, il se met soudain à écrire sans relâche, et laisse revenir à lui le flot de ses souvenirs d’enfance. Nous sommes en 1943 et le père de Siggi, policier d’un petit village, est chargé d’apporter à son ami d’enfance le peintre Max Nansen une lettre venue de Berlin lui interdisant de peindre. Nansen, inspiré de la figure d’Emil Nolde, se lance alors dans un cycle de « peintures invisibles », et ce malgré la surveillance impitoyable du policier. Pendant ce temps, le jeune Siggi, en opposition de plus en plus franche à son père, tente de soustraire les peintures à la destruction…
Siggi et le peintre ne sont pas des résistants anti-nazis. Ce n’est pas par choix idéologique mais par fidélité à ce qui les constitue, qu’ils font acte de résistance en s’opposant à l’absurdité et à la violence du régime. Tandis que le policier du village, figure de l’exécutant aveugle, confond « devoir » et « obéissance » jusqu’à en devenir bourreau, le peintre et Siggi, eux, tiennent obstinément leur ligne de conduite individuelle.
Les joies du devoir soulève la question de la place et des choix de l’individu dans la société, de l’éthique personnelle face aux lois politiques et sociales, de l’autonomie face à la norme. Y est aussi mis en lumière le conflit entre les générations, et notamment la difficulté des jeunes nés en Allemagne pendant ou après la guerre à hériter du lourd passé de leurs parents : alors, comment se désengluer du passé ?
LES JOIES DU DEVOIR
Compagnie Le Bal Rebondissant
D’après La leçon d’allemand de Siegfried Lenz (éd. Robert Laffont – trad. Bernard Kreiss)
Mise en scène Sarah Oppenheimdu 15 au 26 mai 2019, Théâtre du Soleil
du mercredi au samedi à 20h, le dimanche à 16h
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