Comment sortir du libéralisme ? Les belges du Raoul collectif se posent cette question avec humour dans Rumeur et petits jours. Le spectacle croise différents courants de pensée. C’est naïf et surréaliste.
Cela débute par une émission de radio lunaire, « Epigraphe« , qui réunit à la table des penseurs et des intellectuels. C’est le dernier numéro de ce happening radiophonique, la direction ayant décidé de supprimer ce programme qui cherche à construire une société différente de celle orchestrée par la pensée libérale. « Il n’y pas de fric de gauche ou de fric de droite, il y a du fric tout court», dit l’un des protagonistes . On s’interroge sur la passion qui peut unir un cheval et une vache qui paissent dans un pré. « Qui va se radicaliser de la vache ou du cheval ? » On écoute le soleil et des chants mexicains ramenés par le Raoul Collectif de leur passage chez les Huichol, un peuple indigène vivant dans la Sierra Madre occidentale au centre-ouest du Mexique. Il y a un peu de l’univers de Desproges et beaucoup des grandes émissions de débats comme « Le masque et la plume » ou « Apostrophe« . Et on se marre franchement.
C’est de l’humour surréaliste et de la poésie naïve, un genre théâtral peu fréquent. Le groupe est volontairement maladroit et nous emmène dans des délires plus ou moins bien réglés. La séance de diapositives pour nous alerter sur des espères rares en voie de disparition est hilarante. La référence au There is no alternative (TINA, en français « Il n’y a pas d’autre choix »), le slogan politique attribué à Margaret Thatcher dans les années 80 est un peu plus brouillon et décousu.
Le groupe tente de construire un nouveau mode de pensée collective. On pense évidemment aux débats de Nuit debout qui ont agité le printemps en France. Le spectacle est érudit. Les références sont nombreuses, pas toujours compréhensibles. Qui connaît la Société du Mont-Pèlerin créée en 1947 et composée d’économistes (dont 8 Prix Nobel d’économie), d’intellectuels ou de journalistes ? Peu de monde. Qu’importe car Rumeur et petits jours est là pour nous ouvrir les yeux sur d’autres modes de pensée face à la domination du libéralisme et du capitalisme. Ces belges le font avec un humour décapant et décalé et nous invitent à la fin du spectacle à prendre la tangente vers le désert…
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Rumeur et petits jours
Conception Raoul Collectif
Costumes Natacha Belova
Lumière Philippe Orivel
Son Julien Courroye
Assistante à la mise en scène Yaël Steinmann
Avec Romain David, Jérôme de Falloise, David Murgia, Benoît Piret et Jean-Baptiste Szézot
Production Raoul Collectif
Coproduction Théâtre national de Bruxelles, Théâtre de Namur, Théâtre de Liège et le Manège.Mons.
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Wallonie-Bruxelles International, Zoo Théâtre et la Chaufferie Acte 1
Durée : 1h20 estiméeFrancophonies en Limousin
26 septembre 20h30
25 septembre 20h30
Espace du Crouzy
Boisseuil21 et 22 novembre 2017
L’Apostrophe – Cergy-Pontoise
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !