La danseuse franco-macédonienne Roxane Stojanov a été nommée fin décembre Étoile de l’Opéra national de Paris. Elle a « envie de tout danser », afin de devenir « une artiste complète ».
« Parfois, je prononce ce mot, ‘étoile’, et je me dis : c’est pas possible, c’est dingue !, s’exclame la danseuse de 29 ans. Je ne savais pas si ça arriverait un jour, ce n’était pas mon moteur, en tout cas, car j’étais déjà très heureuse d’être arrivée là, d’avoir ma place de ‘première danseuse’ [le grade inférieur dans la hiérarchie du ballet, NDLR], avec beaucoup de rôles ». Elle a appris la nouvelle, totalement « inattendue », à l’issue d’une représentation de Paquita de Pierre Lacotte, le 28 décembre dernier. Alexander Neef, directeur général de l’Opéra national de Paris, loue alors son « don » pour « faire rayonner les personnages qu’elle incarne ».
« Quand c’est le spectacle, je ne suis vraiment plus Roxane avec ses doutes et ses exigences. Je suis le rôle que j’incarne », raconte l’intéressée. « À chaque fois, je laisse un bout de moi sur scène », ajoute celle qui aime à se définir comme un « caméléon » explorant tout autant les répertoires classique, néoclassique que contemporain. Une polyvalence, alliée à une technique et un charisme, que le public pourra constater ces prochains mois : au Palais Garnier, elle interprète ce vendredi Olga, dans Onéguine de John Cranko, parmi les chefs-d’oeuvre des ballets classiques narratifs du XXe siècle. Fin mars, on la verra dans le solo dit « au bidet » et comme « reine des aspirateurs » dans Appartement (2000), du chorégraphe suédois contemporain Mats Ek. Enfin, elle sera Sylvia dans le ballet éponyme de Manuel Legris, actuel directeur du ballet de la Scala de Milan, une oeuvre qui entre en mai au répertoire de l’Opéra de Paris.
« Équipe avec son corps »
Exigeante, adepte de « moments de recherche » en studio, tout comme du travail de documentation via les captations vidéo de ballets, la neuvième étoile femme de la compagnie – qui compte 154 danseurs au total – fonctionne aussi « à l’instinct ». « Une fois le travail effectué, j’arrive, sur scène, à dépasser la chorégraphie et je me lâche vraiment ».
Née en 1995 à Auch, d’un père diplomate macédonien et d’une mère traductrice, Roxane Stojanov, qui a la double nationalité, a vécu à Skopje de cinq à neuf ans. C’est là qu’à huit ans, elle prend ses premiers cours, apprentissage qu’elle poursuit à Bruxelles, où la famille réside quelque temps. À douze ans, elle entre à l’École de danse de l’Opéra, puis, six ans plus tard, est engagée dans le corps de ballet, où elle gravit les échelons. Les rôles dont elle rêve ? « J’ai envie de tout, je me sens capable de tout par le travail », répond-elle. Et de citer, entre autres, celui de Marguerite dans La dame aux camélias, ballet néoclassique, le premier sur lequel elle a été distribuée – en tant que remplaçante – en entrant dans l’institution.
Opérée à un genou après une fissure du ménisque en 2021 – ce qui l’a forcée à six semaines de rééducation –, la longiligne étoile assure « former une bonne équipe avec [son] corps ». « C’est comme une autre personne, on se parle. S’il a des choses à me dire, j’écoute ». « Ce métier est dur mais, quand on aime ce qu’on fait, on transforme tout en opportunités, on cherche à grandir avec tout ce qui nous arrive ». Parmi ses projets, celui de tisser « un lien avec ses deux pays, la France et la Macédoine ». À l’occasion, elle « adorerait aller danser là-bas ».
Karine Perret © Agence France-Presse
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