Auteur, illustrateur, metteur en scène, drôle sur papier comme dans la vie… Tel Copi ou Jodorowsky, Roland Topor est l’une de ces figures artistiques multiples qui ont marqué la deuxième moitié du XXe siècle. Le directeur du Théâtre du Rond-Point, Jean-Michel Ribes, est particulièrement fidèle au maintien en vie de son « esprit » : après avoir donné le nom de Topor à une salle de l’établissement qu’il dirige il y a une dizaine d’années, et après avoir animé régulièrement des soirées hommages à l’artiste, Ribes (avec qui Topor a collaboré à l’émission Palace), a créé cette année « Les Topor – Les Prix de l’inattendu ».
Mais si Topor a eu droit à sa rétrospective à la BnF en 2017, au théâtre, en dehors du Rond-Point, il est un artiste désormais (relativement) confidentiel. Depuis sa mort en 1997, il est rarement monté. Son aura continue néanmoins de colorer les mémoires, notamment grâce à quelques collaborations marquantes.
Ses entrechats avec Jean-Michel Ribes ont conduit le duo à créer Batailles, au Théâtre de l’Athénée en 1983, puis repris plusieurs fois, notamment au Rond-Point en 2008. Cette succession de duos sur le thème du conflit reflète à merveille l’esprit qui liait les deux hommes : dans leurs histoires délirantes, parfois absurdes et néanmoins sensées, le rire sort toujours vainqueur.
Autre collaboration importante dans la vie de Topor, celle avec Jérôme Savary, avec qui il crée notamment Noël au front, d’abord au Théâtre National de Strasbourg, puis au Théâtre National Populaire et enfin à Avignon en 1982. Encore des histoires de rivalités (entre allemands et français à Verdun), mais encore plus de rire, de qui pro quos et de sous-entendus. Topor travaille de nouveau avec Savary sur d’autres textes, Les Aventures de Zartan, De Moïse à Mao : 5000 ans d’aventures, et lorsque le second est directeur du théâtre de Chaillot, ce dernier invite Topor à monter Ubu Roi d’Alfred Jarry, la pièce considérée comme la plus dadaïstes par les dadaïstes eux-mêmes ! Il en composera la mise en scène, les costumes et la scénographie.
Le chemin de Topor sur scène ne s’arrête pas là. Au début des années 2000, Zabou Breitman monte L’Hiver sous la table au Théâtre de l’Atelier, une rencontre entre une traductrice et un immigré Polonais (comme le père de Topor), à Paris au milieu du XXe siècle. Jean-Louis Jacopin s’est également attaqué à Topor, il a mis en scène l’un de ses romans les plus célèbres, le cauchemardesque Joko fête son anniversaire au Théâtre de l’Odéon en 1990 et en 2008 il crée Signé Topor à La Comète de Châlons-sur-Saône.
Toute sa vie, de la fin des années 1970 au Théâtre Marie-Stuart, jusqu’à sa mort, Topor s’est intéressé à l’écriture dramatique. Certaines de ses pièces sont (quasiment) inédites sur scène ou n’ont pas vocation à y être montées. Le théâtre de Topor est un champs qui reste largement à (re)découvrir pour les metteurs en scène en quête de textes qui racontent le monde d’une façon étrange, drôle et pour le moins unique.
Hadrien Volle – www.sceneweb.fr
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