En prenant pour héros et modèle le voyou justicier, le collectif Le Grand cerf bleu questionne dans Robins – Expérience Sherwood les notions d’engagement politique et d’aspiration à un mode de vie alternatif mais il s’égare en route, faute de propos.
Convoquer au plateau une figure aussi légendaire que celle de Robin des bois c’est voir ressurgir le héros de notre enfance. Collants et tunique vert Lincoln, chapeau à plume et fin carquois, le brave hors-la-loi est de toutes les mémoires fascinées. L’expérience qu’annonce le titre du spectacle est celle d’un aller-retour continu entre la légende populaire du XIe siècle revisitée et l’actualité de notre monde déglingué. Valider la pertinence du personnage et de ses actions transgressives au présent, c’est ce que tentent de faire les sept acteurs sur scène se présentant à la fois comme de jeunes gens d’aujourd’hui et de drôles de ménestrels médiévaux. Avec un certain abattage mais aussi un manque crucial de profondeur à laquelle est volontairement privilégiée une envahissante dérision, ils font entendre des sujets éminemment politiques telles que la justice sociale, l’éradication de la misère, la contestation de la loi et des modèles, l’aspiration à l’égalité, à la liberté, à la désobéissance civile, à une société moins formatée, plus engageante et engagée. L’écologie politique, sociale et féministe s’invite également au cœur du propos. Sur un ton familier et distancié, se brassent bon nombre d’idées et de clichés, à l’occasion entre autres de vraies fausses interview d’éminents savants ou de gens lambda, historiens ou militants.
Cela commence dans le noir tandis que se font entendre les bruissements de la nature de plus en plus sourds qui laissent place au chant choral et mélodieux d’anciens instruments à cordes. L’ambiance s’apparente à celle d’une veillée de camp autour d’une table en bois où trônent quelques bouteilles de bières sous un grand arbre protecteur. La forêt se présente comme un refuge où peut s’inventer un mode de vie communautaire pour exclus qui déclarent la guerre à tout ce qui peut nuire, dominer, et vivent résolument cachés en assumant leur marginalité avec le gland pour nouvelle monnaie.
Indéniablement, les artistes du collectif sont sympathiques et talentueux. Tous sont bons comédiens, fin musiciens, drôles et complices, emmenés par l’écriture et la mise en scène hélas faillibles du trio que forment Laureline Le Bris-Cep, Gabriel et Jean-Baptiste Tur, déjà signataires d’une libre adaptation de La Mouette de Tchekhov pour le coup très réussie. Robin Expérience Sherwood, leur dernier spectacle présenté sur la scène du théâtre 13, paraît certes ludique dans sa volonté de se présenter comme un décryptage farcesque des maux de la société mais il est bavard, décousu, tombe trop souvent dans la facilité, la médiocrité d’une parodie de théâtre documentaire ou de réunion syndicale, de forme d’agitprop, de show historique etc.
La thématique choisie était fort prometteuse et vraiment pertinente par les temps qui courent. Elle méritait d’être traitée d’une manière plus consistante et incendiaire plutôt que de rester plantée au stade de la blague. Noyé dans l’esthétique et l’humeur d’une kermesse décourageante, son propos n’est pas bien audible et incisif. Lorsque un faux spectateur se lève et se met à éructer, bouffi de hargne hystérique, pour protester contre le spectacle proposé, l’un des comédiens se justifie mollement dans la confusion : « c’est bon enfant ! ». Cela est vrai et peut être tout à fait séduisant. Mais cela ne suffit pas pour porter le spectacle à la hauteur de ses bonnes intentions.
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr
ROBINS – Expérience Sherwood
Écriture et mise en scène Laureline Le Bris-Cep, Gabriel Tur et Jean-Baptiste Tur
Avec Thomas Delpérié, Adrien Guiraud Laureline Le Bris-Cep, Nolwenn Peterschmitt, Gabriel Tur, Jean-Baptiste Tur, Richard Sammut
Dramaturgie et traduction Clément Camar Mercier
Lumière et régie générale Valentin Paul
Son Emile Wacquiez
Conception scénographie collective Laureline Le Bris-Cep, Gabriel Tur Jean-Baptiste Tur et Valentin Paul
Assistanat à la mise en scène Juliette Prier
Coaching vocal Jeanne-Sarah Deledicq
Administration Production Diffusion Léa Serror
Administration de production et de tournée Mathis Leroux
Remerciements Anna Bouguereau, Hugues Duchêne et Marine CerlesProduction Le Grand Cerf Bleu
Coproduction Théâtre de la Cité – centre dramatique national Toulouse Occitanie (31), Scène nationale d’Aubusson (23), La Passerelle – Scène nationale de Saint-Brieuc (22), L’Espace des Arts – Scène nationale de Chalon-sur-Saône (71), L’Archipel – Scène nationale de Perpignan (66), Collectif En Jeux*, Théâtre Roger Barat – Herblay-sur-Seine (95).
Avec l’Aide à la création de la DRAC Occitanie et de la Région Occitanie
Accueil en résidence La Manufacture – Centre Dramatique national de Nancy-Lorraine, Théâtre de L’Union – Centre dramatique national de Limoges, Le Théâtre Molière – Sète, Scène nationale archipel de Thau, Le CENTQUATRE-PARIS, L’Espace des Arts – Scène nationale de Chalon-sur-Saône, Théâtre des les Vignes, Théâtre de la Cité – centre dramatique national Toulouse Occitanie
Ce spectacle reçoit le soutien d’Occitanie en scène dans le cadre de son accompagnement au Collectif En Jeux.
Le Grand Cerf Bleu est compagnon de la Scène nationale d’Aubusson depuis 2016.* Les membres du Collectif En jeux pour la saison 20-21 : L’Estive, scène nationale de Foix et de l’Ariège (09), Théâtre en Garrigue, Port-la-Nouvelle (11), Le Théâtre dans les Vignes, Couffoulens (11), Théâtre des 2 Points, scène conventionnée d’intérêt national Art en territoire, Rodez (12), Théâtre de la Maison du Peuple, scène conventionnée d’intérêt national Art en territoire, Millau (12), Le Périscope, scène conventionnée d’intérêt national art et création pour les arts de la marionnette, le théâtre d’objet et les formes animées, Nîmes (30), L’Ombrière et les ATP d’Uzès (30), La Grainerie, fabrique des arts du cirque et de l’itinérance, Balma / Toulouse Métropole (31), Théâtre du Grand Rond, Toulouse (31), Théâtre Jules Julien, Toulouse (31), Théâtre Sorano, Toulouse (31), ThéâtredelaCité, centre dramatique national Toulouse Occitanie (31), Le Neufneuf festival / Compagnie Samuel Mathieu, Toulouse (31), Théâtre Jean Vilar, Montpellier (34), Domaine d’O, Montpellier Méditerranée Métropole (34), Bouillon cube, Caussede-la-Selle(34), Chai du Terral, Saint-Jean-de-Védas (34), Le Kiasma – L’Agora , Castelnau-le-Lez et Le Crès (34), La Bulle Bleue, Montpellier (34), Théâtre Albarède, Ganges (34), Théâtre Molière-Sète , scène nationale archipel de Thau (34), Théâtre Jacques Coeur, Lattes (34), La Cigalière, Sérignan (34), Le Théâtre des 13 Vents, centre dramatique national Montpellier Occitanie (34), Scénograph, scène conventionnée pour le théâtre et le théâtre musical, Figeac / Saint-Céré (46), L’Astrolabe, Figeac (46), Scènes croisées de Lozère, scène conventionnée d’intérêt national Art en territoire, Mende (48), Service Culturel de la Ville d’Alénya (66).
Durée : 1h50
Du 28 septembre au 8 octobre 2021 – Théâtre 13 / Seine, Paris (75)
Le 15 octobre 2021 – Théâtre de L’Usine – Le Scènograph, Saint-Céré (46)
Le 9 novembre 2021 – Théâtre Molière – Sète, Scène nationale archipel de Thau (34)
Les 18 et 19 novembre 2021 – Théâtre de Vanves, scène conventionnée (92) dans le cadre du festival OVNI
Du 22 au 24 mars 2022 – Report 2020-2021 – L’Archipel, Scène nationale de Perpignan (66)
Le 1er ou le 2 avril 2022 – Centre Culturel des Corbières, Lézignan-Corbières (11)
le 8 avril 2022 – Théâtre Roger Barat – Herblay-sur-Seine (95)
Les 26 et 28 avril 2022 – Théâtre de Lorient, Centre dramatique national (56)
Les 3 et 4 mai 2022 – La Passerelle, Scène nationale de St-Brieuc (22)
Le 31 mai et 1er juin 2022 – L’espace des Arts, Scène nationale de Chalon-sur-Saône (71)
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