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Robin Renucci dans la torpeur d’Oblomov

À la une, Dijon, Les critiques, Limoges, Moyen, Théâtre
Sigrid Colomyès

Photo Sigrid Colomyès

Aux commandes de l’adaptation de Nicolas Kerszenbaum, le directeur des Tréteaux de France ne parvient pas à restituer toute la profondeur et la subtilité du roman d’Ivan Gontcharov. La faute à un manque d’intensité scénique qui se corrigera, peut-être, avec le temps.

Ces dernières semaines, Les Tréteaux de France se sont démultipliés. Emmenée par son directeur, Robin Renucci, la troupe a fait, cet été, le tour des bases de loisirs franciliennes avec un Britannicus masqué, repris, ces jours-ci, à la Villette, un Bérénice créé l’an passé, et abandonné, plus récemment, les alexandrins raciniens pour s’emparer du non moins bel univers d’Ivan Gontcharov et de son Oblomov. Une création qui ne s’est pas concrétisée sans vents contraires. Un temps prévue au Théâtre Dijon Bourgogne, elle a finalement dû être ajournée à cause du Covid-19, qui a touché une large partie de l’équipe artistique au cours des répétitions. Un coup du sort qui, au-delà de l’annulation des dates dijonnaises, faisait encore sentir ses effets, quelques jours plus tard, au soir de la première à l’Espace Jean Legendre de Compiègne.

Visiblement fatigué, le quintette de comédiens, conduit par Xavier Gallais, n’est pas parvenu, malgré son engagement, à créer d’étincelles et à restituer toute la profondeur du roman d’Ivan Gontcharov, habilement adapté par Nicolas Kerszenbaum. De cette oeuvre maîtresse de la littérature, voire de la culture, russe, ne subsiste alors que l’écume, celle produite par un homme, Oblomov, qui contemple le temps qui passe au lieu de vivre sa vie. Engoncé dans son lit, cet héritier du domaine Oblomovka se complait dans la paresse qu’il chérit comme son bien le plus précieux. Au bord de la banqueroute, devenu la risée de son entourage, il est le symbole de cette noblesse russe du milieu et de la fin du XIXe siècle, pétrie de nostalgie et confite dans son oisiveté. Un ankylosement de l’âme et du corps, contre lequel Olga, par le rayonnement lumineux qu’elle génère, va tenter de lutter. Tombée en amour pour Oblomov, elle espère le ressusciter, le ramener à la société. En vain, pressent-on, tant les forces qui gouvernent l’homme sont puissantes.

Cette torpeur, Robin Renucci aurait pu chercher à la ramener jusqu’à nous, à la faire résonner avec nos sociétés, coincées entre une injonction collective à l’accélération et une tentation individuelle au ralentissement. Au contraire. Par ses choix de costumes et de décor, le metteur en scène ancre pleinement la pièce dans son époque, plutôt que dans la nôtre, et contribue à la mettre à distance. Surtout, son espace scénographique, aussi élégant que justifié dramaturgiquement – telle une boîte davantage tournée vers l’intérieur qu’ouverte vers l’extérieur, à l’image de son principal occupant –, donne une impression de beauté glacée et creuse le fossé entre le plateau et la salle. Au lieu d’être invités au côté d’Oblomov, et de ses tourments, voilà les spectateurs confortés dans leur rôle d’observateurs passifs, contraints à rester en surface, comme remisés au pas de la porte de ce qui se dit, se vit et se joue.

Pour fendre cette atmosphère à l’onirisme presque trop délicat et imposer un certain rythme, les comédiens auraient dû redoubler d’intensité. Las. Handicapés par une régie lumières à la précision toute relative, ils semblent dérouler plutôt que d’incarner. Sage et monochrome, excepté dans quelques rares fragments plus osés, leur jeu ne parvient pas à suivre la courbe des cœurs, à reconstituer l’espoir, puis le dépit, à donner à Oblomov le caractère ambigu qui lui revient. Si l’histoire est là, et bien là, elle peine à toucher et à cheminer dans les montagnes russes de l’âme humaine édifiées par Gontcharov. Peut-être faut-il encore un peu de temps, et de pratique, aux Tréteaux de France pour s’emparer totalement de la subtilité et de la complexité de cette oeuvre qui relève, plus que d’autres, de l’orfèvrerie.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Oblomov
Adaptation Nicolas Kerszenbaum
d’après le roman d’Ivan Gontcharov
Traduction Luba Jurgenson
Mise en scène Robin Renucci
Avec Emmanuelle Bertrand, Gérard Chabanier, Pauline Cheviller, Valéry Forestier, Xavier Gallais
Scénographie et lumière Samuel Poncet
Lumière Julie-Lola Lanteri
Costumes Jean-Bernard Scotto
Assistante à la mise en scène Luna Muratti

Production Les Tréteaux de France – Centre dramatique national
Coproduction Châteauvallon – Le Liberté Scène nationale, Espace Jean Legendre – Théâtre de Compiègne

Durée : 2h30

Théâtre La Colonne, Miramas
le 10 novembre 2020

Salle des fêtes de Verneuil-sur-Avre
le 14 novembre

Théâtre de l’Esplanade, Draguignan
le 24 novembre

Châteauvallon – Le Liberté Scène nationale
les 27 et 28 novembre

Théâtre de l’Union – Centre dramatique national, Limoges
le 9 décembre

Espace culturel des Corbières, Lézignan
le 2 février 2021

15 octobre 2020/par Vincent Bouquet
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