A la suite du succès rencontré par La Femme de ma vie, le comédien se lance dans la création d’un nouveau monologue d’Andrew Payne, Une Jolie Robe. Toujours seul, et en direct, aux commandes de sa tablette, il est cette fois dirigé par le metteur en scène Patrice Kerbrat qui s’est approprié l’outil numérique.
Après un an d’expérience « zoomesque » et 75 représentations de La Femme de ma vie, qui auront attiré plus de 1 500 spectateurs, Robert Plagnol aurait pu décider de raccrocher les gants. Au contraire. S’il met effectivement un terme à l’exploitation de ce premier opus, ce n’est que pour mieux se consacrer à sa nouvelle création, Une Jolie Robe, qu’il jouera, à partir du 24 avril, les jeudis, vendredis et samedis à 21h. Toujours en direct et toujours sur Zoom. Sur le papier, la promesse semble similaire : seul aux commandes de sa tablette, le comédien se filmera en train d’interpréter un monologue d’Andrew Payne depuis, non plus une chambre d’hôtel, mais un appartement de Boulogne-Billancourt prêté par un ami. « A ceci près que j’ai pu, pour celui-ci, être dirigé par un metteur en scène en la personne de Patrice Kerbrat, précise-t-il. Pour La Femme de ma vie, je m’étais seulement appuyé sur le travail que nous avions réalisé avec Gilles Bannier lors de la création du spectacle, en 2018, au Festival d’Avignon, mais nous avons, cette fois, répété pendant six semaines, comme pour une représentation conçue pour un plateau. »
Organisées à distance, ces sessions de répétitions ont permis à Patrice Kerbrat de s’approprier le dispositif et d’en faire un véritable outil de création plutôt qu’un simple canal de diffusion. « J’ai essayé de mettre en scène pour et avec cet instrument qui a son intérêt et ses limites, explique-t-il. Cette expérience est particulière car elle se trouve à la lisière. Ce n’est ni du cinéma, ni de la télévision, ni du théâtre et, en même temps, un peu de tout ça. Ce cadre imposé s’est révélé plus créateur que je ne le pensais, malgré les moyens réduits et les contraintes nombreuses. »
Forme intimiste
A commencer par le champ d’action du comédien, forcément plus restreint que sur une scène classique. « Lors de mes précédentes créations, j’avais coutume de dire aux acteurs que ce sont eux qui sont responsables des gros plans, sauf que, dans ce cas précis, c’est vraiment ce qui se passe, puisque Robert est son propre cadreur et son propre preneur de son, poursuit Patrice Kerbrat. Il n’a, il est vrai, que le haut de son corps pour s’exprimer, mais je ne ressens aucun manque par rapport à cela. D’autant que le visage, le cou et les épaules sont capables de raconter tout le reste. » Et Robert Plagnol d’abonder : « La seule chose qui s’ajoute par rapport à une représentation classique, c’est la gestion de la tablette qu’il faut parfois posée, parfois bougée. Mis à part ce point précis et le fait de ne pas avoir besoin de projeter sa voix, le jeu est extrêmement semblable, les plans serrés offrant simplement une forme plus intimiste. »
Et c’est bien là que la proposition trouve, à en croire le comédien, l’une de ses forces. « A la sortie, les spectateurs sont fascinés par la forme car ils ont l’impression que je n’ai joué que pour eux, assure-t-il. Or, ils ont aussi la sensation du direct et d’être ensemble puisque, grâce à Zoom, ils peuvent échanger avant et après la représentation, et profiter d’un rituel d’accueil – ouverture de la salle, extinction des micros et des caméras… – semblable à celui d’un théâtre. » A tel point que, même une fois les salles de spectacle rouvertes, Robert Plagnol compte bien poursuivre son aventure numérique. « Je ne crois pas qu’il s’agisse d’une parenthèse, mais bien d’une forme nouvelle et pérenne qui n’a pas pour volonté de remplacer les théâtres, mais simplement de faire du théâtre, estime-t-il. C’est d’autant plus pertinent que les gens n’ont pas toujours une salle de spectacle à côté de chez eux et que plein de projets ne sont pas programmés. » Encore faudra-t-il, et c’est la grande inconnue, que le public soit toujours au rendez-vous.
Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr
Une Jolie Robe
Texte Andrew Payne
Mise en scène Patrice Kerbrat
Avec Robert Plagnol
Lumières Laurent Béal
Décor Bruno SchochDurée : 1h15
En direct sur Zoom depuis Boulogne-Billancourt, via le site Direct au Théâtre
A partir du 24 avril 2021, les jeudis, vendredis et samedis à 21h
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