Robert Hirsch, notre Père

C’est l’un des évènements de cette rentrée. Robert Hirsch, 87 ans est toujours à l’affiche. Florian Zeller lui a écrit cette pièce « Le Père ». Une écriture en forme de cri d’amour pour l’un des monstres sacrés du théâtre français. Le sociétaire honoraire de la Comédie-Française a toujours l’œil qui pétille. Et dans ce rôle d’un père sur la fin de sa vie, malade et atteint de perte de mémoire, il est touchant.

Comment veiller sur nos ainés dont la durée de vie s’allonge ? C’est toute la problématique de la pièce. Anne (Isabelle Gélinas) accueille son père chez elle. Elle croit pouvoir le faire cohabiter dans sa vie, avec son mari. Cela ne se fait pas sans mal. Ce père si amusant va révéler des pointes de méchanceté. « C’est moi qui hériterait d’elle. (…) Je prouverai comment elle a été manipulatrice. »

L’écriture de Florian Zeller sème le doute, c’est un jeu de piste. On entre dans les pertes de mémoires du Père par un subtil jeu de dédoublement des rôles jusqu’à ce demander par moments s’il est vraiment malade et atteint d’Alzheimer. La pièce est aussi un formidable regard sur la façon dont on s’adresse aux ainés en les infantilisant.

La mise est scène est une succession de courtes scènes de vie. Robert Hisrch est toujours aussi virevoltant. Florian Zeller a écrit des scènes faisant référence à son passé de danseur, lui permettant d’esquisser quelques pas de claquettes qui forcent l’admiration. Il fait le clown, il est heureux.

Puis le couperet va tomber pour André. Sa fille ne peut plus se charger de lui. Alors on l’accompagne dans une chambre impersonnelle d’une maison de retraite, là où il va finir sa vie. Le vieil homme pleure et réclame sa maman. C’est tout simplement poignant.

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr – critique au moment de la création en 2012. La distribution est modifiée pour cette reprise à la Comédie des Champs-Elysées

Le Père

Florian ZELLER

Mise en scène : Ladislas CHOLLAT

Avec Robert HIRSCH, Florence PERNEL, Jean-Pierre BOUVIER, Emmanuel PATRON, Elise DIAMANT, Sophie BOUILLOUX (en alternance), Marie PAROUTY (en alternance)

Durée 1h40