Voir. Voir ce qu’on n’avait pas encore vu. Ou à peine conçu. Déplacer le regard. Gratter la surface ou le vernis. Prendre le temps de s’arrêter pour creuser ou se donner le droit de fuser. Oser le geste qui crée, qui invente, les vérités insolentes. Dire la violence et le terrible des temps avec les mots de l’art. Sans préjugés de forme, chercher est une nécessité. Relier les détails à l’universel. Découvrir le sublime au croisement du trivial et accoucher d’étoiles filantes au coeur du chaos. “Un livre doit être comme une hache qui brise la mer gelée en nous”, écrivait l’ange du moderne Franz Kafka, extra lucide, avec l’humour du désarroi dans une lettre à son ami Oskar Pollak, en 1904. Et si nous disions la même chose d’un spectacle en ce XXIe siècle qui fonce ? Si RING adoptait cette exigence comme prix de sa liberté ? Fondamentale. Le gong résonne pour un combat qui comprendra de nombreux rounds. Ces coups ne font pas mal, ils nous réveillent, ils nous secouent. Des visions singulières et des frontières traversées. Des gangs d’artistes venus d’Italie, du Chili, d’Argentine ou d’Angleterre, de Russie, de Belgique ou de Lorraine…
RING, c’est aussi Babel et toutes ses langues (toujours traduites, évidemment !) qui définissent un langage commun, celui de la scène, celui de l’indicible, des plus subtiles intentions, entre les mots. Intersections de sens qui font toute la magie du théâtre. Un corps dressé face à un tank, la possibilité d’un pardon, le rêve et le remords, Cendrillon, une infirmière à pictogrammes, Sandokán, clochard céleste qui clame son état d’homme… On croise aussi un savon géant comme un cheval de Troie. Et de l’esprit, toujours, mais jamais sans matière. L’illusion est-elle plus vraie que la réalité ? Où en est l’humain ? Où en est la machine ? Les cartes sont rebattues et qui se perd trouve. Le théâtre affirme son unicité, le présent de sa présence. Avec vigueur.
RING, ce sont des scènes alliées et explosées, de la Manufacture au CCAM de Vandoeuvre-lès-Nancy, de l’Amphi Déléage à l’Ensemble Poirel, du Lycée Stanislas à Villers-lès-Nancy au CLEJ de Jarville-la-Malgrange, du Ballet de Lorraine au Conservatoire Régional du Grand Nancy, à l’Ensemble scolaire Notre-Dame / Saint-Sigisbert, au Théâtre Mon Désert et sur la Place Charles III. Autour d’Examen s’inaugure un nouveau partenariat avec l’Université de Lorraine à Metz, Nancy et Épinal. Un parcours qui dessine la carte de nos désirs. Des images qui tournoient ou qui claquent, des émotions fortes et toujours la musique qui nous entraîne. Des DJ, des concerts, un restaurant où l’on se croise et où se rencontrent les enthousiasmes, laissant toujours de la place pour des surprises… RING est polyphonique et hybride comme le monstre de Frankenstein, remuant et parfois inquiétant. Mais il ne faut pas en avoir peur car au fond il est tendre. Juste contemporain. C’est tout ça, RING. Viscéralement.
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