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Rigoletto, le bouffon verdien entre dans la danse

A voir, Les critiques, Nancy, Opéra

© Jean-Louis-Fernandez

Richard Brunel transpose le chef-d’œuvre de Verdi dans le milieu du ballet. Sa mise en scène habile et sensible fait se rencontrer les chanteurs lyriques réunis et l’ancienne Étoile de l’Opéra de Paris Agnès Letestu dont la danse poétise la violence et la douleur contenues dans la pièce.

Pour s’attaquer au premier opus de la « trilogie populaire » de Verdi dont il a déjà mis en scène La Traviata et Il Trovatore, Richard Brunel a cherché un cadre qui ne soit pas la cour frivole et décadente de Mantoue décrite dans le livret mais un nouveau décor où s’exacerbent néanmoins la séduction comme les rapports de force et de pouvoirs qui irriguent l’intrigue. Pour ce faire, il place l’opéra dans l’organisation hiérarchisée d’une compagnie de ballet. On avait déjà vu Rigoletto en clown triste au centre d’une piste de cirque encerclée de gradins rouges dans la mise en scène inventive de Robert Carsen, voici le bouffon verdien, lui si laid et difforme, désormais propulsé dans le temple de la beauté normée et idéalisée.

Richard Brunel invente et habite un espace monumental, mobile, pluriel, qui donne à voir les différents endroits d’un théâtre en activité : son studio de répétition où les danseurs s’échauffent traditionnellement à la barre, ses coulisses survoltées, ses loges dont l’une est la petite chambre de Gilda aux murs placardés d’idoles de la danse et enfin le plateau où se donne la représentation d’un spectacle seulement perceptible par sa retransmission sur deux moniteurs. Obnubilé par le mouvement, Brunel orchestre brillamment l’effervescence du milieu qu’il dépeint à l’occasion d’allers-retours incessants des danseurs, interprètes, choristes, figurants.

Bien que nécessairement distanciée, la relecture très pêchue qui est proposée fait de nombreux échos à la société contemporaine tout en restant fidèle au caractère mélodramatique de l’œuvre et à la complexité psychologique qu’elle développe. On retrouve les mêmes qualités d’efficacité rythmique et dramatique chez les chœurs et l’orchestre de l’Opéra national de Lorraine, nécessairement réduits mais particulièrement alertes, qui accompagnent la distribution sous la direction du chef Alexander Joel.

Dans cette nouvelle version de l’opéra de Verdi, le duc de Mantoue se présente comme à la fois chorégraphe et directeur artistique, vorace et licencieux, tandis que Rigoletto est un danseur sur le retour devenu maître de ballet, non pas bossu et grimaçant mais simplement infirme, blessé physiquement comme moralement. Le premier est campé par Alexey Tatarintsev, un ténor qui n’est certainement pas avare en aigus fort sonores mais bien trop souvent fâché avec la nuance. Celui-ci peine à rendre crédible et séduisant son personnage de libertin enflammé. Même face à Francesca Ascioti fait une géniale vampe de cabaret dans le rôle de Maddalena.

Agnès Letestu, Juan Jesus Rodriguez et RFrancesca Ascioti © Jean-Louis-Fernandez

En revanche, Juan Jesus Rodriguez impose avec un formidable aplomb et une telle évidence un Rigoletto très charismatique. Le rôle souvent confié à de vaillants vétérans se refait ici une jeunesse et bénéficie de la plénitude d’une voix ample et d’un chant puissant qui intensifie avec éloquence l’autorité comme la vulnérabilité du rôle-titre. Le baryton forme le couple phare du spectacle avec Rocio Perez qui chante une Gilda toute pimpante. La jeune soprano, pleine d’alacrité vocale et scénique, est aussi fine et menue que son père impose une silhouette haute et sombre. Elle prête joliment une allure adolescente à celle qui se rêve devenir jeune ballerine, occasion pour la chanteuse de vocaliser sur pointes la fin de son très beau Caro nome. Complétée par le percutant et glaçant Sparafucile de Önay Köse et de solides seconds rôles, la distribution comprend la luxueuse présence d’Agnès Letestu, danseuse toujours gracile, qui incarne la défunte épouse de Rigoletto et mère de Gilda, une figure aussi bien spectrale que tutélaire. En se mouvant tout en lignes souples, courbes ou plus anguleuses, parfois au bord de la dislocation, elle accompagne et console les destins tragiques des personnages maudits.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Rigoletto, opéra en trois actes
Créé au Teatro La Fenice à Venise, le 11 mars 1851

Nouvelle production Opéra national de Lorraine

Coproduction Opéra de Rouen Normandie, Opéra de Toulon, Théâtres de la Ville de Luxembourg

Livret
Francesco Maria Piave, d’après la pièce de Victor Hugo, Le Roi s’amuse

Musique
Giuseppe Verdi

Direction musicale
Alexander Joel
Orchestre de l’Opéra national de Lorraine

Chef de choeur
Guillaume Fauchère
Chœur de l’Opéra national de Lorraine

Mise en scène
Richard Brunel

Décors
Etienne Pluss

Costumes
Thibault Vancraenenbroeck

Lumières
Laurent Castaingt

Collaboration aux mouvements
Maxime Thomas

Dramaturgie
Catherine Ailloud Nicolas

Assistanat à la mise en scène
Alex Crestey

Le Duc de Mantoue
Alexey Tatarintsev

Rigoletto
Juan Jesús Rodríguez

Gilda
Rocío Pérez

La mère de Gilda
Agnès Letestu

Sparafucile
Őnay Köse

Maddalena
Francesca Ascioti

Comte Monterone
Pablo Lopez

Marullo
Francesco Salvadori

Borsa
Bo Zhao

Comte Ceprano
Samuel Namotte

Giovanna
Aline Martin

Le Page
Inna Jeskova

Comptesse Ceprano
Jue Zhang

Opéra de Toulon
5, 7 et 9 octobre 2023
Avec une autre distribution

26 juin 2021/par Christophe Candoni
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