Un empereur aussi ridicule que dément décrète la guerre ultime, celle qui achèvera de décimer son peuple. « Mais la Mort, offensée mortellement par l’agitation, le rythme exagéré et la mécanisation de la vie moderne, brise son épée et décide de donner une leçon à l’humanité : désormais, nul ne pourra plus mourir ! » Les soldats s’affrontent en vain et redécouvrent l’amour. Un peuple commence à se relever. Le principe même de la vie renaît. Mais peut-on vivre dans un monde où l’on ne peut mourir ? Comment ne pas penser au Dictateur de Chaplin devant ce tyran confronté comme un enfant aux limites de sa toute-puissance ? L’Empereur d’Atlantis est une formidable pièce à charge contre tous les totalitarismes. On y sait rire en pleurant.
Élève de Schoenberg, Viktor Ullmann (1898-1944) est interné en 1943 à Terezín, camp dont l’absolue perversité propagandaire abusa en son temps le Comité international de la Croix-Rouge. C’est là qu’il compose L’Empereur d’Atlantis sur un livret de Peter Kien. De Weill à Hindemith, sa partition pour sept solistes et un ensemble instrumental de treize musiciens voyage entre musique savante et populaire. Joyeuse ou poignante, mais toujours traversée d’une vitalité qui nous laisse interdits d’admiration, elle emprunte aussi bien au jazz qu’à l’expressionnisme viennois ou au cabaret.
Ce chef-d’œuvre, bref et rayonnant comme le fut l’éphémère foyer artistique de Terezín, fit silence pendant trente ans avant d’être porté à la scène. C’est dire si cette nouvelle production de l’Opéra national de Lyon, répétée et créée à la Comédie de Valence par Richard Brunel, est un événement attendu.
L’EMPEREUR D’ATLANTIS
OU LE REFUS DE LA MORT
Der Kaiser von Atlantis oder die Todverweigerung
Opéra en un acte de Viktor Ullmann
Pièce en un acte, répétée en 1943 et créée en 1975
Livret de Pietr Kien
Direction musicale Jean-Michaël Lavoie
Mise en scène Richard Brunel
Avec :
Christian Miedl Kaiser Overall / Empereur Overall (Baryton)
Monte Jaffe Der Tod / La Mort (Basse)
Lucy Schaufer Der Trommler / Le Tambour (Alto-mezzo soprano)
Ivi Karnezi * Bubikopf ein Soldat / La garçonne (Soprano)
Jean-Baptiste Mouret * Der Lautsprecher / Le Haut-parleur (Basse)
Ruis Dos Santos * Ein Soldat, Harlekin / Un soldat, Arlequin (Ténor)
* Solistes du Studio de l’Opéra de Lyon
Et l’Orchestre de l’Opéra de Lyon
Dramaturgie Catherine Ailloud-Nicolas
Assistanat à la mise en scène Julien Fišera
Scénographie Marc Lainé
Costumes Claire Risterucci
Lumières Christian Pinaud
Production Opéra de Lyon
Coréalisation Comédie de Valence, Centre dramatique national
Drôme-Ardèche / Théâtre de la Croix-Rousse
Durée estimée : 1 heureDu 17 au 24 mars 2016
Au TNP – Villeurbanne
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