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L’humanité morose et poignante de Wozzeck par Marthaler

À la une, A voir, Les critiques, Opéra, Paris
photo Ruth Walz

photo Ruth Walz

Dans le décor unique d’une cafétéria installée sous chapiteau transpire l’humanité morose et poignante du Wozzeck d’Alban Berg dont la mise en scène de Christoph Marthaler est reprise à l’Opéra Bastille.

Sous la lumière vive de lampions festifs et bigarrés, un monde sans joie conjure l’ennui d’une vie sinistre et étale. Des jeunes hommes et femmes passent et s’attablent un moment. Leur corps inerte et leur regard vide ou fuyant expriment une insondable solitude. Ils boivent, ils dansent, affichent quelques excentricités mais se présentent comme des êtres seuls et démunis. Dehors, livrés à eux-mêmes, leurs enfants jouent au toboggan et à la balançoire sur des structures gonflables. Dans cet espace impersonnel qui ne permet ni intimité ni échappatoire, Wozzeck est serveur. Il s’affaire et trouve dans le travail et la répétition de tâches quotidiennes un besoin d’ordre et d’action. La tristesse généralisée est narguée par la tête d’un clown au nez rond comme une lune rouge sang. D’ailleurs le cadavre de Marie sera avalé par son énorme bouche au sourire grinçant.

Facétieux, Marthaler ne refuse pas quelques touches d’humour grivois ou incongru mais sa lecture de l’œuvre demeure profondément mélancolique. S’il ose des écarts spectaculaires avec l’imagerie constante des Wozzeck portant casaque et béret dans la froideur d’une caserne ou d’une auberge miteuse, c’est pour déplacer la misère sociale de Wozzeck dans un néant existentiel plus glaçant encore, à l’image de la scène finale où les adultes ont mystérieusement déserté, tandis que leurs bambins prennent leurs places, abandonnés, résignés sous une lumière blafarde.

Créée en 2008, la production reste sidérante de pertinence. Sans être indicative, démonstrative, elle réinvente Wozzeck dont la folie jalouse et meurtrière se fond dans l’indifférence et l’inconsistance du monde contemporain.

Cette nouvelle série de représentations bénéficie d’une solide distribution : Johannes Martin Kränzle est tout à fait excellent dans le rôle-titre, Gut-Brit Barkmin fait une Marie infiniment touchante, Stephan Margita campe un Tambour Major revisité en séducteur beaufisé, Eve-Maud Hubeaux fait de Margret une pin-up acidulée. Tous les interprètes sont à la hauteur des rôles, parfois courts mais exigeants et finement caractérisés. Le chef Michael Schønwandt connaît bien son Wozzeck et en propose une lecture mûrement réfléchie. Sous sa direction, l’orchestre se montre puissant et expressif, aussi incisif que raffiné. Le rythme est soutenu tandis que de beaux moments de suspens sont ménagés. On entend les nombreuses inspirations musicales que contient la partition comme ses évocations de la nature scéniquement absente. Concrète, l’interprétation cultive aussi une pointe d’irréalité poétique. Inspiré de la pièce Büchner, Berg déclarait avoir composé une œuvre de théâtre à l’opéra. Son intensité dramatique est ici parfaitement restituée.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Wozzeck
Opéra en trois actes (1925)
Musique
Alban Berg
Livret
Alban Berg
D’après Georg Büchner, Woyzeck
En langue allemande
Direction musicale
Michael Schønwandt
Mise en scène
Christoph Marthaler
Co-mise en scène
Joachim Rathke
Wozzeck
Johannes Martin Kränzle
Tambour-Major
Štefan Margita
Andrès
Nicky Spence
Hauptmann
Stephan Rügamer
Doktor
Kurt Rydl
Erster Handwerksbursch
Mikhail Timoshenko
Zweiter Handwerksbursch
Tomasz Kumiega
Der Narr
Rodolphe Briand
Marie
Gun-Brit Barkmin
Margret
Eve-Maud Hubeaux
Ein Soldat
Fernando Velasquez
Décors
Anna Viebrock
Costumes
Anna Viebrock
Lumières
Olaf Winter
Dramaturgie
Malte Ubenauf
Chef des Choeurs
José Luis Basso
Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris
Maîtrise des Hauts-de-Seine / Choeur d’enfants de l’Opéra national de Paris

Durée 1h45.

Opéra Bastille – du 24 avril au 15 mai 2017

27 avril 2017/par Dossier de presse
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