La mort de Rameau en 1764 n’a pas signé la disparition de la tragédie lyrique héritée de Lully, au contraire. À la fin du XVIIIe siècle, les ouvrages anciens sont adaptés au goût du jour. Mieux, les livrets écrits par Quinault pour Lully sont repris par une nouvelle génération de musiciens. Cet académicien ne demeure-t-il pas le modèle du grand goût français ? De prestigieux compositeurs étrangers viennent s’établir à Paris pour s’essayer au genre national à l’Académie royale de musique, ancêtre de l’Opéra de Paris. On connaît le conflit qui oppose Gluck, qui recrée Armide, à Piccinni, dont l’Atys mériterait peut-être d’être remonté.
On sait moins que Jean-Chrétien Bach, dernier rejeton de l’illustre Jean-Sébastien et animateur majeur de la vie musicale anglaise, vient en 1779 écrire son quinzième et dernier opéra, à la française : une version révisée du livret d’Amadis jadis mis en musique par Lully.
L’Opéra Comique, dont les actuelles dimensions correspondent à celles de l’Opéra prérévolutionnaire, met en lumière un artiste emblématique d’une époque où l’Europe se construisait par la culture.
Créé en 1779 et jamais repris depuis lors en France, Amadis de Gaule est l’unique ouvrage français d’un membre de la famille Bach formé à l’école italienne, très actif dans la vie musicale londonienne depuis 1762 et en contact constant avec la cour de Mannheim, foyer de la symphonie. Cette figure européenne s’avère ainsi un héritier de Haendel autant qu’un précurseur de Mozart.
Revu par l’esprit des Lumières, le destin du paladin Amadis prend des couleurs préromantiques. Ce modèle de fidélité amoureuse et de courage chevaleresque découvre qu’éveiller l’humanité dans des coeurs dominés par la haine ou la résignation est plus glorieux que vaincre la vengeance aveugle dans le fracas des armes. Instruments anciens, toiles peintes, jeu dramatique et chorégraphie historiquement informés vont contribuer à cette redécouverte majeure de notre répertoire par Marcel Bozonnet et Jérémie Rhorer à la tête du Cercle de l’Harmonie.
AMADIS DE GAULE
Tragédie lyrique en 3 actes de Jean-Chrétien Bach
Livret d’Alphonse de Vismes d’après Philippe Quinault
Créée à l’Académie royale de musique le 15 décembre 1779
lundi 2, mercredi 4, vendredi 6 (20h), dimanche 8 (15h)
Direction musicale Jérémie Rhorer
Mise en scène Marcel Bozonnet
Chorégraphie Natalie van Parys
Décors Antoine Fontaine
Costumes Renato Bianchi
Lumières Dominique Bruguière
Amadis Philippe Do
Oriane Hélène Guilmette
Arcabonne Allyson McHardy
Arcalaüs Franco Pomponi
Urgande, 1er Coryphée Julie Fuchs
La Discorde, 2ème Coryphée Alix Le Saut
La Haine, L’Ombre d’Ardan Canil Peter Martinčič*
Soprano solo Ana Dežman*
Ténor solo Martin Sušnik*
* solistes du choeur du SNG Opera in balet Ljubljana
Compagnie Les Cavatines
Les Chantres de Versailles
Le Cercle de l’Harmonie
Production Opéra Comique
Coproduction SNG Opera in balet, Ljubljana, Palazzetto Bru Zane –
Centre de musique romantique française, Centre de Musique Baroque de Versailles, Château de Versailles Spectacles
Opéra Comique
♦ Opéra royal de Versailles deux représentations les 10 et 12 décembre 2011
♦ Opéra Comique quatre représentations du 2 au 8 janvier 2012 (20h et 15h le dimanche)
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