La traditionnelle conférence de presse de rentrée du Théâtre Privé à Paris s’est déroulée sans son Président, Georges Terrey, démissionnaire. C’est donc Bernard Murat, directeur du Théâtre Edouard VII qui a prononcé le traditionnel discours ouvrant la deuxième partie de la saison. Avec le départ de Georges Terrey, une nouvelle direction du Syndicat National des Directeurs et Tourneurs du Théâtre Privé va se constituer. « Elle devra continuer à dialoguer avec les tutelles et la Ville de Paris », a énoncé Bernard Murat, qui avec humour, « ne souhaite pas en rajouter sur la sinistrose », en déclarant simplement que « la saison engagée ne sera pas moins bonne que la précédente ! » et en poursuivant son discours en lisant un très beau texte de Jouvet de 1945 « L’éloge du désordre ». Extrait : « Le théâtre, spécialement le théâtre français, vit dans le désordre : c’est sa condition d’existence. La grandeur du théâtre est fondée sur un désordre organique, nécessaire, constant : le désordre explique et démontre un art dramatique prospère. Nous savons, nous autres comédiens, que jouer la comédie est proprement une destruction de soi, une démolition, c’est un désordre obligé, l’impossibilité d’une vie intérieure. L’œuvre du poète aussi est un désordre. Entre son écriture et son jeu, tissu de sensations et de sentiments étroitement entrelacés, la pièce la plus vivante avoue une contradiction permanente, un désordre essentiel. Sa vie et sa fécondité, à travers les époques, ne sont que la constante exploitation de cette confusion ». Texte extrait de « Où va le Théâtre ? », une enquête publiée au printemps 1946 dans la célèbre revue théâtrale L’intermède. »
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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