Le chorégraphe québécois Dave St-Pierre est de retour sur le devant de la scène en France dans Néant, son spectacle créé dans le Off au Théâtre de l’Oulle arrive au Tarmac. Le public l’a découvert au Festival d’Avignon en 2009 dans le cloitre des Célestins avec Un peu de tendresse, bordel de merde ! Le spectacle est devenu culte. Dave St-Pierre danse pour la première fois seul en scène en France dans un spectacle débridé et personnel ; une performance touchante où il est beaucoup question de son corps, rongé par la maladie. Dave St-Pierre voltige. Il flotte dans l’air. Son corps se transforme comme par magie grâce à des images vidéo étonnantes. Rencontre avec le chorégraphe.
En 2009, le public du Festival d’Avignon vous a découvert avec Un peu de tendresse, bordel de merde ! Une vraie frénésie avait gagné les rues d’Avignon. Vous revenez seul en 2017, dans le Off, avec un solo, Néant.
J’ai eu envie de laisser de côté cette recette qui fonctionne très bien. La trilogie a été un succès. Puis la création de Fake à la Biennale de la Danse a été plus diversement reçue par le public qui était partagé. Les producteurs se sont retirés et ne voulaient plus acheter le spectacle. Cela a créé une secousse. Je me suis posé des questions sur la nature de mon travail. Est-ce que l’artiste doit reprendre ses propres recettes pour s’assurer d’avoir des gens dans la salle ou est-ce qu’il doit prendre des risques ? J’ai choisi la deuxième option.
Et vous voilà dans le Off !
Je ne crois pas à la hiérarchie. Ça ne me dérange pas d’être ici. Il y a beaucoup de gens qui pensent que je régresse. Ce n’est pas mon sentiment. Je ne suis pas carriériste, c’est juste une évolution.
Avez-vous conscience d’avoir apporté beaucoup de bonheur aux spectateurs avec vos spectacles ?
Au Québec on n’a pas le même rapport que vous avez avec les artistes. C’est très français. En 2009 je n’ai pas vécu l’effervescence car je n’étais pas là car j’attendais une greffe pulmonaire. La compagnie est partie sans moi. Le public reconnaissait les danseurs dans la rue et leur criait « Allo, allo ! ». C’était fantastique pour eux. Et moi j’étais fier. Cela fait 8 ans que je suis greffé. Mon corps n’est plus ce qu’il était avant. La mort est toujours présente dans mes spectacles, mais je n’ai jamais vu ma vie comme une tragédie. Je n’ai pas de remords.
C’est la première fois que vous dansez seul sur scène ?
Oui c’est aussi la conséquence de l’explosion de la compagnie. Cela fait 7 ans que je ne m’étais pas produit sur scène après avoir tourné pendant 10 ans les pièces chorales. J’avais besoin de me renouveler. Je referai peut-être une pièce plus ambitieuse dans 4 ans. Là je suis dans la recherche.
Vous tordez votre corps pendant le spectacle, comme si vous ressentiez de la douleur.
Je ne me suis pas entrainé comme danseur depuis très longtemps. J’ai plus envie de performer. Je vais à contre-courant de ce que j’ai été avant. Mon corps était comme un bloc de béton avant. J’ai 43 ans, je dois faire avec les forces et les faiblesses de mon corps.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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