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« Reminiscencia », la mémoire sensible

Angers, Festival d'Avignon, Lausanne, Les critiques, Lille, Moyen, Théâtre
Reminiscencia de Malicho Vaca Valenzuela au Festival d'Avignon 2024
Reminiscencia de Malicho Vaca Valenzuela au Festival d'Avignon 2024

Photo Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

Artiste chilien travaillant depuis quinze ans dans le champ théâtral, Malicho Vaca Valenzuela tente de relier récit intime, regard sensible et histoire contemporaine du Chili. Une forme à la fragilité aussi revendiquée que structurelle qui, si elle ne convainc pas, ne peut que donner le désir de voir de futures créations de ce jeune artiste.

Comment un objet numérique imaginé pendant le confinement – et alors proposé sur Zoom – se transpose-t-il – en même temps que ses enjeux – sur une scène de théâtre ? Comment les conditions de production – et les questions de pure survie – façonnent-elles et contraignent-elles les œuvres et le travail des artistes ? Jusqu’à quel point l’humilité et la fragilité assumées suffisent-elles à soutenir une proposition ? Voilà certaines des interrogations suscitées par la découverte de Reminiscencia, création de Malicho Vaca Valenzuela, donnée au Festival d’Avignon, dont il signe le texte, la mise en scène, la dramaturgie, la vidéo, tout en assurant la régie générale et le jeu – cette polyvalence étant éloquente quant aux conditions de création précaires de ce spectacle. Si on liste ainsi ces questions, c’est aussi parce que ce seul en scène est ponctué de celles que nous adresse l’artiste chilien : « Qui est responsable des sols sur lesquels on marche ? » ; « Que signifie détruire un endroit si vieux [ici un ancien hôpital de Santiago du Chili, NDLR] ? » ; « De combien de façons se souvient-on des espaces ? » ; « Sais-tu ce qui s’est passé au Chili ? » ; « Peut-on cartographier un souvenir ? Une mémoire ? ».

Ces paroles, comme l’ensemble de son exposé, l’auteur, metteur en scène et comédien les déplie à une table – située à cour – avec pour seuls outils un micro et un ordinateur. Rejoignant cet espace au début de la représentation, il ne le quittera plus, tandis que l’écran de son ordinateur est projeté en arrière-plan. Il va, ainsi, fouiller dans son disque dur comme dans sa mémoire pour en exhumer différents éléments photographiques, vidéos ou musicaux – archives familiales, extraits de JT, exploration de sa ville via Google Earth… Comme il l’explique en introduction, Reminiscencia a été créé pendant la pandémie de Covid-19. Confiné dans son appartement de Santiago du Chili, l’artiste imagine un projet numérique, une « cartographie des émotions et des identités chiliennes ». Celle-ci s’ancre dans son quotidien et sa relation forte avec ses deux grands-parents, tout en s’appuyant sur des témoignages et divers matériaux collectés sur les réseaux sociaux et les Internets.

La pérégrination embrasse, à la fois, l’histoire d’amour de son grand-père et de sa grand-mère, la maladie d’Alzheimer de cette dernière, et la tendresse mutuelle partagée avec leur petit-fils, l’immense précarité des artistes au Chili, mais aussi la situation politique et sociale du pays, un vaste mouvement social l’ayant traversé en 2019 – renvoyant inévitablement aux luttes antérieures. Mais expliciter la genèse d’une création – qui d’objet numérique proposé à des individus confiné.es devient un spectacle présenté à l’international – ne suffit pas à la disculper de ses limites. Malicho Vaca Valenzuela a beau, dans un geste éminemment sincère et généreux, assumer autant que nommer la modestie et la fragilité à l’œuvre, Reminiscencia balance sans cesse entre promesse d’un propos plus conséquent et petites anecdotes touchantes, entre regard sensible et gentil survol.

En un peu moins d’une heure, le spectacle passe sans fard du coq à l’âne et enchaîne la description via Google Earth du quartier où vit l’artiste, l’évocation de la voie lactée – façon de vouloir créer de la poésie par la distance –, des visites fréquentes chez les grands-parents et l’évocation des luttes qui ont traversé le Chili. Autant de récits, d’allers-retours et de cheminements métaphoriques ou géographiques qui, en étant régulièrement évoqués avec des pointes d’humour et d’autodérision, sont traversés par la question de la mémoire. L’interrogation sur ce qui reste, ce qui est effacé ou relégué – volontairement ou non, par un pouvoir politique, une maladie ou des individus isolés – chemine en permanence, sans être, hélas, jamais attaquée plus frontalement et avec plus de complexité. Cette timidité quant à une forme qui délaisserait la douceur et le sentimentalisme – souligné par ailleurs par la diffusion récurrente de morceaux du célèbre trio romantique Los Panchos – maintient l’ensemble dans une tonalité délicate, tendre, inoffensive.

Si l’on saisit qu’elle est liée au moment de l’écriture et à la violence du confinement, cette atmosphère rassembleuse et réconfortante résonne aujourd’hui différemment. Elle en vient – et c’est dommage, tant ce projet est traversé d’inventivité, d’humour et de jolies trouvailles formelles, comme ce split-screen réalisé en direct sur l’écran – à neutraliser la démarche de l’artiste, à pasteuriser le spectacle en évacuant son potentiel politique, en rendant totalement anecdotique l’enjeu de la transmission de l’histoire au profit d’une forme par trop aimable. Au-delà de ces réserves, on ne peut faire l’économie de (se) rappeler le contexte de création de cette œuvre, et d’espérer que les différents théâtres ayant programmé Reminiscencia dans les mois à venir prennent leurs responsabilités et s’engagent à soutenir dans la durée cet artiste, afin qu’il puisse poursuivre son travail et continuer de créer des œuvres pour d’autres contextes, d’autres adresses.

caroline châtelet – www.sceneweb.fr

Reminiscencia
Texte, création, mise en scène, dramaturgie, vidéo Malicho Vaca Valenzuela

Avec Rosa Alfaro, Malicho Vaca Valenzuela, Lindor Valenzuela
Lumière Nicolás Zapata
Assistanat à la mise en scène Ébana Garín Coronel
Régie générale et vidéo Malicho Vaca Valenzuela
Régie plateau Ébana Garín Coronel

Production Ébana Garín, Luis Guenel, Cuerpo Sur
Avec le soutien de l’Institut Français du Chili pour la 78e édition du Festival d’Avignon
Remerciements À mes grands-parents

Durée : 55 minutes

Festival d’Avignon 2024
Gymnase du lycée Mistral
du 17 au 21 juillet, à 11h et 18h

Le Quai – CDN d’Angers-Pays de la Loire
les 16 et 17 octobre

Théâtre L’Aire Libre, Saint-Jacques de la Lande
les 20 et 21 novembre

Théâtre Paul Eluard, Choisy-le-Roi
le 28 novembre

Next Festival, Lille
les 29 et 30 novembre

Théâtre Vidy-Lausanne
du 4 au 8 décembre

18 juillet 2024/par Caroline Chatelet
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