Voir le combat comme aller au spectacle puisque le combat a toujours été une forme excitante et puissante du jeu. Se ranger du côté du guerrier, du combattant, du soldat, pour avoir part à son infatigable énergie, à son pouvoir et à son art de tuer. Comme si nous étions tous hantés par les coups que nous ne porterons jamais contre un ennemi réel ou imaginaire. D’où l’importance au Moyen-Âge de vivre par le récit, le chant ou les images, l’émotion forte de la bataille, pour participer à celle que nous ne livrerions jamais. Les tueries épouvantables n’ont pas disparu ni même n’ont ralenti. Mais la question qui me vient à l’esprit aujourd’hui en ouvrant La Chanson de Roland, et qui pourrait scandaliser, est de m’interroger sur la disparition ou l’effacement de cet art verbal qui célébrait la bataille, l’assaut et la mise à mort de l’adversaire. Mort il l’abat, chantait joyeusement le conteur de la chanson.
J’ai tenu une unique fois une arme de combat entre les mains, un M16 américain, dans un stand de tir privé réservé à quelques barbouzes sur les hauteurs d’Ajaccio. Je n’avais pas trente ans. Et cette expérience pitoyable, qui se solda par un tir en l’air, un bras ankylosé et une immense frayeur, me confirma ainsi qu’à tous ceux autour de moi ce jour-là que j’aurais fait un piètre soldat. Mais rien de plus intolérable que la conscience de notre propre incertitude face à nous-même et devant la violence. Serions-nous capable d’aller au bout de toute notre énergie possible ?
Rappeler Roland
texte Frédéric Boyer
mise en scène Ludovic Lagarde
avec Pierre Baux
scénographie Antoine Vasseur
lumières Sébastien Michaud
costumes Fanny Brouste
son David Bichindaritz
production la Comédie de Reims – Centre dramatique national
coproduction CDDB—Théâtre de Lorient
Le texte est publié aux éditions P.O.L
à l’Atelier de la Comédie, 13 rue du moulin brûlé, Reims
du mardi 19 au samedi 23 mars 2013
mardi et vendredi à 20h30
mercredi et jeudi à 19h30
samedi à 18h30
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