La metteuse en scène, Catherine Marnas dirige le TnBA – Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine et de l’éstba depuis janvier 2014. Voici la liste des artistes retenus par les tutelles. Ils vont déposer un dossier de candidature pour lui succéder. Prise de fonction au 1er janvier 2024, la décision est attendue cet été.
Sébastien Bournac
Originaire du Lot-et-Garonne (47), c’est avec les Baladins en Agenais que Sébastien BOURNAC découvre le théâtre dans les années 1980, et avec Marianne Valéry qu’il fait son premier apprentissage du travail de l’acteur (1987/1992). En parallèle de ses études de Lettres et de dramaturgie, il découvre l’art de la mise en scène avec le théâtre universitaire à l’École normale supérieure de Fontenay/Saint-Cloud. C’est une expérience fondatrice. Il fait ses gammes avec Marivaux (La Dispute ; Le Legs et L’Épreuve), Genet (Les Bonnes), Pirandello (La Volupté de l’honneur) et surtout Koltès (Sallinger)…spectacles qui seront présentés tous au Théâtre des Gémeaux à Sceaux dans le cadre d’un partenariat.
Quelques-uns de ces spectacles sont remarqués et primés dans plusieurs festivals universitaires internationaux, notamment Sallinger à Nanterre et à Casablanca. Grâce à des rencontres déterminantes, il découvre à l’arrivée d’Alain Françon le Théâtre national de la Colline et son projet artistique centré avec exigence sur les écritures contemporaines. De 1997 à 1999, il collabore avec la conseillère littéraire Laure Hémain pour l’élaboration de documents dramaturgiques et pédagogiques autour de la saison. Dans la même période, il amorce également une collaboration dramaturgique avec le Théâtre des Amandiers (autour de la réalisation de dossiers dramaturgiques) ; il y croise de grandes figures du théâtre (Matthias Langhoff, Olivier Py, Martial Di Fonzo Bo, Hanna Schygulla…) et est l’assistant à la mise en scène de Jean-Pierre Vincent pour Tartuffe de Molière (1998).
En 1999, il rencontre Jacques Nichet qui l’engage au Théâtre de la Cité – Théâtre national de Toulouse (ouvert en 1998) d’abord comme collaborateur artistique à ses côtés sur plusieurs spectacles, puis ce dernier lui confie la responsabilité artistique et pédagogique d’accompagner les jeunes comédiens de la 3e promotion de “L’Atelier Volant” [2001/2003] avec lesquels il crée un diptyque déterminant dans son parcours à partir de l’œuvre de Pier Paolo Pasolini.
En 2003, il crée la compagnie Tabula Rasa qu’il développe depuis en région et en France. L’histoire de la compagnie est nourrie par des compagnonnages et résidences au long cours dans des théâtres aussi divers que le Théâtre de Cahors [2004/06], le Théâtre de la Digue – Toulouse [2005/10], la MJC de Rodez [2008/11], le Scène Nationale d’Albi [2012/16] et enfin le Théâtre Sorano dont il prend la direction en mai 2016, fort de son expérience de compagnie. À l’heure d’un partenariat artistique très dense avec le Théâtre Sorano, la compagnie TABULA RASA reste toujours l’unique structure de production et l’outil de création de Sébastien Bournac. Avec Tabula Rasa, il développe un travail de création résolument axé sur les textes contemporains et sur les nouvelles écritures pour la scène, à travers notamment des compagnonnages avec des auteur.trice.s vivant.e.s tel.le.s que Daniel Keene, Koffi Kwahulé,
Ahmed Ghazali, Jean-Marie Piemme, Annick Lefebvre, Baptiste Amann… auxquels il passe des commandes d’œuvres. Parmi les spectacles qui sont nés de ces compagnonnages, on peut citer Dreamers (2011) et L’Apprenti (2012) de Daniel Keene, La Mélancolie des barbares de Koffi Kwahulé (2013), Dialogue d’un chien avec son maître sur la nécessité de mordre ses amis (2015) et J’espère qu’on se souviendra de moi (2016) de Jean-Marie Piemme ou plus récemment J’Accuse [France] (2022) d’Annick Lefevre encore en tournée.…
Depuis Marivaux au début de l’aventure de la compagnie, il aime aussi régulièrement se confronter à de libres adaptations de grands textes du répertoire : Un ennemi du peuple d’Ibsen (2018) et L’Éveil du printemps de Wedekind (2017) ou plus discrètement Hamlet avec la création de Peut-Être Pas en 2020. Sébastien Bournac travaille par pages obsessionnelles, opérant des détours, des remises à plat, des approfondissements ou des dépouillements.
L’histoire de la compagnie Tabula Rasa le montre bien ; il est enclin à recréer des pièces (Music-Hall de Lagarce, trois versions) ou à explorer la même matière sous différents angles. C’est le cas avec À Vie – un reportage judiciaire en forme d’interview créé en 2019. Ce témoignage avait inspiré en 1976 un film à Rainer Werner Fassbinder, Je veux seulement que vous m’aimiez – le cinéaste étant une autre source récurrente du travail du metteur en scène, et s’était déjà retrouvé à la source de la pièce commandée à Jean-Marie Piemme en 2016, J’espère qu’on se souviendra de moi. De spectacle en spectacle s’affirme le désir d’un théâtre de notre temps, engagé et vivant, tout à la fois critique et poétique, profondément intempestif et ludique. Un regard sur le monde, lucide, inquiet, traversé par des questionnements sur l’altérité, l’ailleurs, la fragilité des identités et des êtres dans notre société.
Soucieuse de partager le théâtre avec les publics les plus divers, la compagnie alterne des créations dans les lieux théâtraux identifiés avec des formes scéniques nomades, plus souples et légères, propres à investir des lieux non théâtraux et à aller à la rencontre de nouveaux publics. Une démarche de sensibilisation, de médiation et de formation.En marge de son travail de création, la compagnie Tabula Rasa a toujours affirmé une démarche militante d’actions de sensibilisation, médiation et formation auprès de tous les publics : scolaires, adolescents, amateurs, empêchés (ateliers en prison).L’accompagnement de jeunes artistes est inscrit dans le projet artistique même de la
compagnie TABULA RASA depuis sa création. Depuis son expérience de direction pédagogiqueet artistique de l’Atelier Volant au Théâtre national de Toulouse, Sébastien Bournac reste attentif à la formation et à l’accompagnement de jeunes comédien.ne.s vers l’insertion professionnelle. Il a dirigé un grand nombre d’ateliers de créations et de stages d’interprétation avec les
omédiens de l’AtelierCité au ThéâtredelaCité, au Conservatoire à Rayonnement Régional de Toulouse, avec la Classe Labo, les Chantiers Nomades…
De 2005 à 2014, Sébastien Bournac a mis par ailleurs en place avec la metteure en scène Virginie Baes un comité de lecture sous le nom Collectif “Mauvaises Herbes” pour promouvoir la découverte et la circulation des écritures du XXIème siècle. Le Collectif a proposé pendant presque dix ans des cycles de quatre à cinq soirées par an autour de la lecture de textes dramatiques contemporains et de la rencontre avec des auteur.rice.s vivant.e.s à l’Espace Culturel Croix-Baragnon (Toulouse).
Fanny de Chaillé
Fanny de Chaillé engage un théâtre du corps où elle aime séparer texte et mouvement pour mieux ré-agencer leur rencontre. C’est dans ce jeu d’échanges entre corps et voix que les écarts et distorsions se créent, que le langage gagne en physicalité et en plasticité. Ses pièces, projets et installations ne s’inscrivent pas dans un champ disciplinaire figé, plutôt les superposent, sur les plateaux ou en dehors (galeries, salles de concert, bibliothèque, amphithéâtre universitaire). Ses dernières créations reflètent cet intérêt pour les dispositifs et les modes d’adresse et d’écoute, qu’il s’agisse de redonner voix et corps au discours inaugural de Michel Foucault au collège de France (DÉSORDRE DU DISCOURS, 2019), de faire collectif autour de dix jeunes comédiens de l’ADAMI (LE CHŒUR, 2020), de croiser les générations (LES GRANDS, 2019), ou de revisiter l’album Transformer de Lou Reed dans un format tout terrain (TRANSFORMÉ, 2021).
Sa dernière création Une autre histoire du théâtre, dépose entre les mains de quatre jeunes acteurices, l’histoire de l’art dramatique et ses mutations esthétiques en jeu depuis les années 20. Ils s’en s’emparent avec des moyens simples, dans un théâtre de la relation qui met en résonance formes, gestes et écritures avec les enjeux politiques et sociaux contemporains.
Formée à l’Esthétique à Paris Sorbonne au début des années 90, Fanny de Chaillé créé ses propres installations et performances à partir de 1995, et des spectacles pour la scène dès 2003, avec cette façon de faire corps en s’appuyant sur des textes littéraires – Georges Pérec dans LE VOYAGE D’HIVER, Thomas Bernhard dans JE SUIS UN METTEUR EN SCÈNE JAPONAIS, Hugo von Hofmannsthal dans LE GROUPE -, en puisant dans une culture musicale rock et populaire – KARAOKURT (1996), GONZO CONFÉRENCE (2007), MMEELLOODDYY NNEELLSSOONN (2012), TRANSFORMÉ (2021) – en imaginant des formes hybrides, hors plateaux – LA BIBLIOTHÈQUE, PROJET KIDS.
Artiste associée de la scène nationale Chambéry Savoie (2014-2022), du CND Lyon (2017-2020), au Théâtre Public de Montreuil – CDN et à Chaillot, Théâtre national de la danse depuis 2022 ou invitée par la Maison des Métallos (CoOP – 2020) ou par le Centre Pompidou en 2013 pour y investir l’Espace 315 avec LA CLAIRIÈRE, Fanny de Chaillé, y questionne le dispositif théâtral et invente de nouvelles manières de faire circuler les savoirs et les pratiques avec les amateurices et les publics.
Dorcy Rugamba
Metteur en scène, acteur et dramaturge rwandais, Directeur artistique des Capitales africaines de la Culture, Dorcy Rugamba est co-auteur de Rwanda 94, auteur de Bloody Niggers, Guerre Sainte, Market Place, Les Restes Suprêmes, Marembo et de l’Opera Umurinzi. *
Premier prix d’art dramatique au Conservatoire Royal de Liège, Dorcy Rugamba a été également formé aux arts de la scène dans la tradition rwandaise par son père, l’écrivain, chorégraphe et compositeur rwandais Cyprien Rugamba.
Comme acteur Il a travaillé avec différents metteurs en scène et chorégraphes aux univers parfois opposés comme Jacques Delcuvellerie, Peter Brook, Rosa Gasquet, Vincent Hennebick ou Milo Rau et collabore avec des artistes de différentes cultures et pratiques comme Sotigui Kouyate, Bruce Myers, Yoshi Oida, Dennis Lavant, Rachid Djaidani ou Toshi Tsuchitori: Installé entre Bruxelles et Kigali, il a coécrit en 1999 la pièce Rwanda 94, fondé en 2001 à Kigali les Ateliers Urwintore, un espace de création contemporaine, et mis en scène en 2005 L’Instruction, une pièce de Peter Weiss sur le procès des responsables d’Auschwitz. Entièrement jouée par des acteurs rwandais, la pièce remporte un succès critique et public aux Bouffes du Nord à Paris, au Young Vic à Londres, au Bankart Studio à Yokohama et au Kasser Theater a New Jersey et au Chicago Shakespeare.
Dorcy Rugamba est aussi l’auteur de la pièce Bloody Niggers, une fresque sur la violence coloniale et les décolonisations en Afrique, produite par le Théâtre National de Belgique et qui a tourné à partir de 2007 en Europe et en Afrique. En 2012 il fonde à Kigali, Rwanda Arts Initiative, un centre d’art dédié aux entrepreneurs culturels. En novembre 2018 il monte un spectacle Chorégraphique afro-futuriste « Planet Kigali » au Théâtre Kampnagel à Hamburg. En avril 2019 il écrit et monte à Kigali pour la cérémonie officielle des 25e commémorations du génocide des Tutsi un opéra intitulé « Umurinzi ». En mars 2020 au Théâtre National à Bruxelles, il crée «Les Restes suprêmes » un spectacle sur les œuvres du patrimoine africain contenu dans les Musées européens.
Actuellement il travaille sur un opéra portant sur l’Histoire générale de l’Afrique qui sera créé à Rabat en 2021 dans le cadre de la première Capitale africaine de la Culture.
Carole Thibaut
Autrice, metteuse en scène, comédienne, Carole Thibaut dirige depuis 2016 le théâtre des Îlets – centre dramatique national de Montluçon – région Auvergne-Rhône-Alpes, où elle vit désormais.
Elle a œuvré avec sa compagnie (la Compagnie Sambre) pendant plus de vingt ans en Île-de-France, développant son travail artistique dans les quartiers et cités de la banlieue nord (Villiers le bel, Fosses, Sarcelles, Garges, …). Artiste associée à l’Espace Germinal – scène de l’Est Valdoisien (Fosses) de 2001 à 2007, directrice du théâtre de Saint-Gratien (95) dès sa sortie de l’Ensatt, de 1996 à 2001, directrice artistique de Confluences, lieu artistique engagé (Paris 20e) de 2012 à 2015, artiste associée en 2014/2015 au Théâtre du Nord – CDN de Lille, elle a développé des partenariats étroits autant avec des structures sociales, éducatives, associatives qu’avec des lieux institutionnels comme la scène nationale du Carreau à Forbach ou L’Hexagone à Meylan.
S’inspirant du monde contemporain, des rencontres avec les gens et les territoires sur lesquels elle travaille, elle tire un fil continu entre le réel et le poétique, l’intime et le politique, et explore les formes les plus diverses d’écritures et de créations scéniques, alternant le théâtre épique, les pièces intimes, des performances, des installations numériques…
Artiste engagée, elle milite pour l’égalité des femmes et des hommes, elle a été membre fondatrice de HF Île-de-France ainsi que du Synavi où elle a milité pendant plusieurs années pour la défense des structures indépendantes de création avant de rejoindre le Syndéac. Elle a été de 2017 à 2019 vice-présidente de l’ACDN, association des centres dramatiques nationaux.
Elle est régulièrement accueillie en résidences d’écriture à La Chartreuse – Villeneuve lez Avignon, a reçu le prix Jeune Talent SACD, le prix d’écriture de Guérande, le prix des Journées de Lyon des auteurs, des bourses du Centre National du Théâtre, d’Artcena, de Beaumarchais, du Centre National du Livre…), et est chevalière des Arts et Lettres et de l’ordre national du Mérite. Ses textes sont publiés chez Lansman éditeur ainsi qu’à L’école des Loisirs.
Avec sa compagnie, après avoir adapté ou/et mis en scène des textes et pièces du répertoire pendant une dizaine d’années, elle oriente son travail artistique à partir des années 2000 sur les écritures contemporaines (Six hommes grimpent sur la colline et Combat de Gilles Granouillet, 31 pièces autobiographiques et Comment te le dire d’Armando Llamas, Ici, aujourd’hui (montage), Croquemitaine et Puisque tu es des miens de Daniel Keene), puis travaille sur sa propre écriture (Avec le couteau le pain – 2005, Immortelle exception – 2006, Eté – 2009, Fantaisies – l’idéal féminin n’est plus ce qu’il était – 2009-2019, L’enfant – drame rural – 2011, Space girls – ou comment maman en pourra jamais s’envoyer en l’air – 2013, Monkey money – 2015, Liaison contemporaine – 2014).
Au théâtre des Îlets, elle écrit et met en scène en 2017 Les Variations amoureuses, une variation contemporaine autour de la pièce de Musset, On ne badine pas avec l’amour. En 2018, elle crée La Petite Fille qui disait non, un spectacle tout public qui s’inspire du conte de La Mère-grand (conte oral initiatique détourné par Perrault sous le titre du Petit Chaperon rouge) en tournée depuis 5 saisons, met en scène et co-interprète Les Bouillonnantes, concert rock-poétique dont elle confie l’écriture à Koffi Kwahulé et Nadège Prugnard à partir de témoignages de femmes du territoire rural et urbain de l’Allier, et la création musicale à Camille Rocailleux. Ce dernier l’invite ensuite à écrire le livret de MATER, pièce lyrique qu’il crée en 2019. Elle invente, avec l’équipe des Îlets, l’Industry Box, boîte immersive numérique qui raconte un siècle d’industrie montluçonnaise à travers 4 témoignages d’ouvriers et ouvrières.
En 2020, elle recrée sa pièce Faut-il laisser les vieux pères manger seuls au comptoir des bars, qui signe le retour sur scène d’Olivier Perrier, qu’elle retrouve en 2022 pour la création de Un siècle – Vie et mort de Galia Libertad avec 8 autres complices acteur·trices pour qui elle écrit et met en scène cette pièce fleuve, en tournée actuellement.
Parallèlement elle continue à présenter sa conférence performée Longwy-Texas (créée en 2016) , à tourner Occident de Rémi De Vos qu’elle a co-mis en scène et qu’elle co-interprète depuis 10 ans avec son complice Jacques Descorde. Elle est actuellement en travail sur trois prochains projets :
– en mai 2023, création de Grand ReporTERRE #7 (Lyon) sur La fabrication de la domination, performance mise en espace avec la journaliste Lorraine de Foucher ;
– en juin et juillet 2023, re-création de Un siècle en format théâtre de paysage, version hors-les-murs ;
– en novembre 2023, création de EX MACHINA (*) Genre et Pouvoir. Elle signe le texte et la mise en scène d’un projet qui mêlera l’écriture très travaillée d’un récit intime et politique, tel que Longwy Texas, à la liberté d’expression scénique de Fantaisies. Qui mettra en jeu, sous une première forme de conférence, le corps et la voix, jusqu’à leurs points de déséquilibre. Qui me mettra en jeu, dans tous les sens du terme. Et où la question du genre résonnera chez Carole Thibaut avec la question de l’âge et requerra une mise en perspective générationnelle.
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