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Quasi niente, le mal de vivre en majesté

À la une, A voir, Les critiques, Théâtre

Photo Claudia Pajewsk

Au Théâtre de la Bastille, le duo italien, Daria Deflorian et Antonio Tagliarini, s’inspire du « Désert rouge » de Michelangelo Antonioni pour construire un subtil ballet d’âmes errantes en proie au mal-être contemporain.

Du « Désert rouge » de Michelangelo Antonioni, Daria Deflorian et Antonio Tagliarini n’ont pas cherché à recoudre la – maigre – trame narrative, à ressouder les fils de la vie de Giuliana, cette femme qui ne trouve ni place, ni sens, dans le monde qui l’entoure. Tout juste ont-ils voulu extraire son âme fêlée pour la réincarner dans les corps de trois femmes et deux hommes d’aujourd’hui, comme autant de trentenaire, quadragénaires, quinquagénaire et sexagénaire représentants de multiples tranches d’âge, mais surtout d’un même mal de vivre contemporain. Dans le film du réalisateur italien, le duo a bien compris que la langueur atmosphérique importait plus que l’histoire de triangle amoureux, pour le moins banale.

Au rythme du « Domani » de Franco Fanigliulo, bande son ironiquement guillerette du chef d’œuvre d’Antonioni, qui fait office de fil rouge bien plus que de substrat, c’est toute une marge sociale que les metteurs en scène habitués aux projets torturés – « Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni », « Il Cielo non è un fondale » – font passer de l’ombre à la lumière. Dans une société où l’injonction à la performance est devenue la norme, où chacun est vu comme le seul responsable de sa propre situation et de son propre malheur, où le sport à outrance et le sexe consumériste sont élevés au rang de remèdes miraculeux du moindre mal, les cinq personnages – en sont-ce vraiment ? – se livrent sur un sujet tabou, un gros mot désormais synonyme de faiblesse psychologique, la dépression qui, à des degrés divers, les étreint et les transperce de part en part.

Construite à partir de ce sujet peu abordé sur les plateaux, l’entreprise pourrait être geignarde, tourner à la complainte individuelle, voyeuriste et larmoyante. Elle est, au contraire, intensément humaine, paradoxalement lumineuse. Par des mots simples utilisés pour décrire une réalité complexe, Deflorian et Tagliarini appréhendent avec finesse et sensibilité ce magma noir qui embrume l’esprit et englue le corps, jusqu’à devenir parfois constitutif de soi. Loin de se complaire dans leur situation délicate, les personnages semblent se débattre pour ne pas disparaître. Se confier, danser, prouver son utilité, vouloir tout détruire pour se reconstruire, ailleurs, sont autant de portes de sortie esquissées, sans toujours avoir la force de les emprunter.

Dans une scénographie dépouillée, où quelques fauteuils, une commode et une armoire trônent, tels les vestiges d’une vie ancienne, les cinq comédiens, Monica Piseddu en tête, incarnent avec doigté ces âmes errantes sur le fil, aussi fières que sur le point de sombrer. Enrobés dans l’univers scénique de Gianni Staropoli qui, par un subtil jeu de lumières, leur donne une allure quasi ectoplasmique, en même temps qu’une grâce à l’italienne, ils jouent avec la prestance de ceux qui sont enrichis d’avoir trop vécu. Chez Deflorian et Tagliarini, le « Presque rien » devient un tout, essentiel, ce mince fil qui raccroche à la vie et empêche de s’abîmer dans un gouffre sans fond.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Quasi niente (Presque rien)
Un projet de Daria Deflorian et Antonio Tagliarini
Librement inspiré du film Le Désert rouge de Michelangelo Antonioni
Avec Francesca Cuttica, Daria Deflorian, Monica Piseddu, Benno Steinegger, Antonio Tagliarini
Collaboration au projet, Francesca Cuttica, Monica Piseddu, Benno Steinegger
Conseiller artistique, Attilio Scarpellini
Lumières, Gianni Staropoli
Costumes, Metella Raboni
Son, Leonardo Cabiddu et Francesca Cuttica (WOW)
Collaboration à la dramaturgie et assistance à la mise en scène, Francesco Alberici
Traduction et surtitrage en français, Federica Martucci
Direction technique, Giulia Pastore
Organisation, Anna Damiani
Accompagnement et diffusion internationale, Francesca Corona / L’Officina

Production A.D. ; Teatro di Roma – Teatro nazionale ; Teatro Metastasio di Prato ; Emilia Romagna Teatro Fondazione
Coproduction Théâtre Garonne – scène européenne (Toulouse) ; Romaeuropa Festival ; LuganoInScena – Lugano Arte e Cultura ; Théâtre de Grütli (Genève) ; La Filature, Scène nationale (Mulhouse) ; Théâtre de la Bastille (Paris) ; Festival d’Automne à Paris
Avec le soutien de Institut Culturel Italien de Paris, l’Arboreto – Teatro Dimora de Mondaino, FIT Festival – Lugano
Coréalisation Théâtre de la Bastille (Paris) ; Festival d’Automne à Paris
Avec le soutien de l’Onda
Spectacle créé le 2 octobre 2018 au LAC – Lugano Arte e Cultura

Durée : 1h35
Spectacle en italien surtitré en français

Théâtre de la Bastille, dans le cadre du Festival d’automne à Paris
Du 23 au 31 Octobre 2018

24 octobre 2018/par Vincent Bouquet
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