Au Palais Garnier, Alexander Ekman explore les domaines extensibles du jeu et de l’enfance dans Play, sa première création pour le Ballet de l’Opéra national de Paris. Une pièce ludique, efficace, distrayante mais sans fond.
Le jeu est un terrain d’aventure pour tous, à travers les âges et les étapes de la vie. Voilà le propos de Play. S’enchaînent des tableaux collectifs, plutôt esthétiques mais assez convenus, témoignant de l’indéniable maîtrise du plateau et des différents langages scéniques par leur malicieux signataire. Créatif, l’artiste suédois, à seulement 33 ans, est la nouvelle coqueluche des scènes internationales où il produit sur un rythme acharné.
>Une troupe pléthorique (37 danseurs hyper investis) travaille à l’unisson, gommant tout signe de hiérarchie au sein de la compagnie. Figurent certaines stars de l’opéra, l’Étoile Stéphane Bullion, les premiers danseurs, Muriel Zusperreguy, François Alu, Vincent Chaillet et beaucoup de jeunes interprètes. Autant dire un potentiel énorme. Parmi eux, se révèle Simon Le Borgne, superbe petit prince lunaire en short blanc et pull orange, doté d’une riche gamme d’expressions d’une fraîcheur enfantine. Se déploient de drôles de mondes, tantôt loufoques tantôt étranges. Récréatifs, ils invitent gaiement à la régression et à la jubilation. C’est un peu entre le Club Med et le centre de loisirs. L’attirail périscolaire est sorti : trampolines, rubans, coussins, baballes…
On retiendra une vaine débauche de moyens, une vaine dépense d’énergie, une vaine dissertation sur l’existence qui nous apprend que devenir adulte, c’est porter austèrement une cravate sous un imperméable et travailler à l’usine. Une pluie de boules vertes catapultées des cintres recouvre le plateau de sa couleur bucolique avant de remplir la fosse devenue bassin géant prompt aux roulades et cascades les plus scabreuses. Play divertit mais délivre une vision du monde binaire, dichotomique, partagée entre le blanc et le noir, le plein et le vide, le léger et le grave, le vivant et le mort… Le geste bien trop simpliste et volontariste écrase sa poésie onirique et insolite. La performance est parfaitement réglée et calibrée mais embarrassante de vacuité. Des ballons géants gonflés à l’hélium côtoient les couleurs chatoyantes du plafond de Chagall et rasent les ors et les velours de la salle de spectacle dans un final qui met en joie l’assistance. un instant, tout le monde retrouve et célèbre son âme d’enfant.
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr
PLAY
CRÉATION
CHORÉGRAPHIE I DÉCORS Alexander Ekman
MUSIQUE Mikael Karlsson
Les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de BalletDistribution reprise septembre 2021
Femmes :Marion Barbeau
Silvia Saint-Martin
Aurélia Bellet
Alice Catonnet
Letizia Galloni
Caroline Osmont
Caroline Robert
Victoire Anquetil
Clémence Gross
Katherine Higgins
Juliette Hilaire
Laurène Levy
Charlotte Ranson
Julia Cogan
Lucie Fenwick
Marion Gautier de Charnacé
Héloïse Jocqueviel
Sofia Rosolini
Nine Seropian
Seo-Hoo YunHommes :
Sébastien Bertaud
Aurélien Houette
Axel Ibot
Antoine Kirscher
Simon Le Borgne
Florent Melac
Fabien Revillion
Adrien Couvez
Julien Cozette
Yvon Demol
Grégory Dominiak
Alexandre Gasse
Mickaël Lafon
Andréa Sarri
Maxime Thomas
Nikolaus Tudorin
Hugo Vigliotti
Jean-Baptiste Chavignier
Takeru Coste
Loup Marcault-Derouard
Antonin Monié
Marius Rubio
Durée : 2hPalais Garnier – du 28 septembre au 06 novembre 2021
J’ai vu le spectacle, que j’ai beaucoup apprécié. Je ne dirais pas qu’il est vide et sans fond.
La première partie, consacrée aux jeux et à l’onirisme gratuit de l’enfance, est merveilleuse. Ici, absence d’intellectualisme ne veut en rien dire vacuité. On est au contraire encouragée à retrouvé ce qui nous emplissait de joie. C’est jouissif.
La deuxième partie, en revanche, est en, effet, assez caricaturale et binaire. Un peu longue aussi. Elle n’est pas pour autant à coté de la plaque, car elle donne à voir ce qui nous arrive un peu à tous, plus ou moins. Nous nous prenons souvent beaucoup trop au sérieux, et, chacun à sa manière, jouer un peu plus ne nous ferait pas de mal. C’est un message simple, mais pas simpliste.