Pippo Delbono est de retour en France. On l’avait quitté avec « La Menzogna » (le Mensonge), spectacle autour de la condition ouvrière. Il avait transformé la scène en cabaret. Il revient à un spectacle plus personnel, et donc plus émouvant. Dopo la Battaglia se déroule dans un univers fermé, une prison, un asile. « Pour ce spectacle j’ai pensé à un lieu vide, comme cette pièce vide, mémoire des horreurs passées, qui, cependant, portent encore les signes, les couleurs, les odeurs des prisons», explique le metteur en scène. L’espace scénique est encadré par trois murs sombres. Cela débute par une photo de famille, la famille de Delbono, avec au centre Bobò, personnage essentiel des spectacles du metteur en scène italien. Bobò de son vrain nom, Vincenzo Cannavacciuolo vit avec Pippo Delbono depuis 92. Le metteur en scène l’a sorti de son asile. Bobò est microcéphale, il est né accroché à son jumeau, mort à la naissance. Bobò traverse le spectacle à plusieurs reprises, déguisé en vieille femme veuve, en vieille marquise portant un drapeau italien, tirant un cochon habillé en moine bénédictin…
Dopo la Battaglia est la suite du cri de révolte de Delbono commencé depuis ses premiers spectacles. « Je suis comique, mais regardez autour de nous, je ne peux pas faire du théâtre léger », dit-il sur scène. Pourtant sa mère qu’il a filmé, lui demande d’être un peu plus drôle. Alors il se lâche un peu. Il invite les spectacles à danser. Et prévient avec provocation : « c’est la dernière fois que vous pourrez quitter la salle, après on ferme ». Du coup quelques spectateurs en profitent. « Les fous sont gentils, pas comme les déments dehors qui sont sortis ! » Sur le mur de fond de scène défilent des images tragiques : la guerre, la famine, des réfugiés africains accostent sur les côtes italiennes. La beauté des images de Delbono prennent le pas sur l’horreur de ces images d’actualité.
La mémoire de la chorégraphe Pina Bausch est aussi très présente dans le spectacle. Un comédien vient déposer un bouquet de fleurs rouges, hommage à certains de ses spectacles: « Les œillets », « Le laveur de vitres ». Des danseuses vêtues de rouge entourent alors Bobò, le cajolent, l’embrassent tendrement. Pippi Delbono nous a une nouvelle fois ému.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Dopo la Battaglia (Après la bataille)
conception et mise en scène Pippo Delbono
avec Dolly Albertin
Gianlucà Ballarè
Bobò
Pippo Delbono
Lucia della Ferrera
Ilaria Distante
Simone Goggiano
Mario Intruglio
Nelson Lariccia
Mariga Maggipinto
Julia Morawietz
Gianni Parenti
Pepe Robledo
Grazia Spinella
Marie-Agnès Gillot, danseuse étoile à l’Opéra de Paris, souffrante a du renoncer à sa participation au spectacle
musiques originales Alexander Balanescu
lumières Robert John Resteghini
scénographie Claude Santerre
costumes Antonella Cannarozzi
son Angelo Colonna
lumières et vidéo Orlando Bolognesi
régisseur général Gianlucà Bolla
régisseur Mattia Manna
habilleuse Elena Giampaoli
responsable production Alessandra Vinanti
organisation Christian Leblanc
production Emilia Romagna teatro Fondazione
coproduction Théâtre du Rond-Point / Le Rond-Point des tournées, Teatro di Roma,
Théâtre de la Place – Liège, Théâtre National de Bretagne
remerciements Teatro Pubblico Pugliese et la Cinémathèque Suisse
remerciements à Brigitte Lefèvre, directrice de la Danse de l’Opéra national de Paris
Dopo La Battaglia est présenté pour la première fois en France
durée : 2h
du 18 au 23 octobre 2011 Piccolo Teatra, Milan (Italie)
du 1er au 13 novembre 2011 Teatro Argentina, Rome (Italie)
17 – 29 janvier, 21h, dimanche, 15h – relâche les lundis – Théâtre du Rond-Point
les 21, 22 et 23 mars 2012 Centre Dramatique National de Normandie, Caen (14)
du 28 au 31 mars 2012 Théâtre National de Toulouse (31)
le 3 avril 2012 Centre Dramatique National Drôme-Ardèche, Valence (26)
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !