La compagnie La BaZooKa nous plonge dans une illusion d’optique magique grâce à huit fantômes danseurs. Ils nous entraînent dans un ballet tournoyant, qui fait écho à l’histoire de la danse.
Esprit es-tu là ? Sur la scène plongée dans une lumière violette, des fantômes surgissent. Ils traversent l’espace en flottant, laissant ondoyer leurs grands draps blancs presque fluorescents. Grâce à cette lumière noire, l’illusion est parfaite : on ne voit pas les jambes des danseurs et danseuses en dessous des costumes. Voilà l’idée facétieuse de La BaZooKa, compagnie portée par Sarah Crépin et Etienne Cuppens, qui distille depuis 2002 des fantasmagories à coups d’effets d’optique. Pillowgraphies ne fait pas exception à la règle. Grâce aux effets visuels et à la magie du mouvement dansé, huit interprètes déploient une fantasmagorie poétique, imprégnée de chorégraphies du passé.
Malgré la musique d’épouvante, les spectres de Pillowgraphies sont bien loin des stéréotypes du film d’horreur. Ces esprits farceurs s’appliquent à défiler en ligne, en levant les mains en face d’eux comme des somnambules, mimant à la perfection les gestes que l’on attend d’un fantôme, gommant les à-coups des pas pour donner l’illusion du flottement. Et si l’on ne voit pas les visages ou les membres des interprètes, la qualité expressive de leurs gestes parvient à transcrire sans ambiguïté les émotions et les intentions des créatures, leurs surprises, leur tristesse et leur empressement, faisant cohabiter danse et théâtre dans un jeu de pantomime.
Si les effets d’optique convoqués font écho au spiritisme au XIXe siècle, lié à l’essor de la photographie, des effets spéciaux et des illusions d’optique au cinéma et au théâtre, Pillowgraphies raconte surtout une histoire de la danse. Plus que des revenants, ces cousins de Casper forment un corps de ballet. Ils tournoient, sautent, se lancent dans des diagonales, jusqu’à reprendre la danse de l’élu du Boléro de Maurice Béjart, où un danseur se tient au milieu d’un cercle formé par d’autres. Puis, la lumière se rallume et les interprètes ôtent leurs costumes, révélant leurs visages et des ensembles noirs moulants. Le temps de cette séquence, ils montrent l’envers du décor, reprenant les mêmes mouvements que dans l’obscurité. On comprend alors que d’autres spectres hantent cette chorégraphie : l’élan de l’Américaine Trisha Brown et les tracés ciselés du Français Dominique Bagouet. La danse a souvent cherché l’envol, avec légèreté dans le ballet La Sylphide de Filippo Taglioni, ou avec ardeur à travers les sauts explosifs de Vaslav Nijinski. Avec ses fantômes, La BaZooKa propose une autre manière de défier la gravité.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Pillowgraphies
Conception La BaZooKa
Chorégraphie Sarah Crépin, en collaboration avec les danseurs
Mise en scène Etienne Cuppens
Avec, en alternance, Yann Cardin, Sarah Crépin, Aurore Di Bianco, Flore Khoury, Claire Laureau-Renault, Sakiko Oishi, Matthieu Patarozzi, Marie Rual, Léa Scher, Taya Skorokhodova, Julien-Henri Vu Van Dung
Lumières Max Sautai, Christophe Olivier
Costumes Salina Dumay, Elsa Gérant
Musiques Maurice Ravel, Bernard Herrmann, Jacques OffenbachProduction La BaZooKa
Coproduction Dieppe Scène Nationale, Le Volcan – Scène Nationale du Havre, Centre Chorégraphique National – Ballet de Lorraine (accueil studio) , L’Arc – Scène Nationale Le Creusot, Théâtre de l’Arsenal scène conventionnée « Art en territoire pour la danse » – Val-de-Reuil
Accueil en résidence Dieppe Scène Nationale, Le Volcan – Scène Nationale du Havre, Centre Chorégraphique National – Ballet de Lorraine, Théâtre de l’Arsenal scène conventionnée « Art en territoire pour la danse » – Val-de-Reuil, Le Siroco – St Romain de Colbosc
Soutien ADAMILa BaZooKa est conventionnée pour l’ensemble de son projet artistique avec le ministère de la Culture – DRAC Normandie, la Ville du Havre et la Région Normandie. Elle a reçu une aide au projet du département de Seine-Maritime pour Pillowgraphies en 2016, et un soutien de l’ODIA Normandie – Office de Diffusion et d’Information Artistique pour la tournée du spectacle au Théâtre Paris Villette en 2018.
Durée : 50 minutes
Festival Off d’Avignon 2024
La Scierie
du 3 au 21 juillet (relâche les 8 et 15), à 13h10Théâtre d’Orléans
les 14 et 15 janvier 2025Théâtre Le Rive-Gauche, Saint-Etienne-du-Rouvray
le 17 janvier
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