C’est l’une des pièces les plus joyeuses de Labiche. La version donnée au Théâtre Ephémère de la Comédie-Française est portée par le jeune pensionnaire Pierre Niney qui trouve ici son premier grand rôle. Il est bondissant et fait oublier nos petites réserves sur le spectacle.
Deux versions de la pièce de Labiche sont proposées en ce moment à Paris. Il y a celle de Gilles Bouillon créée à Tours et jouée à la Tempête puis en tournée et celle de la Comédie-Française dans la mise en scène de Giorgio Barberio Corsetti. Les deux approches sont semblables. Les metteurs en scène ont tout misé sur la qualité de la troupe. Ils ont trouvé un formidable acteur pour incarner Fadinard (c’est Frédéric Cherboeuf chez Gilles Bouillon) sur qui repose toute l’action de ce vaudeville qui se regarde comme un road-movie. Le jour de son mariage, Fadinard est contraint de réparer la bêtise de son cheval qui a mangé le chapeau de paille de Mme Beauperthuis. C’est alors une course contre la montre qui se met en marche pour retrouver la copie du chapeau.
Fadinard, c’est un petit lutin bondissant. Et dans ce rôle, Pierre Niney, pensionnaire depuis deux ans est formidable. Il tient la pièce de bout en bout. Giorgio Barberio Corsetti le fait courir, sauter, et lui avec une aisance naturelle, il emporte tout le monde dans un savoureux tourbillon.
Le metteur en scène italien a placé l’action de la pièce dans les années 70 avec de très beaux costumes de Renato Bianchi ( les pantalons pattes d’eph sont ainsi remis au goût du jour et Pierre Niney fait parfois penser à John Travolta dans Saturay Nigth Fever !) Comme dans la version de Gilles Bouillon, Giorgio Barberio Corsetti a fait composer une musique originale. Les chansons d’Hervé Legeay nous font voyager dans l’univers du Rockabilly jusqu’au confins du jazz manouche. Une très belle partition musicale malheureusement massacrée par un dispositif technique qui n’est pas à la hauteur. Les voix sont sourdes et couvertes par les instruments, on ne comprend pas les paroles. Quand à l’univers scénique de Giorgio Barberio Corsetti, il manque parfois de cohérence et l’action se dilue un peu trop sur l’immense scène du Théâtre Ephémère. Le spectacle est enfin malheureusement coupé par un entracte totalement inapproprié. Il rompt l’élan de l’action. Du coup le 4ème acte chez Mr Beauperthuis manque de piment. La pièce a du mal à redémarrer. Il reste le bonheur de retrouver des comédiens que l’on aime : Danièle Lebrun en Baronne de Champigny, Christian Hecq en Nonancourt (on attend désormais de le voir dans un autre registre, moins comique) et Elliot Janicot qui semble libéré du poids de l’institution dans son rôle d’Achille de Rosalba. Mais au bout du compte, la version de Gilles Bouillon est beaucoup plus cohérente et aboutie.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Un chapeau de paille d’Italie
Comédie en cinq actes d’Eugène Labiche et Marc-Michelmise en scène de Giorgio Barberio CorsettiAvecVéronique Vella, Anaïs, femme de Beauperthuis
Coraly Zahonero, Clara, la modisteJérôme Pouly, Beauperthuis (en alternance)Laurent Natrella, Émile Tavernier, lieutenantLéonie Simaga, Virginie, bonne chez Beauperthuis
Nicolas Lormeau, Tardiveau, teneur de livres
Gilles David, Vézinet, sourd
Christian Hecq, Nonancourt, pépiniériste
Nâzim Boudjenah, Beauperthuis (en alternance)
Félicien Juttner, Bobin, neveu de Nonancourt
Pierre Niney, Fadinard, rentier
Adeline d’Hermy, Hélène, fille de Nonancourt
Danièle Lebrun, la Baronne de Champigny
Elliot Jenicot, Achille de Rosalba, jeune lion
Louis Arene, Félix, domestique de Fadinard
Et les élèves-comédiens de la Comédie-Française,
Laurent Cogez, Carine Goron, Lucas Hérault, Blaise Pettebone, Nelly Pulicani, Maxime Taffanel, la Noce
Et les musiciens, Christophe Cravero, violon, batterie, guitare, piano, Hervé Legeay, guitares, et Hervé Pouliquen,
guitares, basse, cavaquinho
Scénographie, Giorgio Barberio Corsetti et Massimo Troncanetti
Costumes, Renato Bianchi
Musique originale, direction musicale et direction des chants, Hervé Legeay
Lumières, Fabrice Kebour
Maquillages, Carole Anquetil
Assistante à la mise en scène, Raquel Silva
Avec le soutien d’Air France
Nouvelle mise en scène
en alternance du 31 octobre 2012 au 7 janvier 2013
Représentations au Théâtre éphémère, matinée à 14h, soirées à 20h30
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