Le Théâtre de la Porte Saint-Martin offre une nouvelle mise en scène de Tartuffe par Peter Stein avec un duo Pierre Arditi-Jacques Weber qui mouille chemise. Un spectacle classique mais avec de belles surprises dans la distribution.
Le décor de Ferdinand Woegerbauer est impressionnant. La demeure d’Orgon se déploie sur deux niveaux. L’intérieur est dépouillé et clinique. Les murs sont blancs. L’atmosphère est ascétique à l’image de la dévotion du maître des lieux. Peter Stein place l’action de la pièce à La Belle Epoque (il y a d’ailleurs de très beaux meubles sur le plateau dans le style Art Nouveau). L’optimisme et l’insouciance tranchent avec la vie austère d’Orgon. Le spectacle s’ouvre d’ailleurs par un bal. On danse aussi bien sur du Lully que sur des airs de bal musette.
Cette version de Tartuffe tient surtout par la présence de deux très grands comédiens. C’est un événement en soi. Et les deux bêtes de scène tiennent leur rang. Jacques Weber est attendrissant quand il évoque Tartuffe, minaudant presque. C’est un Orgon vigoureux, une boule de nerfs contenue mais qui finira par se prosterner à quatre pattes derrière son Tartuffe. Pierre Arditi fait œuvre de pénitence, il se flagelle le dos pour expier ses péchés. Son œil rieur et narquois pétille dès que son regard jette son dévolu dans les seins des dames de la maisonnée. Un petit air coquin qui lui va à ravir. “Je ne suis pas un ange” écrit Molière.
On retrouve avec plaisir dans cette distribution Marion Malenfant dans le rôle de Marianne, Isabelle Gélinas dans celui d’Elmire. Et on redécouvre la pétulante Manon Combes dans celui de Dorine, celle qui n’a peur de rien et qui s’oppose à Orgon. Peter Stein l’avait déjà dirigée dans le Labiche à l’Odéon. Elle explose littéralement et fait de Dorine, l’un des rôles principaux de cette version.
Peter Stein fait entrer le Roi Soleil dans la dernière scène de l’acte V. Le prince rétablit l’injustice et remet de l’ordre dans la maison. C’est alors que Tartuffe est jeté en prison. Pierre Arditi s’envole alors dans l’airs, dernière scène surprise de cette production tirée au cordeau, pas révolutionnaire, mais fidèle à l’œuvre de Molière.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Tartuffe
Une comédie de Molière
Mise en scène Peter Stein
Avec Pierre Arditi, Jacques Weber, Isabelle Gelinas, Agathe Bonitzer, Manon Combes, Catherine Ferran, Bernard Gabay, Félicien Juttner, Jean-Baptiste Malartre, Loïc Mobihan, Luc Tremblais
Décors Ferdinand Woegerbauer. Costumes Anna Maria Heinreich. Lumières François Menou.
Durée: 1h45Théâtre de la Porte Saint-Martin
À partir du 14 septembre 2018
Du mardi au vendredi 20h.
Samedi 20h30.
Dimanche 16h.
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !